57 | La proposition

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Il fut frappé par les yeux de l'enfant qui tendait déjà les bras vers lui

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Il fut frappé par les yeux de l'enfant qui tendait déjà les bras vers lui. Il reconnut les prunelles d'Helena en ce petit être mais aussi la chevelure brune qu'il arborait. Aaron plia un genou face au petit garçon qui se jeta presque dans ses bras. Il ressentit le poids plume de celui-ci mais il vit aussi son innocence lorsqu'il s'en écarta. L'Oracle avait raison, l'enfant n'était pour rien dans son histoire avec Helena. Il tenait désormais dans ses bras la moitié de celle qu'il avait toujours aimé, et il la reconnaissait à travers ses yeux bleus dont il avait toujours chérit la nuance.

— Mon fils, je te présente Farel de Perse, lui apprit sa mère alors que le petit s'agitait.

— Bonjour Farel, lui adressa doucement Aaron.

Le roi fut saisi d'une douceur infinie vers le petit homme qui ne quittait plus ses bras, sous les yeux attendris de Gorgô et Helena qui avait assisté à toute la scène. Elle ne se manifesta pas immédiatement, et laissa le champ libre au roi de prendre ses premières marques avec son fils qu'il acceptait difficilement d'après leur dernier accrochage. Sans qu'il puisse s'en défaire, les émotions continuèrent à assaillir le roi qui tenait toujours le nourrisson espiègle qui lui donnait des petits coups de paumes sur son torse. L'expression qu'arborait son fils n'échappa pas à Gorgô qui adressa un sourire entendu avec Helena. A présent, elle espérait ardemment que les tensions entre elle et le roi soient apaisées et qu'il tienne suffisamment à elle pour traiter son fils avec égard et affection.

— Beau garçon, susurra Aaron la mâchoire piégée entre les petites mains de Farel.

— Fils, l'interpella Gorgô, où était-tu passé toutes ces lunes ?

— J'ai traversé d'innombrables cités où j'ai offert mon aide, j'ai prié dans de multiples temples. Cela m'a permit de renouer avec l'homme j'étais supposé être, et celui que je m'attèle à devenir, dit-il serein en resserrant son étreinte autour du bambin.

Gorgô vit la différence fulgurante qui avait opérée chez son fils désormais revenu de son exil précipité. L'homme qui se tenait debout auprès d'elle, était bien sa chair, qu'elle avait élevé et chéri.

A présent, la mère du roi s'autorisait à imaginer de meilleurs jours à venir maintenant que tout était revenu à la normal, ils pouvaient enfin reprendre le cours de leur vie où ils l'avaient laissée. Elle glissa à nouveau son regard vers sa fille adoptive dissimulée non loin derrière une des colonnes de l'entrée principale qui était attentive au comportement du roi avec son jeune fils.

Aaron était toujours captivé par la curiosité et l'innocence de Farel qui remarqua sa mère au loin. L'enfant babilla et tendit les bras en sa direction malgré la distance qui les séparaient et le roi tourna la tête au même instant vers elle.

A l'opposé de la pièce, le regard du roi prit d'assaut celui d'Helena. Tous deux restèrent figés, incapables de prononcer le moindre mot. Il détailla la jeune femme qui portait une sublime robe longue pourpre qui lui sied à merveille s'accolant parfaitement à ses nouvelles courbes liées à sa grossesse. Ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval auxquels s'ajoutaient quelques tresses à l'intérieur.

Helena observait tout aussi attentivement le roi, vêtu lui aussi d'une toge pourpre tout comme elle. Ils esquissèrent tous deux un sourire à la vision de cette coïncidence, avant que le roi ne déposa Farel avec Gorgô et vint à la rencontre d'Helena.

— J'aimerais que nous parlions tous deux en privé, lui adressa-t-il doucement.

