– J'aime bien le bleu, dis-je à Jamie, qui hésite entre un sac à dos en cuir naturel beige traditionnel et un autre teint en turquoise.
– Pas trop voyant ?
– Pour toi ? Rien n'est jamais trop voyant.Elle fait la grimace, mais repose le sac en cuir beige.
– OK. Je ne devrais pas, mais je vais prendre celui-là. Après tout, je viens de toucher de l'argent. Et je mérite de retirer quelque chose d'agréable de cette fichue pub.
Comme je suis d'accord, je n'essaie pas de la dissuader. Je connais Jamie depuis longtemps, et avec elle la thérapie par le shopping est très efficace.
Nous sommes dans une maroquinerie, et bien que Harry ait commencé à me taquiner à propos des possibilités sensuelles que recèle la collection de ceintures du rayon hommes, il est sorti pour répondre à un coup de fil. Je sors à mon tour le retrouver pendant que Jamie fait la queue pour payer.
Il me faut un instant pour le repérer, mais je finis par l'apercevoir assis sur un banc près d'une pelouse où des parents épuisés se sont arrêtés avec leurs enfants. Il lève un doigt quand il me voit et désigne son oreillette. Je hoche la tête et m'assieds sans un bruit à côté de lui, savourant cette fin d'après-midi.
– Non, dit Harry. Il faut que vous compreniez. C'est ma priorité. Je veux que tout soit passé au crible. Apprenez tout ce qu'il est possible d'apprendre. Suivez la moindre piste, explorez le moindre recoin. C'est bien clair ? Bon. Rappelez-moi dans quelques heures pour me tenir au courant. Oui, quelques heures. Très bien. C'est donc réglé. Et pour la grille ? Pouvons-nous réduire un peu les délais ? Voilà enfin une bonne nouvelle. Que ce soit fait aujourd'hui, et veillez à ce que tout le monde ait l'accès. Très bien. À plus tard.
Il termine son coup de fil et me regarde en esquissant machinalement un sourire. Si je ne le connaissais pas aussi bien, je dirais que tout va pour le mieux. Mais je le connais vraiment bien et je perçois une lueur d'inquiétude dans ses yeux.
– Quelque chose ne va pas ? je demande.
– Le petit train-train habituel quand on dirige le monde. J'ai été un peu absent ces dernières semaines et quelques détails sont passés au travers des mailles du filet.
– Je ne vois pas comment, j'ironise. Tu avais fait installer ton quartier général dans l'hôtel.
– Ce n'est rien, répète-t-il.
Mais je ne m'en laisse pas conter.
– Tu es inquiet.
Je le vois s'apprêter à nier, et je me demande si je dois lui rappeler notre conversation dans l'avion. Mais il semble se raviser.
– En effet.
–Et je sais que ce n'est pas professionnel. Tu ne t'inquiètes jamais dans ce cas-là. Tu décides.
– Je ne me savais pas aussi transparent.
– Pour moi seulement. Alors, de quoi s'agit-il, Harry ? De Sofia ? De la demande de publication des photos ? Il est arrivé quelque chose ?
Il s'adosse au banc et lève le visage vers le ciel. Après un moment, il prend les lunettes de soleil accrochées à l'échancrure de son col et les chausse.
– Il reste quelques petites choses que je dois régler, dit-il en se tournant vers moi. Des affaires qui ne m'inquiètent pas, mais qui requièrent toute mon attention.
– Je vois, dis-je, alors que je devrais lui dire que je n'en crois pas un mot.
– Et oui, ajoute-t-il doucement, je continue de m'inquiéter pour Sofia.
Cette fois, je sais que c'est la vérité. Et aussi qu'il s'excuse.
– Tu la trouveras. Tu me le diras quand tu auras appris quelque chose de nouveau ?
– Bien sûr, répond-il immédiatement.
Le cœur serré, je me rends compte de tout ce que j'ai investi dans cette simple question.
Peux-tu me dire ce qui se passe ? lui avais-je demandé en Allemagne. Peux-tu me parler ? « Non
», avait-il répondu.
Aujourd'hui, il a répondu « oui ».
Apaisée, je m'appuie contre lui en soupirant doucement quand il passe son bras autour de mes épaules. Je suis soulagée de savoir qu'au moins, pour le moment, je me sens en sécurité et sur la même longueur d'ondes.
Peu après, Jamie nous rejoint avec un sac de courses.
– Vous êtes déjà fatigués ?
– Je crains de devoir rentrer à la maison, dit Harry. Mais vous pouvez continuer le shopping.
– Pas moi, sauf si tu en as envie, dit Jamie en me regardant. Je secoue la tête. J'en ai eu mon compte aussi. J'ai envie d'un Jacuzzi.
– Je pense que nous pouvons faire mieux, dit Harry en appuyant sur un bouton de son téléphone. Sylvia, pouvez-vous contacter Adriana ? Voyez si elle peut envoyer quelqu'un à la maison d'Arrowhead cet après-midi pour mesdemoiselles Fairchild et Archer. Oui, c'est cela. Une heure. Rappelez-moi ou envoyez-moi tous les détails par SMS dès que vous les aurez. Merci. Je serai rentré vendredi.
Jamie m'interroge du regard, manifestement stupéfaite. Je pose la question à Harry.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– Je me suis dit que ça vous plairait de vous faire masser sur le patio, dit-il.
– Tu sais que tu es génial ! applaudit Jamie.
– C'est ce qu'on m'a dit, répond-il en croisant mon regard.
De retour à la maison, Harry nous informe que nous trouverons des maillots de bain dans la malle de la chambre de Jamie, puis il nous montre comment fonctionne le Jacuzzi.
– Prenez ce que vous voulez dans le réfrigérateur, dit-il. Il y a du champagne.
Je lui prends la main et entrelace mes doigts aux siens. Je veux le garder à mon côté, mais je sais aussi qu'il me donne une occasion de passer un peu de temps avec Jamie, ce que nous n'avons pas fait depuis très longtemps.
– Ne travaille pas trop, lui dis-je.
– Ne joue pas trop, rétorque-t-il.
– Ça ne me serait pas venu à l'esprit.
En fait, nous ne jouons pas du tout. C'est même tout le contraire. Je crois que je n'ai jamais été aussi paresseuse de ma vie. Et en l'occurrence, je pense que les croyances populaires se trompent. Ce n'est pas l'enfer qui est brûlant, mais le paradis. Brûlant, humide, avec des jets pulsants qui vous soulagent de vos tensions.
Les bras écartés, Jamie renverse la tête en arrière.
– Tu n'imagines pas à quel point j'avais besoin de ça. Et le massage, par-dessus le marché ? Non, mais je t'assure, il y a un dieu, et il s'appelle Harry. Elle relève la tête et me sourit. Sérieusement, Nik. Je suis amoureuse de ton mec.
– Oui. Moi aussi.
Quelques heures plus tard, nous avons macéré, et nous avons été massées. Je suis toute molle, étalée sur l'immense divan avec Jamie. J'aimerais bien lire, mais c'est trop de boulot. Alors je ferme les yeux pour sombrer dans la béatitude de cette relaxation totale.
Harry me trouve là quand il émerge finalement de son antre.
– Alors, chuchote-t-il en me caressant l'épaule, comment s'est passée ta journée ?
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Trilogie Styles [Tome 3]
Romance'Beau, fort et dominateur, Harry Styles remplit un vide en moi qu'aucun autre homme ne peut combler. Ses désirs me poussent au-delà de mes limites et libèrent en moi une passion qui nous consume tous deux. Pourtant, derrière son besoin de dominance...