8/24

4.8K 169 2
                                    

Carmela D'Amato est grande, blonde et d'une beauté si éblouissante que c'en est presque pénible. Je l'ai détestée dès le premier instant où je l'ai vue, il y a six ans, quand elle m'a pris Harry.
 
Certes, à l'époque, je n'avais aucun droit sur lui, mais j'avais quand même envie de m'en prendre à elle. Je participais à Dallas au concours de beauté Miss Tri-Country Texas, et la star du tennis Harry Styles était la célébrité membre du jury. Je le rencontrais pour la première fois, mais il était venu là où je m'étais réfugiée, près du buffet, dans l'espoir de pouvoir manger du cheesecake en douce sans que ma mère me voie. À l'époque, j'avais cru à un effet de mon imagination, mais il y avait  eu un déclic,  une  connexion presque  électrique  entre  nous.  Il  m'avait  coupé  le  souffle. D'ailleurs, cela continue encore aujourd'hui.
 
Le simple fait de bavarder avec lui avait déclenché des fantasmes débridés. S'il l'avait proposé, j'aurais pris sa main et me serais enfuie avec lui sans jeter un regard en arrière. Mais il ne l'avait pas proposé. Et il n'était pas parti avec moi, mais avec Carmela.
 
Jamais je n'aurais imaginé la revoir.
 
Jamais non plus je n'aurais imaginé revoir Harry, d'ailleurs. On dirait bien que la boucle est bouclée.
 
Instinctivement, je me rapproche de Harry. Il prend ma main dans la sienne. Carmela D'Amato jette un bref coup d'œil à nos doigts mêlés et je dois réprimer un sourire de triomphe. Ha, ha ! Prends ça, petite garce. C'est mesquin. Mais sincère.
 
– Que fais-tu ici ? demande Harry d'une voix glaciale et tendue.
 
– Hazzi chéri, ne sois pas fâché.
 
Elle s'étire comme une chatte et prend le verre de vin posé sur la table à côté d'elle. Elle boit une gorgée, visiblement très à l'aise. J'ai envie de lui flanquer des baffes.
 
– Comment es-tu entrée ? demande Harry, irrité. Elle me jette à peine un regard.
 
–Vu le nombre de fois où j'ai partagé cette chambre avec toi, fait-elle mine de s'étonner, je fais quasiment partie de la famille. J'ai juste demandé à l'un des garçons d'étage de m'ouvrir.
 
– Il ne t'est pas venu à l'esprit que ça allait lui coûter sa place ?
 
– Mais pourquoi donc ? demande-t-elle en riant. Je pensais que nous pourrions fêter ta victoire ensemble. Et t'est-il jamais arrivé de me chasser de ta chambre, Hazzi ? Ou de ne pas être heureux de me voir ?
 
– En cet instant, oui, par exemple.
 
Je la dévisage, alarmée de voir qu'elle ne manifeste aucune réaction. Elle ne tressaille même pas. Ne cille pas davantage. Elle n'est ni fâchée ni blessée.
 
En d'autres termes, Carmela est venue ici en sachant exactement ce qui se passerait. Quelle foutue salope !
 
– Levez-vous, dis-je. Levez-vous et fichez le camp d'ici.
 
Là, j'ai obtenu une réaction. Un petit sourire pincé et condescendant, qui m'enrage encore plus.
 
Harry serre ma main dans la sienne, mais il reste silencieux. C'est mon combat à présent, et il le
sait.
 
– Vous êtes Nichole, c'est ça ? demande-t-elle, alors qu'elle sait évidemment très bien qui je suis.Vous êtes la gamine qui a attiré son regard au Texas durant ce concours de beauté grotesque.

 
– J'ai attiré un peu plus que son regard, Carlotta, je réponds, écorchant volontairement son prénom.
 
– Vous êtes sûre ? dit-elle en plissant les yeux. La réalité est si rarement à la hauteur des attentes. J'espère que vous êtes prête à affronter le jour où il se rendra compte que vous n'êtes finalement pas la femme qu'il voulait.
 
Je lui décoche mon plus beau sourire de défilé.
 
– Ma chérie, je crois que vous vous méprenez. C'est avec moi qu'il couche. Et c'est vous dont il n'a pas envie. Maintenant, fichez le camp d'ici.
 
J'ai fait mouche. Elle jette un regard de détresse à Harry, comme s'il allait atténuer le coup. Mais il n'est pas du tout disposé à l'aider.
 
– Tu as entendu ce qu'on t'a dit, ajoute-t-il. Va-t'en.
 
Durant un désagréable moment, je me dis qu'elle va protester. Puis elle se lève. Avec une lenteur délibérée, elle vide son verre et prend son sac à main. J'ai l'impression que ça dure une éternité, mais elle franchit enfin le seuil de la chambre et sort dans le couloir. La porte se claque derrière elle.
 
Je me tourne vers Harry. Je lis la fureur dans son regard. Mais il s'y ajoute autre chose. Du regret. Des excuses.
 
Non. Pas question qu'il s'excuse pour cette garce.
 
– Nikki, je...
 
– Tu quoi ? Tu ne savais pas qu'elle serait là ?
 
– Tu sais très bien que non, répond-il d'une voix dure.
 
– Tu crois que je vais être jalouse de savoir qu'à une époque elle pouvait venir dans cette suite quand cela lui chantait ? je demande sur le même ton. Je tiens à bien me faire comprendre, et rien ne m'arrêtera. Je penche la tête de côté, pensive. Dans combien d'hôtels d'Europe a-t-elle ses entrées ?
 
– Enfin, bon sang, Nikki !
 
– Un ? Trois ? Cinq ? Il marche sur moi et je recule d'autant, jusqu'à me retrouver le dos contre l'une des colonnes qui séparent le salon de la partie cuisine et salle à manger. Tu l'as prise ici ? Comme ça ? En la plaquant contre le mur ?
 
– Qu'est-ce que tu fais, là, merde ! s'emporte-t-il.
 
La colère gronde dans sa voix ; je sais que je suis allée un peu trop loin.
 
– À ton avis ?
 
– Tu me fous en rogne !
 
 
Sur ce, il m'embrasse si passionnément qu'il me renverse la tête en arrière. J'ouvre la bouche pour répondre à ce baiser tout en enroulant ma jambe autour des siennes et en me pendant à son cou. Je veux qu'il soit collé à moi. Je veux le sentir, sentir le lien qui nous unit. Parce que rien – ni Carmela ni personne – ne pourra le briser.
 
Il arrache brutalement ses lèvres des miennes, mais je le retiens, si bien que je sens son haleine sur mon visage.
 
– Tu es la seule femme de ma vie à présent, Nikki.
 
– Tu ne crois pas que je le sais aussi ? je lui réponds, haletante, sans le quitter des yeux. Et je le vois dans ses yeux, il vient brusquement de comprendre que je me suis jouée de lui. Sauf si je te découvre au lit avec, je continue, ne t'avise jamais de t'excuser pour une autre femme. Crois-le ou non, Harry Styles, je n'ai jamais imaginé que tu avais fait vœu de chasteté avant de coucher avec moi.
 
Il me toise longuement d'un regard dangereusement brûlant.
 
– Qu'est-ce qu'il y a ? je demande avec inquiétude.

Trilogie Styles [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant