Avocat expérimenté, Isidore est un homme de la ville, allergique au milieu rural depuis son coming-out. La campagne lui donne littéralement des boutons. Or, d'une vieille tante avec qui le contact semblait rompu, il a hérité une maison située en Bou...
Tant de joie, de reconnaissance et de honte me submergent à chaque fois que je pense à toi ! Comment as-tu réussi à ne pas m'en vouloir ? Tu me dis que tu n'as pas pardonné car tu n'as jamais été fâchée. Tu dis également que tu ne peux oublier cette affreuse période où tu as cru mourir... Tout mon être tremble à cette horrible idée ! Laisse la derrière toi, laisse-la moi, laisse-moi la porter pour l’éternité à ta place.
Je n'aurais jamais osé rêver, même en me traînant à genoux, que tu accepterais de me reparler. Mon cœur s'emballe de bonheur ! Un espoir insensé a dirigé ma plume pour continuer à t'envoyer des messages sans réponse ces trois dernières années. Mon égoïsme et mon avidité ont contribué à me récompenser… J'ai honte, mais je ne regrette pas, puisque ma petite lune s'adresse à nouveau à moi ! Pardonne-moi d'avoir autant insisté, alors que tu étais si triste… pardon, mon ange !
Bien sûr que j’accepte ton amitié, et uniquement ton amitié, à présent ! Je ne demanderai rien de plus. Je ne peux pas assez te remercier ! De n'avoir pas jeté mes lettres avant de les lire, d'avoir pris connaissance de tous mes regrets et de toute mon affection. Tu sais à quel point je t'aime, bien plus qu'une amante, à quel point j’adore ton âme… Alors, bien sûr, j'accepte ta condition si magnanime : nous n'aurons aucun contact physique, et ça m'est égal, cette situation me comble déjà ! Une joie immense console mon indignité encore plus grande !
Comment puis-je communiquer avec une amie telle que toi sans une honte quotidienne ? Rien de ce que je dis ne pourra alléger la peine ressentie ou te la faire oublier… mais tu sais, Lili… je n’ai jamais consommé mon mariage, et je ne le ferai jamais… Ah, que c’est bête ce que je t’annonce ! Qu'est-ce que j’espère ? Vas-tu me gratter l'oreille, comme à un chiot qui a accompli un tour inepte ? Ou dans ta profonde bonté, vas-tu t’inquiéter de l’autre, alors que tu aurais tous les droits de lui en vouloir ? Je sais ce que tu dirais : ce n’est pas de sa faute. Certes, c’était un mariage arrangé par nos deux familles, uniquement un lien mercantile, qui me révulse ! Ne t'en fais pas, petite lune ! Nous sommes mariés et en accord sur un point : l’amitié chaste que nous avons développée sera un beau pied de nez à tous ceux qui se sont permis de décider de nos vies ! Pas de descendance avec nous. Ah ! Quelle mesquine vengeance, quelle minable récompense… et quel bonheur, également, de pouvoir te rester fidèle, ma précieuse amie !
J'ai écrit que je ne te demanderai rien de plus… mais Lili, m’accorderais-tu une faveur ? Promis, aucun contact, tu ne me verras même pas… Tu sais que ma demeure conjugale n'est pas bien éloignée de la maison de tes parents… là où tu habites… m’autoriserais-tu à venir, de temps à autres, te contempler, de loin ?
Je t'en prie, me permettrais-tu d’assouvir ma dévorante avidité ?
✧・゚: *✧・゚:*
26 octobre 1985
Ma petite lune,
La plume de ton Pierrot tremble en t’écrivant ce mot… Ça y est. Je n'y croyais pas… tout s’est arrangé, et plus vite que je ne l’aurais espéré ! Je craignais un mauvais sort en te partageant mes projets avant qu'ils ne se réalisent. Vite, vite, je te l’annonce avant de me réveiller de ce songe magnifique !
Je suis libre ! Nous avons divorcé ! Agathe et Pierre Beaufort n'auront plus leurs noms accolés… Quelle ironie ! Avec naïveté et hypocrisie, les gens jugeaient nos prénoms prédestinés… Les deux cailloux sont bien heureux de ne plus demeurer ensemble. Nous restons amis, mais enfin, nous n'avons plus à restreindre nos cœurs dans cette comédie des apparences !
Avec beaucoup de bonheur, avec de la crainte également, je m’incline à présent devant toi avec une proposition, et je demande ton avis sur plusieurs possibilités... J’ai pu conserver la maison. Le terrain est grand. Nous pourrions y construire notre avenir… Malgré toutes ces années difficiles, cette région me tient à cœur. Mais tu as une place encore plus grande dans mon cœur. Et je souhaite passer le reste de ma vie avec toi. Accepterais-tu ? Et que préfères-tu ? Que dois-je faire ? T’inviter à venir y habiter avec moi ? Revendre la propriété et m’envoler vers tes bras ? Tout jeter pour partir n'importe où avec toi ? Si tu ne te refuses pas… Ne me rejette pas, mon tendre amour !
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
NDA : Vous avez bien lu : Pierrot a demandé à Lilibel l’autorisation de la stalker. Oui, ce personnage est bizarre comme ça. En ce qui concerne les noms de Sofia Beaufort, Agathe et Pierre : les personnes qui ont lu plusieurs de mes histoires trouveront peut-être les références. Vive le recyclage !