Elle acquiesça et lui emboîta le pas. Quel fût sa stupeur lorsqu'elle se rendit compte qu'elle l'avait suivi jusqu'aux écuries où se trouvait Néron déjà sellé. Aaron monta sur son cheval, avant de tendre sa main à Helena toujours sidérée. Elle joignit sa main à la sienne et prit place derrière le roi, lui emboîtant le pas, elle se sentit chanceuse qu'il ne puisse pas la voir rougir à ce moment précis. Aaron talonna sa bête, et ils galopèrent hors de Sparte avant d'arriver sur le lieu dit.

Il descendit et l'aida à se déroger de Néron. Le contact de leur peau l'une contre l'autre leur procurèrent un frisson irrépressible. Pieds à terre, le roi, qui la dépassait d'une tête, prolongea l'effleurement de leurs mains en nouant ses doigts aux siens. Ils marchèrent tous deux et Helena ne put s'empêcher de jeter un oeil à leurs doigts entremêlés, et à la magnifique toge pourpre qui lui sied à la perfection.

Aaron avait coupé ses cheveux, et s'était émancipé de sa barbe qui avait autrefois, recouvert sa mâchoire. Helena se sentit comme plongée dans le passé, à la vue d'un roi aussi rajeunit. Le champ de blé autour d'eux, qui s'étendait à l'horizon, s'arrêtait auprès d'un précipice d'où se jetait une immense et imposante cascade.

Un banc fit son apparition dans leur champ de vision où Aaron prit place, et invita la jeune femme à s'asseoir auprès de lui. Le vent fit virevolter les cheveux d'Helena, fascinée par le gouffre en contrebas qui était alimenté par la cascade. Le paysage autour d'eux était aphrodisiaque, et la nature rythmait ce spectacle par des chants d'oiseau et du ruissellement de l'eau qui s'écrasait contre la roche.

Aaron en était conscient désormais, car plus il déposait son regard sur Helena et plus il en tombait amoureux. Jamais il n'aurait imaginé que son amour pour elle puisse continuer de l'éprendre chaque jour qui s'écoulait.

Il se sentait vivant lorsqu'il sentait sa moitié - et maintenant la moitié de sa moitié aussi - près de lui. Le roi aimait tout d'elle, et chérissait chaque partie qui l'édifiait ainsi que chacun des morceaux qui la composait : sa force, sa bienveillance, son altruisme mais aussi sa beauté n'avait de cesse de le charmer. Il était si épris d'elle que les autres femmes passaient au second plan, il ne les apercevait même plus tant la belle blonde suffisait à le combler alors même qu'elle n'était pas en sa présence.

Il se leva et observa le paysage en contrebas. Le coeur d'Helena se mit à battre alors qu'il était très proche du bord. Elle ne put détacher ses yeux du roi et sa silhouette élancé, et son corps athlétique en raison d'années intensives d'entraînement. Il possédait un physique très flatteur à en damner les déesses. Elle devait bien le reconnaître, leur relation était tumultueuse. Il faut dire que les Dieux n'avaient pas facilité leur union. A présent, Aaron était prêt à faire impasse du passé et accepter ces années de perdition. Le roi coupa court à la contemplation de la nature sauvage et fit volte-face avant de poser un genou à terre, face à Helena qui entrouvrit les lèvres de stupéfaction.

— J'ai eu un comportement stupide ce soir-là, j'espère ardemment que tu trouveras dans ton coeur la force de me pardonner, débuta-t-il alors qu'il entremêlait ses doigts aux siens.

Il ferma les yeux et joignit les phalanges d'Helena contre ses lèvres.

— Nous deux, c'est ce que j'ai toujours voulu, pour moi l'évidence c'était toi, avoua-t-il avec certitude.

Il rangea les mèches d'Helena derrière son oreille, avant de prendre son inspiration et de lui dire :

— Helena, je te propose de t'unir à moi pour la vie. Tu seras et restera ma première, seule, et unique femme. Farel et toi êtes les personnes les plus précieuses et chères à mon coeur. Je t'en prie, accepte.

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La fin arrive à grand pas, après tant d'années à écrire cette fiction de manière fractionnée. Je me sens bizarre à l'idée de tourner la page de mes deux personnages...

Je posterai la suite ce week-end et probablement l'épilogue si j'ai pas changé d'avis sur celui-ci...

Le Roi de Sparte (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant