Chapitre 11 : ordre

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Je marche en direction de la cabane que je partage avec Otho, animée d'une fureur sans nom. Comment ose t'il vouloir me mettre dans son lit ? N'a t'il aucun respect pour les sentiments des gens ? Rhaaa, j'ai un besoin urgent de taper dans quelque chose pour évacuer le trop plein d'énergie que je ressens.

Toujours hors de moi, je pénètre dans la hutte que je partage avec Otho et me mets à marteler de coup de poing mon oreiller.

- Ordure, enfoiré, espèce d'immondice. Tu aurais dû rester dans mon rêve, tu étais beaucoup plus agréable.

Je continue de pester à voix forte tout en poursuivant le massacre de mon oreiller qui, le pauvre, n'a rien demandé.

- Je croyais que la fête s'était bien passée.

Je sursaute, toute à ma colère je n'avais pas remarqué l'arrivée d'Otho dans la maison.

- Est-ce Alistair qui te met dans cet état ?

- Non, c'est ton maître. Dis-je en bougonnant.

- Pourquoi ? Il a été très agréable.

Suis-je vraiment la seule à remarquer ses phrases à double sens ? Vu l'air perplexe d'Otho, il semblerait que oui. À moins que tout le monde soit sous son charme et ne cherche donc pas à aller plus loin, ce qui me paraît l'hypothèse la plus probable.

Ne souhaitant pas argumenter d'avantage, je me glisse sous les couvertures, retire ma tunique, la jette à proximité de mon lit et tente de me détendre grâce à des exercices de respiration afin de m'endormir rapidement. Au bout de quelques minutes, mes yeux commencent à se fermer et je m'endors.

Je sens un vent salin caresser mes joues, j'entends le crissement du sable sous mes doigts, je note le parfum chaud du soleil sur mon corps. Je suis de retour sur la plage qui hante mes songes depuis trois mois. La beauté du paysage, gravée dans ma tête, se présente devant mes yeux malgré le fait qu'ils soient clos.

Non je ne veux pas revivre à nouveaux ce rêve, il faut que je me réveille. Je me pince le bras le plus fort possible et ouvre les yeux, espérant être de retour dans ma chambre. À ma grande déception, je suis toujours sur la plage.

Bon,puisque je suis coincée ici autant mettre ce temps à profit. C'est vrai que maintenant que j'y pense, je ne me suis jamais vraiment demandé pourquoi j'ai fais le même rêve durant trois mois. Otho, à qui j'ai parlé du fait que mes songes étaient identiques nuit après nuit, m'a dit que les journées que l'on passe se reflètent dans nos rêves.

Je veux bien admettre que mes journées soient, pour la plupart du temps, similaires, mais il y a quand même eu de nombreuses fois où des imprévus se produisaient et mon rêve ne se modifiait pas.

Est-ce parce que les dieux l'ont voulu ? Je réfute cette pensée. Ils ont bien d'autres choses à faire que de s'intéresser à ce point à de simples mortels. Quoique...pas si simple que ça. Bien que je sois une bâtarde, je reste la fille d'Hannibal, chef des Carthaginois et Scipion, malgré son jeune âge pour un général, est un puissant stratège. D'autant plus qu'il fait parti d'une des plus puissantes familles romaines.

Admettons le fait que ni lui ni moi ne soyons ordinaires. Quel serait l'intérêt pour les dieux de nous faire rencontrer dans nos rêves trois mois avant la réalité ? Peut-être nous préparer au fait de nous supporter. Mais, dans ce cas là, pourquoi nous faire ressentir toutes ces émotions qui siéent plutôt à des amoureux ?

Je veux bien admettre que Scipion soit un bel homme, mais il n'est pas le seul. De plus, il est l'époux d'Émilia, une femme adorable que je commence à considérer comme une amie. Quel peut donc bien être leur but ? Si toutefois ce sont bien les dieux qui ont orchestré ce stratagème.

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant