Si seulement... Tome 1

Chapitre 21 : parchemins

Cela fait maintenant plusieurs minutes que je suis dans les bras de Marcus, à apprécier son étreinte, quand une douce caresse me sort de ma torpeur.

Je lève la tête vers Marcus et comme d'habitude, son regard vert me désarçonne, sauf que cette fois je n'y décèle aucune trace de souffrance, il n'y a que de la tendresse.

- Tu m'as manqué Roxana.

Je sais qu'il est sincère et qu'il m'apprécie vraiment alors je lui souris, d'un sourire plein de reconnaissance.

Il ramène une mèche de cheveux derrière mon oreille et continue ensuite ses caresses sur ma joue. Lentement, il rapproche son visage du mien dans l'intention évidente de m'embrasser et même si je ne suis pas contre, je pose doucement mes doigts sur ses lèvres pour l'arrêter.

- Ce n'est ni le lieu, ni le moment.

- La dernière fois non plus et pourtant...

- Évitons d'empirer les choses s'il vous plaît.

Un sourire amusé se dessine sur le visage de Marcus.

- Je peux au moins continuer à te serrer dans mes bras ? Me demande-t-il, mi taquin mi anxieux.

Pour répondre, je referme mes bras autour de lui et cale ma tête contre son torse. Il se met à me caresser les cheveux tout en reposant sa tête sur la mienne, me serrant tendrement. Un raclement de gorge fait éclater notre bulle.

- Je peux comprendre le fait qu'une esclave ne résiste pas au fait d'avoir un général romain dans son lit, mais je m'attendais à un peu plus de classe de ta part Marcus.

Plus blessée que je ne le souhaite par cette remarque, je m'écarte et baisse les yeux.

- Ne parle pas d'elle comme ça.

Le ton sec de Marcus m'étonne et apaise quelque peu ma douleur suite à la phrase de Scipion. Ce dernier balaie le reproche d'un geste de la main et s'assoit derrière son bureau fait d'acajou en marmonnant, les yeux rivés sur des parchemins.

Alors que j'amorce un mouvement pour sortir de la pièce, Scipion m'apostrophe et m'ordonne de venir devant lui. Plus tendue que je ne le souhaiterais, je m'exécute.

- Que sais-tu du général Hannibal ?

Sa question me prend tellement de court que je ne peux cacher ma surprise. Un haussement de sourcil suspicieux de sa part plus tard et je me racle la gorge afin de cacher ma gêne.

- Je sais ce que tout carthaginois sait. C'est un stratège de génie, il voue une haine aux romains suite à l'assassinat de son père par ces derniers...

- Je précise alors, sais-tu quelque chose concernant sa descendance ?

Un frisson de terreur me parcourt à la fin de sa question.

- Comment saurais-je quoi que ce soit, je ne suis qu'une fille du peuple.

- Ne me prends pas pour un imbécile, il y a forcément des rumeurs sur ce genre de chose alors je t'écoute.

Une peur soudaine me paralyse et je n'ouvre pas la bouche.

- Manifestement, tu sais quelque chose, dit Scipion en plissant les yeux.

Son regard perçant ne fait qu'accentuer ma crainte.

- PARLE.

J'ouvre la bouche avant même d'y penser.

- Je...je sais qu'il a un garçon et...et une fille. Dis-je terrifiée.

- Une fille...dit Scipion en se grattant le menton. Nous savions pour le garçon mais pas pour la fille.