Chapitre 18 : désir

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Les jours passent et l'attitude de Scipion à mon égard change du tout au tout. Il a cessé de venir me voir à l'improviste, ne fait plus aucune remarque déplacée lorsqu'on se croise par hasard. Il est devenu totalement indifférent à ma présence. J'ai beau en être soulagée, je ressens quand même une petite pointe au cœur sans pouvoir expliquer pourquoi.

Durant ma convalescence, afin de tromper au mieux mon ennui et lui rendre hommage, j'ai gravé le nom de mon père sur une pierre et l'ai déposé sur sa tombe. Ne connaissant pas les rites funéraires grecs et ne voulant pas faire ceux des carthaginois, j'ai simplement suivi mon instinct. Je vais sur sa tombe tout les jours, parfois pour lui parler, parfois pour lui déposer des fleurs et faire une prière.

Mes blessures étant maintenant guéries je peux retravailler sans qu'Otho ne me surveille. Vu les températures actuelles, la cueillette des plantes n'est pas très agréable mais j'arrive toujours à passer quelques instants de détente dans la clairière où j'ai découvert la source chaude. Les vapeurs de cette dernière réchauffent mon corps et le relaxe, c'est très agréable.

En parlant de ça, Marcus est revenu et on remarque que le traitement fait effet. Ses petites cicatrices sont parties et les plus grosses diminuent peu à peu. Par contre comme c'est la première fois que je l'utilise aussi longtemps sur quelqu'un, je ne sais pas combien de temps ça restera efficace.

D'ailleurs il va bientôt arrivé, je dois me dépêcher de finir la crème pour qu'elle ait le temps de refroidir. Il faut juste que je mélange la farine avec le reste de la préparation afin qu'elle épaississe pour la rendre plus facile à appliquer.

Une fois la crème suffisamment épaisse, je retire le chaudron du feu et attrape un chiffon pour nettoyer l'établi. J'aime bien ces tâches du quotidien, cela me donne un sentiment de sérénité, un peu comme lorsque j'étais chez moi, à Carthage.

Une fois l'établi propre, je m'attaque aux étagères, n'étant pas très grande, j'atteins toujours difficilement les derniers étages, même avec l'aide d'un tabouret. Concentrée sur ma tâche, je ne fais pas attention à mon environnement.

- Bonjour.

Surprise je tombe de mon tabouret et avant qu'un seul bruit sorte de ma gorge, deux bras puissants me rattrapent.

- Tu n'es pas blessée ?

Encore un peu sous le choc, je fais non de la tête et m'écarte ensuite de Marcus.

- Je suis désolée de vous être tombé dessus comme ça.

- Ne t'inquiète pas ce n'est pas de ta faute, je t'ai surprise.

Je lui souris doucement, il est vraiment très compréhensif. Ce n'est pas la première fois que je le constate.

- Je vais m'asseoir sur le lit comme d'habitude.

- Oui, je pense que la crème a suffisamment refroidi.

- Vu le temps qu'il fait dehors ça ne me dérangerais pas si elle était chaude.

- Sauf qu'elle est plus efficace froide.

- Je me fie à votre jugement docteur.

Je pouffe malgré moi.

- Arrêtez de me taquiner. Ce n'est pas correct.

- Pourquoi ?

Je soupire.

- Parce que vous êtes un riche général romain et que moi je suis une esclave carthaginoise.

- Arrête de dire ça. C'est désagréable.

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant