Je lâche la main de Harry et m'engouffre dans la petite chambre de Jamie au troisième étage de l'hôpital de San Bernardino, puis je soupire de soulagement en la voyant assise dans son lit et regardant la télévision. Elle a une vilaine ecchymose à la joue gauche, et un pansement sur le front. En dehors de cela, elle semble indemne et, pour la première fois depuis l'appel de Sylvia, je respire à nouveau. – Pardon ! s'écrie-t-elle en nous voyant. Je suis vraiment, vraiment désolée.
– Mais tu vas bien ?
Grâce à l'hélicoptère de Harry, il ne nous a pas fallu longtemps pour arriver, mais j'ai tout de même passé le temps du vol à imaginer le pire. Je me précipite à son chevet et frémis en voyant le bleu qui dépasse d'une manche de sa chemise de nuit.– Je suis sonnée, mais ça va. Vraiment. Mais... je veux dire... Oh, merde ! Elle regarde Harry. Oh, mon Dieu, Harry. La Ferrari, je l'ai rétamée. J'ai complètement merdé.– Tu n'es pas grièvement blessée, dit-il en venant me rejoindre et en prenant ma main d'un côté et la sienne de l'autre. C'est tout ce qui importe.
– L'autre conducteur n'a rien ? je demande.
– Il n'y avait que moi, gémit-elle, désolée. Je suis vraiment trop nulle.
– Mais non, voyons, et tu le sais bien, je réponds en retenant mes larmes. C'était un accident.
Elle secoue la tête et évite de me regarder. Je me rembrunis et jette un regard à Harry, apparemment aussi soucieux que moi. – Alors, dis-moi ce qui s'est passé ? je demande gentiment.
Je m'assieds sur le bord du lit et Harry approche un fauteuil. Je mets un pied sur l'assise près de sa jambe et il pose sa main sur ma cheville, juste sous le bracelet de platine et d'émeraudes. Je me concentre sur le contact de ses doigts, reconnaissante de sentir sa force et terriblement soulagée qu'il soit ici avec moi. Jamie renifle et s'essuie le nez d'un revers de main.– Je suis allée faire la tournée des bars. C'est vrai, quoi ! J'avais une putain de bagnole, alors pourquoi pas, hein ? J'ai rencontré un mec super sexy. Elle regarde Harry et hausse les épaules d'un air d'excuse. – Veux-tu que je sorte ?
– Mais non ! dit-elle en ouvrant de grands yeux. Enfin, tu as le droit de savoir comment j'ai rétamé ta voiture. Et on ne peut pas dire que ma réputation ne me précède pas, hein ?
Avec sagesse, Harry s'abstient de répondre.
– Continue, je souffle.
– Eh bien, il y avait des étincelles, tu vois ? Et je n'avais baisé avec personne depuis Raine, à part une fois avec Douglas, dit-elle, faisant allusion à notre queutard de voisin. Je le jure ! dit-elle, levant la main en signe de serment, j'avais presque fait vœu de chasteté pendant que vous étiez en Allemagne. Quoi qu'il en soit, il voulait se faire déposer chez lui, et j'étais contente de lui rendre service, évidemment. Là, ça a été génial. Et après aussi, ajoute-t-elle en regardant Harry.Je comprends. Et je pense que Harry aussi a compris. Elle a baisé avec le mec. Un parfait inconnu. Mais ce n'est pas le meilleur moment pour la sermonner, alors je ravale mes réprimandes. – Continue...
– Je suis allongée, tu vois. C'est sympa. Il est sympa. Enfin, du moins, c'est ce que je crois. Jusqu'au moment où un réveil sonne sur la table de chevet. Et là il se lève et commence à enfiler ses fringues. Je croise le regard de Harry. Je n'aime pas le tour que prend le récit, et je sais déjà que ça va mal finir. Je lui demande pourquoi il se rhabille et il me répond de me grouiller. Parce que sa femme... sa foutue femme va bientôt rentrer et qu'il faut que je fiche le camp d'ici.
– Oh, Jamie...
– Je sais, je sais. Crois-moi, je sais. Mais sur le moment, j'ai juste été furieuse. Et j'ai eu la trouille, parce qu'il m'annonce que sa femme est flic. Non, mais vraiment, c'est pire que dans un film. Elle respire un bon coup. Je me dépêche donc. Et lui me dit de me presser, c'est devenu le roi des connards. Et je te jure que si sa femme n'avait pas été quelqu'un qui porte une arme, je serais restée et je lui aurais raconté que son enfoiré de bonhomme baisait à droite à gauche. Mais je n'ai pas très envie de me prendre une balle, et il est carrément en train de me hurler dessus.
– Et c'est l'épouse qui a causé l'accident, alors ?
– En dehors du fait qu'elle rentrait et qu'elle m'a flanqué la trouille de ma vie ? Non. Mais je pars de chez lui, je descends la rue et je quitte le quartier pour gagner la route principale. Je suis distraite, et je roule plus vite que je le devrais et... oh, Harry, je suis tellement désolée. Mais bon, je vais trop vite. Je ne commets pas d'imprudences, je le jure. Mais je tourne à un carrefour au moment où se pointe une autre voiture. Ça n'aurait pas pu tomber plus mal, même en le faisant exprès. Comme si on m'avait attendue. Oui, je sais, c'est idiot, d'accord, mais c'était ma journée. J'ai braqué, j'ai perdu le contrôle de la voiture et je l'ai enroulée autour de l'énorme pilier de l'entrée de la résidence. Les airbags ont fonctionné, mais je me suis quand même cogné la tête, dit-elle en portant une main au pansement sur son front. Je ne sais même pas sur quoi. Elle prend une profonde inspiration. Donc, voilà. Tout a été ma faute. J'étais énervée, je roulais trop vite et tout ça parce que j'ai écarté les jambes pour un sale connard qui voulait juste tirer un coup en vitesse pendant que sa femme était partie traquer des malfaiteurs.Je sais qu'elle veut que je la console. Que je lui dise que ce n'était pas du tout sa faute. Et c'est vrai, ce genre d'accident arrive à tout le monde. Mais Jamie n'écoute jamais ceux, moi y compris, qui l'avertissent de ce qu'elle risque. Je ne vais pas lui asséner : « Je te l'avais bien dit », mais je ne vais pas non plus lui faire croire que ce n'est pas grave et que ça aurait pu arriver à n'importe qui.– Tu m'as fait la peur de ma vie, James, dis-je finalement, les yeux embués de larmes. Qu'est-ce que je ferais s'il t'arrivait quelque chose ?Jamie a eu de la chance – c'est ce qui reste au bout du compte. Quelques centimètres dans une autre direction, quelques kilomètres à l'heure plus vite, un peu d'huile sur la chaussée, un rien aurait suffi pour que les choses tournent nettement plus mal.Je frissonne, troublée par la direction prise par mes pensées. De me rendre compte que je ne supporterais pas de perdre mon amie. Et par la certitude que si le pire arrive, c'est la pointe d'une lame en acier qu'il me faudra... Et si Harry n'est pas près de moi, alors je me tournerai vers cette lame. Je serre les poings et j'enfonce mes ongles dans ma paume. La main de Harry se fait plus insistante sur ma cheville. Je soupire, heureuse de le sentir près de moi. Pour le moment, cela me suffit.Quand l'infirmière vient examiner Jamie, Harry sort dans le couloir chercher quelqu'un pour demander des couvertures et des oreillers supplémentaires. Dans la chambre se trouve un fauteuil horriblement inconfortable qui se transforme en lit horriblement inconfortable, mais c'est là que je dors cette nuit-là, blottie contre Harry.Malgré l'inconfort du lit et les visites des infirmières qui nous dérangent toutes les trois heures, en fait je suis en forme quand je suis réveillée le lendemain matin par l'odeur d'un café bien fort et un peu brûlé. – Le nectar des dieux, murmure Harry en glissant un gobelet dans ma main avide. Je bois une gorgée, fais la grimace, et en tente une autre.
– Les dieux ne sont pas très difficiles, ce matin, je grogne.
– Je suis sûr qu'Edward sera ravi de s'arrêter, le temps d'acheter un latte, me taquine-t-il en me donnant un petit baiser. – Pourquoi, Edward est là ? je demande, interloquée.
– Je vous renvoie à la maison en limousine, Jamie et toi.
– On ne rentre pas avec toi ? Je m'entends quasiment geindre et je m'en veux immédiatement. Oui, nous sommes samedi, mais l'homme a un empire à gérer, et il en a déjà été absent suffisamment longtemps. Pardon. Je sais que tu as du travail.
– Il y a des choses dont je dois m'occuper, dit-il d'un ton qui éveille mon attention. Je vais à San Diego, ajoute-t-il quand il remarque mon expression soucieuse.
– Ah... Son père habite là-bas, et je comprends qu'il va lui demander si c'est lui qui a communiqué les photos au tribunal. Je ne lui envie pas ce voyage. Ma mère n'a peut-être pas été très douée pour m'élever, mais Jeremiah Styles n'a jamais fait aucun effort. Rentre vite, dis-je, même si j'ai envie de me jeter à son cou pour qu'il ne parte pas du tout. Je ne veux pas qu'il soit plus blessé qu'il ne l'est déjà. Et pourtant, en même temps, je le félicite intérieurement. Il aurait facilement pu prétendre qu'il avait des rendez-vous professionnels, mais il m'a mise dans la confidence. Je t'aime, j'ajoute. Il me relève la tête d'une main sous le menton et me donne un baiser. – Arrête de te tracasser. Tout ira bien.
J'acquiesce en espérant qu'il dit vrai.
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Trilogie Styles [Tome 3]
Romansa'Beau, fort et dominateur, Harry Styles remplit un vide en moi qu'aucun autre homme ne peut combler. Ses désirs me poussent au-delà de mes limites et libèrent en moi une passion qui nous consume tous deux. Pourtant, derrière son besoin de dominance...