Chapitre 41

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23/02/2018, Clairefontaine

2 mois sont passés. 2 mois de peine, de pleurs, de dépression. J'ai fini mes vacances chez papa et maman, je ne suis rentré chez moi que pour le nouvel an, que j'ai passé avec Alex et Elise. Antoine a pu récupérer ses affaires grâce à Alex qui lui a ouvert mon appartement. J'ai perdu 7kg, je ne mange plus, je n'ai plus goût à rien. Mais il faut que je retourne bosser. Et que je le revois. Je n'ai eu aucun signe de lui pendant cette période. Pas un bonjour, pas un ça va, même pas un "bonne année"... Il me manque, mais je crois qu'il a raison. C'est voué à l'échec. 

Je retrouve ma chambre, je n'ai pas changé. Par contre, chez les gars de l'équipe, tout a changé. Antoine n'est pas à mon étage, heureusement. On est partis pour quelques petites semaines d'entraînement avant la série de matchs amicaux à venir, j'ai donc commencé à préparer mes séances. Je vais en profiter pour rester loin des gars, je ne peux pas mélanger vie pro et vie privée. Enfin, je vais essayer. 

J'ai déjà croisé les joueurs, tous me saluent avec de grands sourires, à l'exception d'Antoine qui a un visage assez fermé vis-à-vis de moi. La presse people parlait récemment d'une nouvelle conquête espagnole, ce qui m'a mis hors de moi, mais je n'ai pas mon mot à dire là-dessus. C'est surtout des rumeurs qui circulent, et j'espère intérieurement qu'elles sont fausses. 

02/02/2018, Clairefontaine

Une semaine est passée. Les entraînements défilent, les soirées FIFA aussi (je n'ai pas pu résister à Kylian et son insistance). En parlant de lui, j'ai l'impression qu'il se rapproche de moi. Il est tactile, comme avant, mais je n'ai pas le même ressenti qu'avant. Je pense me faire des films, mais quand même. J'ai eu le droit à une série de questions sur mon secret pour ma sèche, j'ai failli répondre d'aller demander la recette à Antoine, mais j'ai préféré mentir. Je ne me sens plus à ma place, j'ai l'impression de toujours être faux. Je veux rentrer chez moi. 

J'étais allé fumer comme à mon habitude et remontais à mon étage. Je sors et vois Antoine dans le couloir, au téléphone, tout sourire. Je l'ignore et avance vers ma porte. Je vais pour la pousser quand j'entends :

Antoine
"Euh ... Tu fais quoi là ?"

Moi
"Je rentre dans ma chambre, Antoine."

Antoine
"Non, ça, c'est la mienne."

Ah. Je regarde la porte, j'y vois sa photo... Effectivement. 

Moi
"Putain je me suis trompé d'étage."

Antoine
"T'inquiètes, ça arrive."

Je pars en direction de l'ascenseur, je le vois raccrocher et m'attraper par le bras. Je ressens une décharge.

Antoine
"Tu vas bien ?"

Moi
"Laisse moi. Ce n'est plus ton problème."

Il essaie d'insister, je le pousse assez fortement et m'enfuie dans les escaliers. Je ne veux plus le voir, je ne veux plus l'entendre. Pourquoi il s'inquiéterait, ça fait des mois qu'il m'ignore. 

Je regagne ma chambre et m'allonge. Ce contact ... C'est comme un retour en arrière. Je me mets à pleurer silencieusement. Comment sortir de là ? Cette situation va vraiment me rendre fou... J'essaie de me calmer, je pars me doucher, et repars fumer. Je n'arrête plus depuis cette rupture. 

Je sors de ma chambre et descends au rez-de-chaussée. Je regagne le salon où j'avais l'habitude de me poser pour fumer. Seul, ou à deux d'ailleurs... J'ai mes écouteurs, j'essaie d'éviter le cliché des sons dépressifs, mais j'en glisse quelques-uns dans ma playlist. Je me pose sur mon fauteuil fétiche, allume ma cigarette, et m'étend de tout mon long, les yeux fermés. C'est probablement l'un des meilleurs moments que j'ai pu passer ici. Je me sens vide en réalité. Comme si je n'avais rien à donner aux autres, que je n'avais rien à faire ici... 

Je me fais sortir de mes pensées par une main sur l'épaule, c'est Kylian. 

Kylian
"Marco, t'es sûr que ça va ?"

Moi

"Ouais ! T'inquiètes pas !"

Kylian
"Mec tes yeux sont hyper rouges, t'as pleuré non ?"

Moi
"Ecoute Kylian, c'est pas vraiment le moment, je préfère être seul."

Kylian
"Mh. J'entends bien. Je te laisse alors, mais hésite pas si tu veux discuter ou autre chose.."

En même temps qu'il me dit ça, il me prend dans ses bras, me faisant un timide baiser sur la joue (bien loin de ma bouche, rassurez vous). Je suis assez étonné, mais cela me fait assez plaisir. Je remets mon écouteur, referme les yeux, mais à nouveau, une main me saisit la cuisse. Ils vont me faire chier à tour de rôle ? 

Antoine
"Tu joues à quoi ?"

Moi
"Hein ?"

Antoine
"Tu me pousses, tu me regardes comme une sous-merde, et maintenant tu te tapes Kylian sous mes yeux ?"

Moi
"Tu te tapes bien la mannequin espagnole devant le monde entier, non ?"

Antoine
"Arrête tes conneries tu me connais. Je n'y ai pas touché."

Moi

"T'as plus à être jaloux de toute façon. Et je t'ai poussé pour que tu me foutes la paix. Le message n'est pas passé visiblement."

Antoine
"C'est bien ça : tes valeurs, le respect, tout ça, c'est déjà bien loin hein ? Tu te foutrais pas un peu de moi ?"

Moi

"Antoine, on n'a plus rien à se dire. Tu me l'as dit toi même, c'est impossible alors s'il te plaît, laisse moi me reconstruire."

Antoine
"Respecte moi, et ne le fais pas sous mes yeux. C'est tout."

Moi
"Mais putain t'es con ou quoi ? Y'a rien entre Kylian et moi."

Antoine
"Eh, parle bien. Le mec te fait des câlins et des bisous sur la joue mais y'a rien ? Allez arrête de te foutre de ma gueule, c'est une habitude chez toi."

Moi (éteignant ma cigarette)"Tu saoules Antoine. Y'a rien je te dis. Tu sais ce que je ressens, arrête d'être aussi débile."

Je pars. Il me suit. Il prend l'ascenseur avec moi, j'appuie sur mon étage et le sien. On monte, grand silence gênant, et arrivé à son étage, il ne descend pas. Je le regarde du coin de l'oeil, il a la tête baissée. 

Moi
"Antoine, c'est ton étage."

Antoine
"Pas ce soir."

Il m'attrape et me plaque contre le mur de la cabine. Les portes se referment, il m'embrasse à pleine bouche. Je tente de le repousser, il insiste un peu, et je succombe. Des caresses se joignent à la partie, je veux que ça s'arrête mais j'aime tellement ça. Je l'aime tellement tout court... On arrive à mon étage, il me prend par la main et me tire jusqu'à ma chambre. Il me plaque contre le mur, me soulève et se frotte à moi, tout en me dévorant le cou. J'ai l'impression de ne pas vivre ce moment ...

Antoine
"Putain je t'aime. Tu m'as manqué."

Il vient de ruiner ce moment. Je le repousse, il pense que c'est un jeu et ne s'arrête pas.

Moi
"Antoine arrête putain, je ne veux pas. Casse toi. Lâche moi !"

Il ne s'arrête toujours pas, il continue de me déshabiller. 

Moi
"PUTAIN ANTOINE STOP."

Je crie presque. Il s'arrête et me regarde, intrigué. 

Moi (en larmes)
"Sors de ma chambre. S'il te plaît."

Antoine (préoccupé)
"Tu veux pas en parler ?"

Moi
"SORS PUTAIN."

Il se rhabille rapidement et s'approche de la porte... 

Dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant