Si seulement... Tome 1

Chapitre 14 : Marcus

Cela fait quelques jours que je n'ai pas vu Scipion, depuis sa visite éclaire après mon agression en fait. D'ailleurs quand Émilia a vu mon état elle était complètement paniquée. Elle courrait partout en criant, me demandant toutes les cinq minutes si j'allais bien et avait l'air de se ronger les sangs à chaque seconde, une vraie mère poule.

Otho a du me faire plusieurs examens pour qu'elle se calme un peu et il y a deux jours j'en ai eu tellement marre que je l'ai évitée toute la journée. Ce n'est que le soir lors de la séance de musique qu'on a pu parler au calme et qu'elle a compris que j'allais bien.

Maintenant elle a beau avoir une mine inquiète quand elle me voit, elle a arrêté de me demander tout le temps si j'allais bien et est plus calme, en même temps j'imagine que mes bleus encore visibles et mes poignets bandés ne l'aident pas à être rassurée.

Otho aussi m'a ménagée durant tout ce temps, tellement que ça en devenait pénible. D'accord j'ai été blessée, d'accord j'ai des bleus et des griffures, d'accord mes poignets ont été malmenés mais ce n'était pas une raison d'en faire autant. Il ne me laissait plus faire la cueillette dans la forêt ou porter plusieurs bocaux à la fois. Il me traitait comme une petite fille fragile et j'ai horreur de ça, enfin maintenant ça y est, les choses sont revenues à peu près à la normale et je suis en route pour jouer de la musique à Émilia.

- Qu'est ce qui t'a pris de faire ça ?

Alors que je m'apprêtais à entrer dans la chambre d'Émilia, cette phrase, presque criée, m'empêcha de frapper à la porte pour signaler ma présence.

- Je ne vois pas en quoi ça te regarde Émilia.

- Tu es mon mari Scipion, tout ce que tu fais me regarde.

- Par tous les dieux, heureusement que non, tu n'en supporterais pas le tiers.

- Je ne parle pas de tes plans de batailles mais reconnaît que provoquer Lucius en duel en plein sénat n'est pas une chose très avisée.

Quoi ? Qu'est ce que c'est que cette histoire ?

- A moi non plus il ne m'est pas sympathique mais...

- Pourquoi revenir là-dessus alors que je l'ai battu et que tout s'est bien fini.

- Ça c'est toi qui le dit, tu l'as battu certes, mais ça ne s'est pas bien fini vu que tu l'as aussi humilié devant tout le sénat. Le provoquer à chaque fois que tu le désarmais pour qu'il reprenne son arme...Franchement Scipion à quoi pensais-tu en faisant ça ?

- Je ne l'ai jamais forcé à la ramasser son arme, il a choisi de se battre à chaque fois, ce n'est pas ma faute si il ne sait pas tenir une épée.

- Mais avais-tu vraiment besoin de t'acharner sur lui à ce point ? On a dû évacuer Lucius de la salle couvert de blessures...et ce regard que tu avais durant le duel, on aurait dit que tu voulais le tuer.

- ET ALORS ? CE SALE RAT M'INSUPPORTE DEPUIS DES ANNÉES. IL SE CROIT TOUT PERMIS PAR CE QU'IL VIENT D'UNE FAMILLE PUISSANTE. IL MÉPRISE TOUT LE MONDE, MÊME SON PROPRE FRÈRE, JE NE POUVAIS PLUS LAISSER PASSER CELA.

Surprise par le soudain éclat de voix de Scipion je m'écarte par réflexe de la porte.

- Émilia, je t'apprécie sincèrement, mais laisse les adultes régler leurs histoires entre eux et occupe toi de tes affaires.

Suite à ces paroles, j'entends des pas s'approcher de la porte et voit celle-ci s'ouvrir brusquement. Scipion sort de la pièce, énervé mais résolu à s'éloigner. Concentré sur son objectif, il ne me voit pas, ce qui m'arrange beaucoup, je n'aurai ni à expliquer ma présence, ni à mentir sur le fait de ne pas avoir entendu la conversation.