24/24

2.7K 175 16
                                    

– Je veux que tu saches que je ne suis pas triste, dit Jamie alors que les déménageurs emportent ma commode. À compter d'aujourd'hui, ce qui reste de mes affaires sera à Malibu et j'aurai officiellement emménagé avec Harry. Bien que j'en aie envie plus que tout, mon cœur palpite un peu, mais cette sensation me plaît. Je suis super excitée pour nous deux, ajoute-t-elle. Mais tu l'es encore plus que moi.

Jamie a loué l'appartement pour les six mois à venir. Elle a décidé que le Texas était une idée raisonnable, mais qu'elle n'était pas encore tout à fait prête à renoncer à Los Angeles. Elle retourne donc habiter chez ses parents et, comme elle dit, « réfléchir à ses conneries ». Espérons qu'elle reviendra. Sinon, elle vendra l'appartement. Mais au moins, elle n'a pas à décider tout de suite.

Je tiens la main de Harry.

– Je ne vais pas te dire que tu vas me manquer, lui dis-je. Parce que tu vas revenir. J'en suis certaine.

– En tout cas, je viendrai me prélasser une semaine à Malibu.

– Quand tu veux, dit Harry.

Elle jette un coup d'œil à sa montre.

– Il faut que je prenne ma voiture. Je l'ai laissée au garage du coin pour qu'ils vérifient l'huile et tout. Je n'ai pas vraiment envie de me retrouver en carafe à El Paso.

– Appelle-moi ce soir, dis-je en l'étreignant. Je m'efforce de retenir mes larmes.

– Compte sur moi.

Elle serre Harry dans ses bras aussi, et à peine est-elle partie que je me tourne vers lui, en proie à un étrange mélange de bonheur et de mélancolie.

– On peut partir aussi. Je n'ai pas besoin de traîner dans mon ancienne chambre vide par pure nostalgie.

– Elle n'est pas vide, dit-il en désignant le lit.

– Je le laisse, je lui rappelle.

Je n'ai guère besoin de lit dans les maisons de Harry, et comme Jamie a loué l'appartement meublé, les locataires n'y trouveront rien à redire.

– Pas le lit, dit-il. Le paquet posé dessus.

Je regarde avec attention et je vois une boîte blanche plate qui se confond avec la couette blanche.

– Qu'est-ce que c'est ?

– Je te suggère d'aller l'ouvrir pour le savoir.

– Rigolo, dis-je.

Je cours ouvrir le paquet. J'y trouve une carte d'Europe pliée, avec de petites vignettes colorées qui indiquent déjà Munich et Londres.

– Nous avons affronté la réalité et nous lui avons dit d'aller se faire foutre, dit Harry. À présent, je crois que nous devrions retourner dans cette bulle. Un mois. L'Europe. Une limousine. Des hôtels cinq étoiles. Et toi.

– À faire ce que tu veux, quand ça te chante ? je demande, ravie. Il me fait un sourire complaisant.

– Ah ! chérie, tu me connais si bien.

– J'ai hâte.

– Nous pouvons y retourner pour le deuxième round plus tard. Pour le moment, je ne peux partir qu'un mois, car je dois être revenu à temps pour le gala.

– Bien sûr...

Le premier gala de charité de la Fondation Styles de l'enfance a lieu dans cinq semaines seulement. C'est la toute dernière organisation humanitaire de Harry, qui a pour mission d'aider les enfants maltraités à guérir grâce à une pratique thérapeutique du sport.

– Juste le continent ?

Il hoche la tête. Nous n'irons pas en Grande-Bretagne. Cela ne me surprend pas. Peu m'importe si je ne revois jamais Sofia. Et lui non plus n'est pas disposé à la voir. Pour le coup, le psychiatre de Sofia ne l'y autoriserait sûrement pas.

Elle a fait une overdose sur le toit du Centre de tennis Richter à West Hollywood, deux semaines après que Harry a rendu publics les abus subis dans son enfance. En raison de la date de l'overdose et de la certitude qu'elle serait découverte, le psy a considéré qu'il s'agissait d'un appel au secours, et les tribunaux ont suivi cet avis, en Californie comme en Grande-Bretagne. À présent, elle séjourne dans une clinique de désintoxication, sur injonction du tribunal, cette fois. Je pense qu'un jour Harry voudra la voir. En attendant, il continue de l'entretenir. Je ne lui en veux pas, ils ont un passé commun, si trouble soit-il.

– J'aimerais passer quelques jours en Allemagne aussi, dit Harry, dissipant le spectre de l'Angleterre qui semble planer dans la pièce. Nous n'avons pas pu visiter ce pays la dernière fois. Et puisque nous parlons d'Allemagne, ajoute-t-il en sortant une petite boîte de sa poche... Je t'ai acheté ceci avant le début du procès. Je voulais te le donner le lendemain de mon acquittement, mais j'ai été distrait.

– Je peux l'ouvrir ?

– Bien sûr, dit-il avec une drôle de lueur dans le regard.

Je découvre dans la boîte un petit écrin de velours. J'ai un pincement au cœur et des palpitations. Je me dis de ne pas me faire d'idées, tout en sortant l'écrin et en soulevant le couvercle, puis je pousse un cri à la vue du solitaire monté sur platine qui scintille dans la lumière.

Mes genoux flanchent, et je me retiens au montant de la porte.

– Harry, je chuchote, terrifiée à l'idée de faire une interprétation excessive de ce qui n'est peut- être qu'une magnifique bague. Un autre cadeau splendide. Tu l'as achetée avant le procès ?

– Je te l'ai dit. Je n'ai jamais vraiment cru que je perdrais. Le procès. Ou toi. Maintenant, je sais qu'il vaut mieux ne rien prendre pour un dû.

Ses paroles résonnent encore quand il met un genou à terre. Il me prend la main, et je frissonne. Je sens les muscles de mon visage qui s'étirent, mais je lutte : j'ai simplement trop peur pour sourire.

– Une seule femme au monde peut me mettre à genoux. Alors, dites-moi, mademoiselle Fairchild. Me ferez-vous cet immense honneur, et accepterez-vous d'être mon épouse?

Mon sourire se libère dans une explosion de rire ravi. Je rayonne devant cet homme que j'aime tant. Et alors que je le relève pour l'étreindre, je lui dis le seul mot que je suis capable de prononcer, le seul qui compte :

– Oui.

Trilogie Styles [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant