Chapitre 19 : aveux

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Cela fait plusieurs minutes qu'Otho me fixe sans prononcer un seul mot. Ça me met de plus en plus mal à l'aise, je sais très bien qu'on aurait pas dû s'adonner à ce genre d'activités ici, mais il n'est pas obligé d'être aussi intimidant.

- Roxana, commence t'il en soupirant. Je sais que je n'ai pas besoin de te rappeler qui tu es et qui il est, alors veux-tu bien me dire pourquoi par tous les dieux vous vous apprêtiez à faire l'amour dans le lit de la hutte médicale ?

Son ton allant crescendo, il finit par hurler sa question.

- Pour être honnête Otho, ce n'était pas du tout prévu.

- Ça je m'en doute, mais les faits sont là, alors j'attends une explication. Exige-t-il toujours en criant.

- Pourquoi es-tu en colère au juste ? Par rapport au lieu ou parce que tu penses que je ne suis pas assez bien pour lui. Dis-je en m'énervant légèrement.

- Ça n'a rien à voir. Oui ce n'était ni le lieu ni le moment et à mes yeux tu vaux beaucoup plus que lui, mais si je suis en colère c'est parce que contrairement à d'habitude tu as laissé ton intelligence au placard. Sais-tu combien de femmes sont venues me voir en pleurs, me suppliant d'interrompre leur grossesse parce que leur riche amant les a laissé tomber ? Sais-tu combien de chagrin d'amour j'ai du consoler ? Sais-tu combien d'esclaves, reconnues publiquement comme amantes d'hommes puissants ont été retrouvées mortes ?

Sa tirade me laisse sans voix, non je ne sais rien de tout cela et je me sens affreusement bête tout d'un coup.

- Je ne veux pas que tu souffres Roxana, tu es bien trop importante pour moi maintenant pour que je regarde la situation sans réagir. Me confit-il, la voix soudain beaucoup plus calme.

- Pardon Otho, excuse-moi. Dis-je d'une petite voix.

Mais quelle gourde je suis. Otho a raison, pourquoi ais-je cédé aussi facilement ? Ça ne me ressemble absolument pas. J'envoie paître en un rien de temps les hommes qui s'approchent un peu trop de moi et même si j'ai plus de difficultés, j'y arrive aussi avec Scipion, alors qu'est ce qui m'a pris par Zeus ?

- Roxana, si je te dis tout cela c'est pour que tu fasses attention, l'amour est une chose merveilleuse, c'est vrai, mais cela ne doit pas t'empêcher de faire preuve de prudence. Contrairement à toi, Marcus est capable de tout ici, sa famille avec quelques autres, règnent en maîtres sur l'empire romain. Tu te doutes bien que des esclaves comme nous sont insignifiants à leurs yeux.

Je sais qu'il ne le dit pas méchamment mais chacun de ses mots me donne l'impression de recevoir un poignard dans le cœur. Je dois avoir l'air pitoyable parce qu'Otho se lève de son tabouret et vient m'enlacer doucement.

- Pour te dire la vérité Roxana, je te mets en garde parce que je sais que tu souffres beaucoup, tu es très secrète alors je ne sais pas grand-chose de ton passé mais de ce que tu m'as laissé en voir, il n'est pas très reluisant, je veux juste t'éviter une blessure supplémentaire.

Émue, je hoche la tête et lui rends rapidement son étreinte avant de m'écarter.

- J'ai des choses à faire. Dis-je en essuyant discrètement mes yeux.

- Tu devrais peut-être te laver les mains avant, je ne sais pas ce que tu as manipulé mais elles sont toutes collantes, se moque Otho.

Je baisse les yeux et effectivement, ça ne me ferait pas de mal.

- C'est le liquide de Marcus ?

- Mais...mais non pas du tout, c'est la crème contre les cicatrices. Criais-je tout en rougissant fortement.

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant