Si seulement... Tome 1

Chapitre 12 : rencontre

On y est, c'est le grand jour. Celui de la fête et paradoxalement, celui de mon enfer personnel. Les deux semaines précédentes ont été les plus intenses de ma vie, physiquement bien sûr par ce qu'en plus de mon travail avec Otho, j'ai dû répéter plusieurs fois par jour et ce jusque tard dans la nuit, mais également mentalement et ce pour deux raisons. La première, assimiler le fait d'être entourée de personnes que je méprise au plus au point et la seconde, Scipion.

La première fois que je l'ai vu torse nu fut trois jours après l'ordre d'Émilia me demandant de venir jouer de la harpe dans sa chambre avant qu'elle dorme. Je crois bien avoir bavé pendant au moins deux secondes, jusqu'à ce que je vois son sourire en coin. J'ai failli lui arracher les yeux en voyant son air satisfait. Heureusement, Émilia n'était pas encore arrivée dans la chambre, sinon j'aurais été morte de honte.

En soi, les « représentations » dans les appartements d'Émilia se passent, pour l'instant, relativement bien. Je caresse les cordes de la lyre, ce qui au passage m'exerce et m'entraîne dans un moment de bien-être à chaque fois, Scipion et Émilia m'écoutent et sont sous le charme, puis me congédient et je retourne m'exercer dans la hutte médicale.

Sauf qu'à chaque fois que je sors de leur chambre, je surprends le regard de Scipion, il est rempli de désir et se dirige uniquement vers moi, avant qu'il tourne la tête et se concentre sur sa femme et ça me fait mal.

J'ai beau essayé de me raisonner le plus possible, ça ne fonctionne pas, il m'attire toujours et ça m'enrage autant que ça me fait du bien, je vais finir par devenir folle. Étrangement je n'ai plus rêvé de la plage et de Scipion. Bien que courtes, mes nuits sont maintenant reposantes et je me réveille sans émotions parasites.

- Ah Roxana tu es là. Les invités vont arriver, il faut que tu rejoignes les musiciennes dans la maison principale.

- Et toi Otho ? Qu'est ce que tu vas faire ?

- Moi je vais terminer mes préparations et aller me coucher. Ce genre de fête n'est plus de mon âge.

Je lui lance un sourire amusé et sors de la hutte. Sur mon chemin je croise quelques personnes qui me lancent des regards admiratifs. J'en surprends de temps en temps depuis la fois où j'ai joué à la fête du retour de Scipion, c'est flatteur et ça gonfle mon ego.

Une fois arrivée devant la maison principale, j'entends des cris et de l'agitation. Qu'est ce qui se passe ? L'organisation de la soirée ne devrait-elle pas être finie ? Les invités sont peut-être en avance. Non ça m'étonnerait.

- Je n'en ai rien à faire, vous me changez ça immédiatement.

Alistair ? Il n'était pas aux cachots celui là ? Et pourquoi crie-t-il ainsi ? Je me précipite à l'intérieur de la pièce et je reste bouche-bée devant le spectacle. Par tous les dieux, cet imbécile à l'air d'être en train de changer toute la décoration de la salle, quelques instants avant que les invités n'arrivent. J'espère sincèrement me tromper parce que si c'est le cas, Scipion et Émilia seront humiliés pendant très longtemps, du fait de ne pas avoir réussi l'organisation d'une fête à temps.

- Qu'est ce qui se passe ici ?

En parlant du loup...Ouh et ils ont l'air furieux. Par contre quelle prestance et quelle élégance. J'en reste bouche-bée quelques instants. Émilia porte une longue toge blanche, cachant ses pieds, soulignée d'une ceinture incrustée de saphir bleu, s'accordant magnifiquement à ses yeux.

Des bracelets en or où sont gravés des lys ornent ses bras, de grands anneaux, en or également égayent ses oreilles et font ressortir les éclats blonds de ses cheveux, retenus en arrière par des broches en argent en forme de feuille de vigne. Son maquillage dans les tons dorés, lui donne un regard qui transperce les gens. Le léger fard blanc, étalé sur son visage, ne cache pas entièrement la brûlure de colère qui lui est montée aux joues, cependant il permet de souligner subtilement ses lèvres parées de rouge.