L’année suivante arriva si vite ! À peine Tom s’était-il retourné que les six derniers mois avaient disparu. Du moins, c’est ce qu’il ressentait. Pourtant, pendant qu'il les vivait, fébrile et frustré, ces jours semblaient interminables…
Les derniers jours de juin, quelques conversations téléphoniques avec Cédric furent bancales. Ils avaient promis de revenir à la seule amitié, Tom s'y tint. Difficilement. Il était très compliqué de ne pas trébucher pour l’avocat, une fois que ce dernier arrêtait de se comporter comme un parfait abruti. Après avoir refusé la proposition, affreusement romantique, résolument égoïste, du Parisien, Tom aurait souhaité bénéficier de plus de temps pour s'en remettre. Cependant, pour aider Léna, le graphiste devait régulièrement discuter de certains points techniques avec l’associé de sa belle-sœur. Chargé de la création de la charte graphique de l’entreprise – du logo, aux illustrations du site Internet, en passant par les flyers, et les couleurs pour les boîtes de transport – le rouquin avait aussi donné quelques concepts de décoration pour les gâteaux. Cédric avait vraiment apprécié l’idée des muffins, qui constitueraient la gamme salée aux côtés des pâtisseries sucrées. L’enthousiasme de l'avocat pour les talents de l'artiste révélait un côté charmant très plaisant. Le jeune homme impressionnable en oublia presque à quel point son interlocuteur pouvait aussi se conduire comme une brute sarcastique. Il l’avait fait dès la première minute de leur rencontre, après tout ! En repensant à leur première interaction, Tom afficha un sourire attendri.
À la fin de l’été, il se surprit à anticiper, avec plus de joie qu'il ne se l'avouait, l’arrivée du Parisien pour de courtes vacances campagnardes. En revoyant ces yeux, le rouquin se répéta sa promesse. Amis, rien de plus. Même s'il était agréable à fréquenter en tant que simple connaissance amicale… en relation quotidienne, Cédric devait constituer un travail à temps plein, ingrat, et à haute pénibilité. Non, merci bien !
Quand le citadin retourna vers la capitale, le Bourguignon se vexa : pendant ces quelques jours, son « ami » avait montré qu'il s’était très vite rétabli du refus qu'il avait essuyé. Pourquoi donc Tom se tracassait-il tellement en repensant à l’étrange journée, des mois auparavant, à ce moment hors du temps où ce bel homme, riche, élégant, généreux, intelligent – et imbuvable au possible – lui avait demandé de partager sa vie ? Et quel toupet ! Oser annoncer à celui qu'on convoitait, qu'il fallait se décider vite, sinon la proposition risquait de ne plus être valable ! Il se prenait pour une marchandise en édition limitée, ou quoi ? En grognant, Tom donna un coup de pied dans la pelouse. Une gerbe de gazon vola. Il la suivit des yeux, puis resta bras ballants quelques secondes avant de se ressaisir.
L’automne fut studieux pour Léna, son associé et son beau-frère. Comme promis, l'aide financière de Cédric permit à la famille d’engager une aide à la boutique. Tout en continuant les propositions graphiques, Tom travaillait comme d'habitude à la ferme avec son frère. Entre deux papiers à remplir avec son avocat et associé en affaires, Léna continua à potasser ses leçons en gestion et management. Devenue rapidement très proche de Cédric, la jeune femme l'invita pour les fêtes de Noël. Il accepta avec un empressement qu'elle trouva adorable.
Le menu prévu pour cette année-là fut plus sobre qu'elle ne l’aurait souhaité. Malheureusement, Léna commençait déjà à fatiguer, il lui était impossible de rester trop longtemps en cuisine. Elle trouva tout de même le résultat satisfaisant. Sans vouloir se vanter.
L’invité devait arriver la veille du réveillon. Peu de temps avant l'heure prévue, la voix contrite, Cédric annonça au téléphone qu'il ne viendrait que le lendemain, c’est-à-dire le jour-même de la fête. Le jour J, son assistante appela pour l'excuser : un dossier client s'éternisait et retenait l’avocat au bureau depuis des jours. Et pour encore d’autres jours. Un élégant bouquet de fleurs fut livré à Léna quelques heures plus tard, accompagné d'une carte imprimée exprimant à nouveau les regrets de Cédric et demandant à être excusé. Tom se fâcha que la carte ne fût pas manuscrite. Puis il rougit, embarrassé par sa propre pensée ridicule. En fond sonore, Maé piquait une crise contre Ced qui ne tenait pas ses promesses. Son oncle pensa au contraire que le brun les avait déjà suffisamment prévenus de son inconstance. Son extrême honnêteté était le moindre des défauts de Cédric.
VOUS LISEZ
Éclosion
RomanceAvocat expérimenté, Isidore est un homme de la ville, allergique au milieu rural depuis son coming-out. La campagne lui donne littéralement des boutons. Or, d'une vieille tante avec qui le contact semblait rompu, il a hérité une maison située en Bou...