Chapitre 5 : cachot

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La surprise passée suite à sa demande, je lui lance un regard dédaigneux. A quoi m'attendais-je franchement ? C'est un homme, et un romain par-dessus le marché ! Je n'aurais pas dû m'attendre à quelque chose de différent venant de sa part, même si je reconnais que sa prévenance m'a interrogée, j'aurais dû me douter qu'il avait quelque chose derrière la tête. J'imagine qu'il a fait ça pour que je sois plus docile, ça a peut-être fonctionné avec d'autres mais pas avec moi.

La porte s'ouvre alors sur les femmes que j'ai vues en train de recoudre des tissus dans cette même pièce. Deux d'entre elles portent un énorme baquet de bois qu'elles posent à mes pieds et les autres portent des cruches remplies d'eau, qu'elles versent dans le baquet.

- Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire avant, mais tu pues c'est une horreur, alors tu vas me faire le plaisir de te laver. Je t'attendrai dehors, n'en profites pas pour t'enfuir, me lance Alistair en sortant.

Totalement rouge de confusion après sa remarque, je me mets à regarder à droite à gauche pour voir où je pourrais me changer sans que les femmes devant moi puissent regarder.

- Oh allez ! ne fait pas de manières, on est entre nous, me dit l'une d'elles.

Je suis choquée. Croit-elle vraiment que je vais me déshabiller devant elles ? Puis ça me frappe, elle m'a parlée en carthaginois. Est-elle aussi une esclave carthaginoise ? Avant que je puisse me pencher un peu plus sur la question, elle s'approche de moi et arrache ma robe, sans trop de difficulté vu son état délabrée.

- Je ne sais pas ce qui t'es arrivée mais vu l'état de ta robe, je ne préfère pas savoir, dit-elle en lançant un regard de dégoût à ce qui n'est plus que lambeaux.

Je couvre précipitamment ma poitrine, plus gênée que jamais et j'imagine aussi rouge qu'une écrevisse. Avec un sourire sadique, les autres femmes m'attrapent rapidement les jambes et les bras, puis me jettent toute entière dans le baquet. Je sors tout de suite ma tête de là, l'eau est gelée. Je tente de m'extraire du baquet mais les harpies m'en empêchent et commencent, à l'aide d'un bout de tissu et d'un savon à me frotter le corps.

- Tu as la peau toute douce, quelle chance.

- Ne dis pas n'importe quoi, sa chance ce sont plutôt ses yeux. Je n'en avais jamais vu de si clairs, je suis très jalouse. J'aimerais avoir les mêmes.

- Personnellement je préférais avoir son corps. Regardez les filles, il est divin. Une poitrine bien galbée, des rondeurs là où il faut, un ventre plat...Le rêve !

- Je préfère largement ses cheveux, bouclés, soyeux, noirs de jais...Tout ce que les miens ne sont pas.

Je n'ai pas le temps de me sentir gênée par une de leurs remarques qu'elles enchaînent avec une autre, sur mon physique, mon mutisme ou les quelques blessures que m'ont causées mes chaînes. J'ai l'impression qu'elles ne vont jamais s'arrêter de parler.

Avant que je puisse comprendre comment, je me retrouve séchée, habillée d'une robe bleue ciel descendant jusqu'à mes chevilles, les cheveux tressés et des sandales un peu trop grandes aux pieds. J'entends ensuite toquer à la porte.

- C'est bon ? Elle est habillée ?

- Oui monsieur, vous pouvez entrer.

Alistair pousse aussitôt la porte. Il me déshabille ensuite d'un regard satisfait.

- Bien, tu es présentable. On va pouvoir aller voir notre maîtresse.

Je grogne, je n'apprécie vraiment pas ce terme. Alistair me lance un regard chargé d'avertissement. Ça va, j'ai compris, je me tiendrai tranquille, pour l'instant du moins. D'un signe de tête, il m'invite à le suivre, ce que je fais. Nous nous dirigeons vers l'atrium où je vois la femme qui m'a achetée se faire éventer par un esclave,allongée sur une sorte de lit.

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant