Chapitre 15 : surprise

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Cela fait environ une semaine que Marcus vient tous les jours pour son traitement. Au début j'étais stressée mais à part des bonjours, merci et au revoir respectueux il ne m'a pas adressé la parole. Bien que je ne sois toujours pas habituée au fait qu'il s'incline devant moi avant de partir, je commence à apprécier sa compagnie silencieuse.

Il est poli, n'a aucun geste ou regard déplacé, est respectueux, parfois même un peu trop et a toujours un léger sourire lorsqu'il entre dans la hutte. S'il n'était pas romain et général j'aurais aimé m'en faire un ami.

Enfin, ça c'était avant qu'il m'annonce hier que son frère avait invité Émilia et Scipion à un divertissement aujourd'hui dans sa demeure et qu'Émilia m'ordonne de venir. Je n'ai absolument aucune envie de revoir l'immonde charogne qui lui sert de frère. Sauf que je n'ai pas le choix alors je vais devoir prendre mon mal en patience.

Je finis de préparer ma besace tout en bougonnant sous l'œil inquiet d'Otho.

- As-tu pris du thym contre la toux ?

- Oui.

- Et la camomille si tu as mal à la tête ?

- Oui.

- Et les feuilles de plantain si tu te blesses ?

- Oui.

- Et as-tu suffisamment de bandage ?

- Oui c'est bon, j'ai aussi du miel pour apaiser les douleurs légères, des noix si j'ai un petit creux et un vêtement supplémentaire si j'ai froid.

- Je m'inquiète un peu trop hein ? Dit-il gêné tout en se grattant la nuque.

Je lui offre un sourire réconfortant et lui souhaite une bonne journée avant de rejoindre l'entrée de la villa où se situe le lieu de départ.

Le jour commence à peine à se lever lorsque nous partons. Émilia et Scipion sont bien sûr à la place d'honneur, c'est à dire au milieu, entourés par des soldats afin de les protéger. Viennent ensuite les quelques cadeaux qu'il est de coutume d'offrir lorsque l'on est invité, puis les cinq esclaves dont je fais partie qu'Émilia et Scipion ont jugé nécessaire d'emmener avec eux.

Il n'y a pas de vent mais il fait vraiment froid, nous entrons au mois de Novembre alors ce n'est pas étonnant. Ma robe de laine est assez chaude et je dois marcher rapidement afin de ne pas me laisser distancer mais ça ne veut pas dire que c'est une situation agréable, j'ai hâte d'arriver et de me mettre au chaud.

Après je ne sais combien de temps, nous arrivons finalement à la villa. J'ai mal aux jambes et aux pieds. Heureusement le soleil s'est levé, réchauffant un peu l'atmosphère, mais la température restant basse, tout le convoi grelotte plus ou moins.

Émilia et Scipion descendent de leur véhicule, font signe aux soldats de se diriger vers l'écurie avec leur voiture et aux esclaves de les suivre.

Une fois entrée à l'intérieur du bâtiment, le froid cesse aussitôt de martyriser ma peau. Pourtant, j'ai beau avoir plus chaud, un pressentiment glacial se loge dans mon ventre dès que je franchis les portes de la demeure. Comme si quelque chose de terrible allait m'arriver, ce qui va s'avérer douloureusement vrai.

- Ah Scipion, Émilia. Bienvenue chez moi, vous venez si rarement qu'à chaque fois j'ai l'impression que c'est la première fois.

Je note le fait qu'il ait dit « chez moi » au lieu de « chez nous » malgré la présence de son frère. Est-il donc insignifiant à ce point pour lui ?

Émilia affiche un sourire un peu crispé suite à la phrase de Lucius et se cramponne au bras de son mari, qui, lui, reste aussi impénétrable que le marbre. Son envie de partir d'ici se sent à des lieus à la ronde et vu le sourire froid de Lucius, ce dernier le sait parfaitement. J'espère qu'aucun incident majeur ne se produira. Mentalement je fais une prière aux dieux afin qu'ils veillent à ce que la situation ne dérape pas.

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant