Avant Goût
Je ne sais pas comment je parviens à conduire jusqu'à Malibu, mais j'y arrive. Quand je me gare sur l'allée de la maison d'Evelyn, je vois à peine à travers mes larmes.
– Bon Dieu, la Texane ! dit-elle en ouvrant la porte. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
– Il m'a quittée... Je hoquette entre deux sanglots. Il croit qu'il me protège en me plaquant.
– Quel imbécile... dit-elle. Je me fiche que tout le monde dise que c'est un foutu génie, mais il a merdé, là. C'est clair. Mes pleurs redoublent en l'entendant. Allez, entre, ma fille.
– Blaine est là ?
– Dans l'atelier, dit-elle. Tu peux y aller et pleurer autant que tu veux.
– Je n'ai pas envie de pleurer. Je veux qu'il revienne. Il est tellement convaincu de bien agir.
– De quoi veut-il te protéger ? demande-t-elle en me conduisant à la cuisine et en me faisant asseoir à la table.
– Des paparazzi.
– Pfff ! Qu'ils aillent se faire foutre...
– J'aimerais que ce soit aussi facile de les chasser. Blaine ne t'a rien dit ?
– De quoi ?
Je ne veux pas m'embarquer là-dedans, mais j'ai besoin d'aide. Et elle doit comprendre pourquoi Harry est parti. Pourquoi il croit devoir me quitter.
– J'ai des cicatrices, dis-je finalement. Elle acquiesce lentement.
– Il y en a une sur le tableau. Sur ta hanche. On dirait qu'il y en a aussi sur ta cuisse, mais on ne voit pas bien à cause de l'ombre. Qui t'a fait du mal, alors, la Texane ?
– C'est moi qui me suis fait du mal...
Je laisse ma phrase en suspens et je guette mes larmes, mais rien ne vient. Je ne sais pas si c'est moi ou Evelyne, mais c'est plus facile de parler, maintenant. Non, ce n'est pas vrai. Je le sais. C'est moi. Harry m'a aidée à changer la manière dont je considère mes défauts. Je grimace. Je le maudis de m'avoir quittée.
– Harry pense que tu vas recommencer à te taillader ?
– Oui, je réponds, soulagée qu'elle aille droit au but. Je n'ai rien fait de ce genre depuis que je suis à Los Angeles. Mais j'ai failli.
– Les paparazzi ? demande-t-elle en posant devant moi un verre d'eau dont je bois une gorgée.
– Et tout ce cirque autour du tableau. Ça m'a... ça m'a déstabilisée.
– Tu penses ! Ce genre de saloperie déstabiliserait n'importe qui.
– À présent, la presse raconte que je couche avec un assassin, et Harry s'imagine...
– Qu'il doit se comporter en héros et partir. Quel imbécile, ce garçon. Vous n'êtes pas censés jouer une tragédie.
– Fais-moi confiance, dis-je avec ironie, je ne raffole pas non plus de ce changement de dernière minute dans le scénario. Qu'est-ce que je peux faire, alors ?
– Te bouger les fesses et aller le chercher en Allemagne.
– Mais il me renverra. Il croit bien faire. Je dois lui prouver que je suis capable de gérer la situation, mais comment ? Il ne suffit pas que je reste sage sans me taillader pendant un an et que je lui dise « Tu vois ? J'ai réussi ! ». Comment lui prouver tout de suite que tout ira bien ?
– Ah, là, tu as sonné à la bonne porte ! Parce que c'est exactement le genre de saloperie qu'on gère quand on vit à Hollywood. Il faut simplement que tu lances la presse sur une autre piste.
– Je ne te suis pas.
– Ils s'intéressent à toi parce que tu leur fournis matière à articles. Supprime la matière.
J'essaie de comprendre. Soudain, tout se met en place. Je me lève d'un bond et lui saute au cou.
– Tu es géniale.
– À qui le dis-tu ! Pourquoi tu crois que je suis une légende, ici ?
– Tu connais quelqu'un qui peut s'occuper de la presse ?
– Laisse-moi faire, dit-elle avec un immense sourire.
Je suis émerveillée de la voir se mettre à la tâche. Et deux heures ne se sont pas écoulées que tout est prêt pour la toute première conférence de presse de ma vie.
– Et ce qui rend tout cela vraiment unique, s'esclaffe Evelyn, c'est que tout ce que tu vas dire est complètement vrai !
Je passe l'heure suivante à mettre mes idées en forme. Grâce à l'obsession de ma mère pour les concours de beauté, je n'ai pas de problème pour parler devant une caméra, mais j'espère que je serai claire et qu'on pourra me citer abondamment. Quand l'équipe de tournage arrive enfin, je suis prête.
– Pas de regrets, la Texane ? demande Evelyn.
– Je ne vois pas d'autre solution pour le faire revenir, dis-je. Et puis, surtout, je dois le faire pour moi.
– Parfait. Alors, allons-y. On va te rendre encore plus célèbre.
J'éclate de rire, mais je dois reconnaître qu'elle a probablement raison. Je dois aussi me l'avouer : ça ne va peut-être pas marcher, mais ça n'a pas d'importance. Une seule chose compte, que la princesse terrasse le dragon au lieu de se réfugier dans sa tour.
L'équipe se compose d'un cameraman, d'une journaliste et d'un producteur. Comme ça ne m'intéresse pas d'être interviewée, la journaliste déclare qu'elle enregistrera le lancement plus tard en studio. Ils sont là pour moi et je peux prendre mon temps. Je me place sous l'éclairage, j'attends que le cameraman me fasse signe, et je me jette à l'eau.
« Je m'appelle Nikki Fairchild, et j'ai récemment accepté un million de dollars pour servir de modèle à un tableau de nu peint par Blaine. La peinture achevée est maintenant accrochée dans la maison de Harry Styles à Malibu, et c'est une ½uvre d'art exceptionnelle, à la fois érotique et de bon goût. Mon visage n'y est pas visible. Je marque une pause pour rassembler mes idées. La journaliste m'encourage d'un signe de tête, et je souris. Nous n'avons échangé que quelques mots, mais je l'aime bien. J'ai accepté de poser et d'être payée un million de dollars parce que j'avais besoin de cet argent. La somme est intacte et ne sera dépensée que lorsque je serai prête. Mais j'ai également tenu à ce que l'accord soit confidentiel et qu'à l'exception du peintre et de M. Styles, personne ne sache que c'était moi sur ce tableau. J'ignore comment, mais mon identité a été révélée, et M. Styles et moi-même avons été harcelés en permanence par des photographes qui n'ont apparemment rien de mieux à faire. À la vérité, j'ai des regrets à présent. En disant cela, je me demande si Harry verra cet enregistrement. Je continue cependant. Pas à propos de la peinture, ni de l'argent. Non, je regrette d'avoir demandé à M. Styles et à Blaine de garder le secret sur mon identité. J'avoue qu'il y a un certain temps j'avais honte de mon physique, mais cette époque est révolue. Je trouve le portrait éblouissant. Et j'estime que le salaire était juste. En même temps, quel est le juste salaire pour servir de modèle ? Si M. Styles m'avait payée dix dollars, la presse m'aurait-elle traitée de traînée bon marché ? Je jette un regard à Evelyn, qui sourit. En toute franchise, je crois qu'il a fait une bonne affaire. S'il veut un deuxième tableau, il devra me payer deux millions. Au moins. La journaliste continue de m'encourager silencieusement. Depuis ce matin, les rumeurs me concernant ont changé. Apparemment, je serais maintenant une femme qui coucherait avec un meurtrier pour faire son chemin. Réfléchissons à la question. Est- ce que je couche avec Harry Styles ? Oui. Et j'en suis heureuse, mais pas pour avancer dans la vie. Au contraire, je suis honorée qu'il ait envie que je sois dans sa vie et dans son lit. Je me rends brusquement compte que je ne suis pas du tout mal à l'aise. Je me sens forte. Mes paroles me semblent justes. Quant à l'allégation de meurtre à l'encontre de Harry Styles, je peux seulement dire que je n'y crois pas. Les preuves permettront son acquittement. Mais si par quelque affreuse méprise il était inculpé, cela n'y changerait rien, je ne le quitterai pas. Je prends une profonde inspiration et attaque la conclusion. Comme je n'ai pas l'intention de faire d'autre déclaration à la presse, j'ajouterai une dernière chose. Je suis amoureuse de Harry Styles, et je pars pour l'Allemagne dans une heure pour le soutenir durant son procès. C'est un innocent que l'on accuse à tort. Merci. »******
Voici l'avant goût du Tome 3, en espérant qu'il vous plaise autant que les deux précédents !
Beaucoup ont insisté pour que je poste la suite donc la voici :)
Le premier chapitre dès que je peux mes amours !
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Trilogie Styles [Tome 3]
Romance'Beau, fort et dominateur, Harry Styles remplit un vide en moi qu'aucun autre homme ne peut combler. Ses désirs me poussent au-delà de mes limites et libèrent en moi une passion qui nous consume tous deux. Pourtant, derrière son besoin de dominance...