Je n'avais jamais autant démissionné. C'est la quatrième fois cette année. Et surtout je ne m'étais jamais sentie aussi mal de ma vie. Même quand on avait rompu au lycée je me sentais mieux, ou plutôt moins mal. Pourquoi c'est si dur ? Mon cœur brûle. J'ai l'impression qu'il va exploser.
Lorsque j'arrive à l'appart, je trouve Ben qui est de repos aujourd'hui. Je ne veux pas parler, je fonce dans ma chambre. Mais évidemment c'est mon Ben, et je suis sa Noémie, alors il me rejoint.
- Tu dois m'expliquer.
- Il n'y a rien à dire.
- Noémie, pourquoi tu rentres à l'appart en milieu d'après-midi un jour de semaine ?
- Parce que je n'ai que ça à faire !
- Non, tu devrais être au travail.
- Plus de travail, je viens de démissionner.
- Raconte-moi.
- Il s'est tapé une blondasse à midi. Il l'a reçue dans son bureau puis ils sont allés je ne sais où.
- Ça ne devrait pas te déranger, tu ne l'aimes pas, si ?
- Hier il m'a dit qu'il m'aimait. Il ne peut pas me dire ça et courir sauter la première fille venue.
- Et toi, tu lui as dit quoi ?
- Que je démissionnais.
- Non, hier !
- Que ce n'était pas réciproque.
- Aux grands maux les grands remèdes.
Je le vois sortir son téléphone. Il appelle quelqu'un.
- Ben ! Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? demande mon meilleur ami.
- Tu es sur haut-parleur Thomas !
- Elle est avec toi ?
- Oui...
- Donc elle n'est pas au travail ...
- Elle a démissionné ...
- Bordel Nono mais pourquoi encore ?
Alors je lui raconte la même chose qu'à Ben. La déclaration, la non-réciprocité, la poufiasse d'à midi, ...
- Et en quoi ça te dérange qu'il ait vu une fille à midi ? T'es pas amoureuse !
- Mais pas du tout, mais ça ne me gêne pas !
- Alors pourquoi tu t'es emportée ?
- Mais je trouve ça fou, il me dit qu'il est amoureux hier et il se tape une meuf à midi et je suis la seule à être choquée ? S'il était vraiment amoureux, il ne pourrait pas se taper une autre meuf directement.
- Tu es jalouse Noémie, reconnais-le !
- Pas du tout, vous arrêtez avec ça ...
- Et donc, tu te sens mieux maintenant que tu as démissionné et que tu ne vas plus jamais le voir ?
A ces mots, mon cœur se serre, j'ai envie de vomir. Plus jamais le revoir. Pourquoi je vois trouble ? Et j'ai du mal à respirer ... Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
- Merci Thomas, je pense que c'est bon on a réussi! Je prends le relai ! dit alors Ben en raccrochant.
Alors tu te sens comment ? Tu es sereine ? Heureuse ? Soulagée ? Indifférente ?- ...
Je ne suis rien de tout ça. J'ai mal, et c'est de pire en pire. Plus il me parle, moins ça va. Mais pourquoi ? Je n'arrive pas à comprendre. J'ai du mal à bien saisir ce que me dit mon coloc. Emma et Ju dînent au resto ce soir, je passe donc la soirée en tête à tête avec Ben qui a décommandé Sophie pour rester avec moi.
- Ça fait mal d'aimer.
- Non je ne peux pas aimer Alex Miller. Il me fera du mal.
- En ce moment il n'y a que toi qui te fais du mal Nono, en refusant d'accepter tes sentiments. Tu parles tout le temps de lui, tu lui envoies tout le temps des messages, tu penses tout le temps à lui, je vois ton sourire niais apparaître dès que tu reçois un texto d'Alex, quand tu ne dors pas avec lui tu dors mal ...
- Non mais c'est juste que le lit est plus froid.
- Arrête Noémie, tu dors mal aussi quand tu dors avec moi, pourtant je suis un vrai radiateur ! Arrête de chercher des excuses, arrête de te voiler la face !
Nous nous installons dans mon lit, et nous restons silencieux. Je ne trouve pas le sommeil. La petite voix tourne dans ma tête telle un disque rayé, me torturant lentement, et répétant sans cesse que je me voile la face. Il est 4 heures du matin.
- Tu penses vraiment que je l'aime ?
- Si ce n'est pas de l'amour, qu'est-ce que c'est ? dit mon coloc qui ne dort pas non plus.
- Et merde ...
J'ai de plus en plus mal. Je n'arrive plus à respirer. Des larmes commencent à couler, et il m'est impossible de les arrêter.
- Ça va aller, tu vas aller le voir demain, tu vas lui expliquer, calme-toi, dit-il en me caressant délicatement les cheveux.
Mais il me faut attendre d'avoir épuisé mon stock de larmes pour enfin arrêter de pleurer. Il est 7 heures, je pars à la salle de bain pour tenter de ressembler à quelque chose. C'est clairement peine perdue. J'aurais dû être réaliste dès le départ, ça m'aurait économisé du temps, car après 3 heures à pleurer et une nuit blanche, évidemment, je suis bonne pour jouer dans the walking dead.
Ben me souhaite bon courage, et me voilà partie ! Je me dirige vers l'ascenseur quand Cindy, la blondasse poufiasse de l'accueil m'interpelle.
- Bonjour, je peux savoir où vous vous rendez ?
- Bonjour, je vais voir monsieur Miller.
- Un instant je le préviens, me dit-elle un grand sourire aux lèvres.
Monsieur Miller, mademoiselle Dupin est ici ... Très bien monsieur.
Vous n'avez rien à faire ici, monsieur Miller ne souhaite plus vous voir, sortez, dit-elle d'une voix condescendante.Et puis quoi encore, je fonce quand même vers l'ascenseur, mais je me fais attraper et escorter dehors manu militari par les deux vigiles, visiblement désolés de devoir me faire ça.
C'est vraiment fini. Non. Non non non non non. NON. Encore en manque d'oxygène, mais bordel qui ferme sans arrêt les vannes en ce moment. Je suis paralysée, je n'arrive pas à partir, mes jambes refusent de bouger. J'appelle Ben qui vient immédiatement me chercher et me ramène à l'appartement. Je me terre sous ma couette et n'en ressort que pour pisser.
Deux jours passent, je sais que mes colocs sont inquiets, Thomas veut même prendre des billets mais Ninon est plutôt avancée dans sa grossesse et c'est risqué. Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne pleure plus, et j'écoute en boucle When I was your man de Bruno Mars. Je savais bien que cette fois je ne m'en remettrais pas si je tombais amoureuse. Ce que je ne savais pas c'est que j'étais déjà amoureuse et que j'allais me briser le cœur toute seule.
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Putain de Boss 2
Chick-LitContinuez de suivre les aventures de notre Nono préférée, toujours aussi déjantée et bien entourée. Evidemment, tous vos personnages préférés sont au rendez-vous, Benichou d'amour, notre éternel Toto, Emma et Ju, Ninon, Marie et Rémi, et bien sûr...