8

88 12 80
                                    

Qu'est-ce que c'est que... ça ?!

Je marchais dans les couloirs sombres du QG depuis quelques minutes, escortée par Dark Vador, et j'étais en train de me demander s'il n'était pas en train de m'amener à Hades ou à un démon à qui vendre mon âme, quand soudain nous avons débouché sur une pièce nimbée de lumière, entièrement blanche.
Pour la deuxième fois de la journée, je me suis dit que j'allais mourir. Non, en fait, je pensais être déjà morte.
Voilà à peu près ce à quoi ressemblait l'intérieur de ma tête à ce moment-là : « Ça y est, c'est la fin. Il m'a entendue chanter et il m'a achevée, j'ai rêvé tout ce labyrinthe de couloirs dans lesquels il m'a emmenée, en fait je suis morte, il m'a tuée dans la chambre dès que la porte s'est ouverte, ensuite j'ai rêvé dans mon agonie que je traversais un dédale d'allées au sein du repaire, et maintenant c'est la fameuse lumière blanche, celle vers laquelle il ne faut surtout pas aller, parce que sinon, c'est la mort, oh, mon dieu, donc ça y est, je suis vraiment morte, enfin, non, mais je vais mourir, mais non, je ne veux pas- AÏE !! ». Là, c'est la partie où le Traqueur m'a poussée violemment en avant pour entrer dans la salle. J'ai donc compris à la vive douleur que j'ai ressentie (je vous avais dit que j'étais aussi résistante qu'une brindille) que je n'étais pas morte. Mais franchement, de vous à moi, j'aurais préféré.
Parce que maintenant, je suis en face d'un fauteuil entourée de... de trucs tous plus flippants les uns que les autres.

On dirait vraiment un appareil de torture tout droit sorti d'un film de science-fiction (bizarrement, je n'ai pas d'exemple de films qui me vient à l'esprit. Ça doit être à cause de la peur. Je préfère ne pas penser aux différentes tortures que j'ai pu voir dans les films de science-fiction qui m'attendent sûrement).
Pas le temps de m'attarder, Dark Vador m'arrache à ma contemplation pour me pousser une fois de plus. Je me retiens de lui balancer un flot d'injures.

- Avance.

Il n'est décidément pas loquace. Ça me change de Jojo qui ne me laissait pas en placer une.
J'obéis aux ordres du Traqueur et j'avance à reculons vers le fauteuil.

- Assieds-toi.

Une fois assise, il me force à caler ma tête contre le fauteuil. La panique monte petit à petit. Si je faisais un infarctus, je ne serais pas surprise.
Ah, je sais quoi faire pour me détendre ! Je me chante une chanson (mentalement, bien sûr. Je suis rebelle, mais pas suicidaire).
Young man! there's no need to feel down,
I said young man! pick yourself off the ground,
I said young man! 'cause you're in a new town,
There's no need to be unhappy...
Ça me détend. Un peu.

- Ne bouge pas, quelqu'un va venir pour s'occuper de toi.

Oh, je n'aime pas beaucoup ça. Quand les méchants dans les films disent « quelqu'un va venir pour s'occuper de toi », ça n'augure jamais rien de bon.
J'angoisse pour de bon, et le YMCA ne peut rien faire pour me calmer. Aucune chanson ne le peut.
Heureusement (ou malheureusement, je ne sais pas encore), mon anxiété n'a pas le temps de durer, car la porte s'ouvre pour laisser entrer... un tout petit monsieur. Totalement chauve mais pourvu d'une moustache grise bien garnie, il ressemble aux professeurs maléfiques des histoires pas pour enfants. Et évidemment, il a les lunettes rondes opaques et épaisses de plusieurs centimètres qui ne laissent absolument pas voir ses yeux. L'archétype du savant fou. Ce qui n'est pas pour me rassurer. C'est lui, le quelqu'un qui va s'occuper de moi ?

- Bonjour. Tu dois être Melody, notre nouvelle recrue.

J'aimerais bien répondre pour qu'il comprenne que, à défaut d'avoir l'air rassurée et confiante, je suis au moins douée de parole, mais aucun son ne veut sortir.
Je suis carrément terrorisée.
Ce type ne m'inspire pas, mais alors pas du tout confiance. Il me glace le sang.
Ne vous laissez pas abuser par la taille des gens. Les plus petits peuvent être les plus dangereux, comme les plus grands peuvent être les plus gentils (instantanément, l'image du visage hilare de Jojo me vient à l'esprit. Si seulement il était là... j'aurais sûrement un peu moins peur). Et je suis persuadée que ce mini professeur est tout sauf inoffensif.

- Je suis le professeur Croix. C'est moi qui prends en charge ton entraînement, et celui de tous nos apprentis Traqueurs.

Je me retiens de le corriger, en disant Dark Vador à la place de Traqueurs.

- Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici, et nous ne te voulons aucun mal.

Le seul son que je parviens enfin à produire est un « ah » on ne peut plus déprimé.
Le professeur me regarde d'un air qui veut tout dire. Il doit me prendre pour une imbécile.

- Je t'explique en quelques mots le principe de l'entraînement. C'est très simple, et tu n'as presque rien à faire.

Je ne sais pas si le fait que je sois inactive me rassure ou non.

- On va tout simplement développer au maximum tes capacités physiques et intellectuelles. L'ouïe, la vue, la force et l'intelligence. Quatre choses qu'il convient de maîtriser parfaitement si tu veux faire partie des meilleurs Traqueurs.

Non, non, non, je suis satisfaite de mes capacités actuelles, pas besoin de les développer.
La conversation (ou plutôt, le monologue du professeur Croix) s'éternise et ça ne me plaît pas.

- Je t'expliquerai plus tard les détails de l'entraînement.

Ce n'est pas nécessaire. Je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce qui m'attend les prochains jours, voire les prochaines semaines (je suis parfaitement consciente qu'un processus de développement des capacités d'un être humain dure plusieurs mois, mais je ne compte pas m'éterniser ici).

- Mais avant tout, je dois vérifier quelque chose.

Oh-oh.

- J'ai besoin de savoir si tu es digne de confiance.

Oh-oh bis.

- Est-ce que tu aimes la musique ?

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant