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Il est tard quand nous rentrons du bar, mais impossible de résister à l'air frais de la nuit et au patio dallé de pierres de Harry. Il donne sur une pelouse impeccablement tondue qui descend jusqu'à un ponton privé sur le lac. Le ciel est limpide, et la pleine lune éclaire les voiles et les coques des bateaux parsemant les rives, ajoutant des touches de couleur pastel à ce tableau gris.

Jamie se laisse immédiatement tomber sur le vaste divan. Elle qui avait demandé une boisson amusante, flotte dans les vapeurs de la vodka parfumée à la chantilly qui lui a été servie au bar. Je jette un coup d'œil à Harry, puis je vais dans la maison chercher de l'eau pétillante pour nous trois. Quand je reviens, Jamie fredonne en contemplant les étoiles, sous le regard effaré de Harry assis sur la banquette voisine.

– Ne t'inquiète pas, elle a l'habitude, je lui explique.

Jamie sourit.

– Je suis en pleine forme, dit-elle en dodelinant de la tête. C'est tellement génial. Vous êtes tous tellement géniaux. Elle se redresse sur un coude. On devrait sortir en boîte.

– Excellente idée, dit Harry, que je regarde, médusée. Mais j'en ai une meilleure encore. Et si on restait ici ?

– Oui, oui, acquiesce-t-elle. Elle se retourne vers moi. Ce qu'il est intelligent ! Et tellement beau gosse.

– Je sais, dis-je, mi-gênée mi-amusée.

– Je suis sûre que je pourrais te lessiver au poker, ajoute-t-elle à Harry.

– Qui suis-je pour refuser un pareil défi ? fait-il en souriant.

– Elle se défend, je l'avertis. Ollie, elle et moi passions des soirées entières à jouer au poker. Évidemment, elle est meilleure quand elle n'a pas bu.

– Peut-être que je ne suis pas pompette du tout, dit Jamie avec un sourire de travers. Peut-être que je vous fais un gros coup de bluff.

Après quatre tours, on dirait bien que Jamie a l'esprit tout à fait clair. Je perds dramatiquement, Harry ne s'en sort pas tellement mieux, et mon amie a un énorme tas de jetons devant elle.

– Il vaudrait mieux que tu le saches, toutes mes illusions ont volé en éclats, dis-je à Harry. Je ne suis pas sûre de pouvoir rester avec un homme qui perd au poker.

– Mais je perds avec tant de charme... sourit-il.

– Je suis juste stupéfiante, dit Jamie d'un air désolé. N'allez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.

Harry se renverse en arrière sur la petite banquette que nous partageons lui et moi, les jambes étendues devant lui et ses cartes posées à l'envers sur la petite table en verre.

– Vous êtes toutes les deux conscientes que le poker est un jeu qui évolue avec le temps. Il ne se limite pas à quelques tours.

Jamie et moi échangeons un regard, puis elle se tourne vers lui.

– En d'autres termes, tu tâtais le terrain avec moi.

– J'espère bien que non, dis-je d'un ton pincé.

Nous éclatons de rire, mais Jamie jette ses cartes et s'étale sur sa chaise longue.

– Oui, ben, vous allez être bien avancés, parce que je crois que je vais faire un somme.

J'attends la suite, mais je n'entends plus qu'un petit ronflement.

– Jamie ? dis-je bêtement.

– Elle est dans les vapes, dit Harry.

– C'est la vodka-chantilly, dis-je. Ce truc est dangereux.

– Tu veux que je la porte à l'intérieur ?

J'envisage d'aller chercher une couverture et de la laisser dormir dehors, mais j'estime qu'elle sera mieux sur un matelas entre de vrais draps, et ça lui évitera le soleil en plein visage à la première heure demain matin.

– Tu peux la porter ?

– Elle est menue, dit-il. Je dois pouvoir y arriver.

Il la soulève sans peine et elle se blottit contre sa poitrine comme une petite fille. Je tiens la porte à Harry, et Jamie se réveille juste le temps de lui faire un sourire ensommeillé. Je m'attends à l'une de ses petites phrases pleines de sous-entendus, mais j'ai un pincement de cœur quand je l'entends murmurer :

– Tu es si gentil pour elle. Tu le sais, j'espère ?

– Elle me fait du bien, répond Harry, ce qui m'attendrit encore plus.

– C'est ce que je voulais dire.

Et elle retombe dans ses brumes de chantilly alcoolisée.

Avant de fermer la porte de la chambre, je reste sur le seuil à la regarder affectueusement. Jamie est peut-être un peu paumée, c'est quand même ma meilleure amie, et dans des moments comme celui- ci je me rappelle pourquoi.

– Alors, dites-moi, mademoiselle Fairchild, dit Harry tandis que je le suis dans la chambre principale. Quelle quantité de vodka-chantilly avez-vous bue, vous ?

– C'est trop sucré pour moi, j'avoue. Mais j'ai bu quelques verres de Macallan.

– Vraiment ? Ça peut faire monter l'addition très vite.

Je me rapproche de lui et sens aussitôt l'atmosphère s'alourdir de notre proximité.

– Eh bien, peut-être pouvez-vous rembourser au poker...

– C'est une intéressante gageure. Je propose une légère modification.

– Voilà qu'on négocie, monsieur Styles ?

– Toujours. Il fait un pas vers moi. Il est tout près, si près que mes seins frôleront sa poitrine si j'inspire un peu trop profondément. Il se penche pour approcher ses lèvres de mon oreille. Nous ne nous touchons toujours pas, mais son haleine me fait frissonner. Strip-poker, mademoiselle Fairchild ?

L'ardeur dans sa voix, ajoutée à son regard flamboyant, me fait déjà fondre. Mais il ne faut pas gâcher cette occasion trop délicieuse et je lui lance le même regard torride, avec un petit sourire quand je vois sa braguette gonfler. Il incline la tête de côté comme pour dire :


Oh, oui.

– Très bien, monsieur Styles, dis-je en gagnant notre chambre. Je m'arrête sur le seuil et me retourne en souriant. Préparez-vous à vous retrouver tout nu.

Mais c'était une menace en l'air : vingt minutes plus tard, j'ai perdu mes tongs, le petit pull que j'avais enfilé pour me protéger de la fraîcheur du lac, et mon T-shirt. Je n'ai plus qu'une petite jupe courte rose, un string mauve et un soutien-gorge à corbeille assorti, à la coupe si basse que mes tétons durcis pointent au-dessus de la dentelle bordant le minuscule balconnet.

Harry est toujours habillé.

– Tu es sûr que tu ne triches pas ? je demande.

– Par principe, non. Pour pouvoir te voir nue, j'en serais douloureusement tenté.

– Ah ! je m'exclame en pointant un index accusateur.

– Dieu merci, vos excès d'alcool m'ont évité d'avoir à le faire, rit-il. Vous n'êtes pas au mieux de votre forme, mademoiselle Fairchild.

– Avez-vous envisagé que je pourrais jouer la comédie ?

– Vraiment ? Eh bien, voilà qui est intéressant. Montrez-moi ce que vous avez en main.

Je pose mes cartes, toute contente de moi.

– Une paire de rois et un as.

– Pas mal, dit-il. Dommage que j'aie les trois autres as.

– Ce n'est pas vrai.

Mais il pose ses cartes et, bizarrement, je me retrouve devant deux as rouges et un noir.

– Et on enlève, dit-il. Je m'apprête à dégrafer le soutien-gorge. Oh, non, proteste-t-il avec un petit geste de l'index pour que je me retourne. La jupe. Je vais m'occuper de la fermeture Éclair. Je fais la grimace, mais j'obéis et me tourne. Il pose une main sur ma taille. De l'autre, il tire lentement sur la fermeture. Debout, ordonne-t-il. Je me lève, puis je ferme les yeux et m'efforce de ne pas trembler pendant qu'il fait lentement glisser la jupe en frôlant du bout des doigts chaque centimètre de peau nue qu'il découvre. Et voilà, conclut-il tandis que j'enjambe la jupe tombée à terre et me retourne pour m'asseoir.

À présent, je ne porte que le minuscule soutien-gorge et l'encore plus minuscule string. Il fait frais dans la pièce – nous avons ouvert la porte sur le patio –, mais je suis brûlante.

– À vous de donner, dis-je.

J'essaie de maîtriser ma respiration, car à chaque souffle mes seins qui montent et descendent frôlent la dentelle et cette sensation me rend folle. Le frottement excitant me fait penser aux dents de Harry qui me mordillent, à ses lèvres qui me tètent et à la chaleur de ses paumes sur mes seins. Et à l'insistance de son sexe lorsqu'il se colle à moi.

– Nikki ?

– Quoi ?

Je relève brusquement la tête et reviens à la réalité. À voir le regard de Harry, je crois qu'il sait exactement à quoi je pensais.

– Tes cartes.

Je baisse les yeux et me rends compte qu'il les a déjà distribuées.

– Ah oui... Je vois le coin de sa bouche se relever. Quoi ?

– Je n'ai rien dit. Mais si j'avais parlé, je t'aurais probablement demandé de bouger.

– Bouger ?

Je suis assise sur mes talons, genoux et cuisses serrés.

– Sur les fesses. Jambes croisées.

– Je... Pourquoi ?

– Parce que je veux te voir.

– C'est dans les règles du jeu, monsieur Styles ?

– Désormais, oui. Je veux voir combien tu mouilles. Je veux savoir à quel point tu t'es excitée d'être assise ici, en face de moi, pendant que tu perds un par un tes vêtements et que tu es de plus en plus ouverte. Et tout en sachant que bientôt, très bientôt, je vais m'enfoncer en toi.

– Oh !

Mon cœur bat plus fort et je suis sûre qu'il s'en aperçoit.

– Maintenant, Nikki, dit-il. Tu connais les règles.

– Est-ce un ordre, monsieur Styles ?

Trilogie Styles [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant