L'étroite route de montagne serpente et enchaîne tellement les virages que je commence à avoir la nausée. Il est tard, mais la pleine lune éclaire les immenses sapins qui la bordent en rangs si serrés qu'on a l'impression de prendre un tunnel. Nous roulons dans une Jeep Grand Cherokee qu'un employé de Harry a amenée à l'aéroport d'Ontario, juste à côté de San Bernardino. C'est la voiture la moins sportive que j'aie jamais vu Harry conduire, mais il a l'air parfaitement à sa place au volant. D'ailleurs, je ne me souviens pas avoir vu Harry autrement qu'à sa place. C'est cette assurance nonchalante qui lui permet de se glisser dans n'importe quelle situation, et cela m'amuse de le voir passer de la réunion d'un conseil d'administration de multinationale à un stage de survie ambiance commando.
– Tu souris, dit-il.
– Je t'imagine en pagne et lançant une flèche polynésienne. Harry Styles, chef de tribu.
– S'il te plaît, dis-moi que tu n'as pas prévu pour nous une retraite. Sauf si tu portes une minijupe en fourrure façon Raquel Welch pendant tout le week-end.
– Même si je le faisais, ça ne te plairait pas, je plaisante. Je crois que les femmes étaient chargées de la cuisine à l'époque préhistorique.
– Effectivement, sourit-il malicieusement.
Je n'en prends pas ombrage. Nous savons, lui et moi, que mes talents aux fourneaux se limitent à «
percer quelques trous dans la pellicule plastique et mettre au micro-ondes pendant cinq minutes ».
– Nous approchons ?
Il m'a seulement dit avoir l'intention de m'emmener quelque part avant notre retour à Los Angeles. À part ça, je n'ai aucun indice.
– Juste après ce virage.
Alors que la Jeep tourne, les arbres s'espacent brièvement et je vois les eaux du lac Arrowhead étinceler comme un diamant sous le clair de lune. Je ne suis allée qu'une fois dans les montagnes de San Bernardino, lors d'une visite à Jamie, à Noël. La neige avait été précoce cette année-là, et nous avions loué une voiture avec des pneus neige pour monter lentement jusqu'à Big Bear. Finalement, nous n'avions pas chaussé les skis, seulement passé un moment fabuleux dans le lodge à boire des irish coffee près du feu et à regarder les mecs en combinaison de ski moulante.
Quelques virages plus loin, la vue sur le lac disparaît. Je suis déçue, mais il est évident que Harry sait très bien où il va. Il ne m'a rien dit, en revanche. Donc, si j'ai deviné que l'ambiance serait celle d'une retraite en montagne, je ne sais pas s'il s'agit d'un hôtel, de la maison d'un ami ou d'une autre des propriétés que possède Harry.
Le faisceau des phares balaie un panneau en bois indiquant uneVOIE privée, dans laquelle Harry s'engouffre pour suivre une route encore plus étroite et abrupte. Les arbres frôlent la Jeep, et dans le noir je commence à souffrir de claustrophobie. À ce moment, nous arrivons sur une crête et je vois un château alpin se dresser devant nous, niché entre des sapins immenses. C'est une bâtisse stupéfiante, avec un bardage en bois et des cheminées en pierre, et le genre de tourelles et de pignons qui donnent l'impression que nous sommes toujours en Bavière... ou bien que l'avion s'est trompé de route et que nous avons atterri en Suisse.

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Trilogie Styles [Tome 3]
Romance'Beau, fort et dominateur, Harry Styles remplit un vide en moi qu'aucun autre homme ne peut combler. Ses désirs me poussent au-delà de mes limites et libèrent en moi une passion qui nous consume tous deux. Pourtant, derrière son besoin de dominance...