Nous y voilà. Je me suis préparé pour cette soirée, un petit jogging noir qu'Antoine apprécie (il me l'a déjà dit), et un maillot blanc, cintré. Il fait un peu frais, j'ai pris une veste le temps de faire le déplacement jusqu'à sa chambre.
En réalité, je me sens apaisé, mais une boule au ventre ne me quitte pas. Je ne sais pas si tout cela est lié à l'enchaînement de ces derniers jours, le stress de ce qui arrive d'un point de vue professionnel, ou cette discussion qu'Antoine veut avoir. Que l'on veut tous les deux avoir, en réalité. Je ne réfléchis pas vraiment et fonce en direction de l'ascenseur.
" Et si ce n'était que du vent ... "
Je secoue la tête, je ne veux pas de mauvaises pensées. J'appuie sur le bouton, et attends que l'ascenseur m'ouvre ses portes. Je sors mon téléphone, aucune notification. Aucune suffisamment intéressante qui ne pourrait me sortir de mes réflexions en tout cas.
" Et s'il n'était pas sincère ... "
La sonnette de l'ascenseur me sort de ma pensée. J'entre, je me vois dans la glace et m'apprête jusqu'au bout. Je veux être parfait. Je vérifie mon visage, ma tenue, ajuste mon col, et appuie sur le bouton du dessous.
" Et s'il t'abandonnait à nouveau ... "
Je ne peux pas lutter. Je me surprends avec un sourire triste dans ce miroir. Ces idées ne disparaîtront jamais en un claquement de doigts. Au final, ces disputes et ces différents ont créé des traumatismes. Je suis prêt à les mettre de côté, à les pardonner. Mais je crois comprendre qu'une trace restera.
" Est-ce que ça en vaut la peine ? "
Oui. Je sais que ça en vaut la peine. Je le sais, ou je m'en persuade ? C'est une autre question. Et je ne veux pas me la poser tout de suite à vrai dire. L'ascenseur s'arrête, les portes s'ouvrent, mes pieds se mettent en marche. Je m'engouffre dans le couloir, mon rythme cardiaque s'accélère. Il s'intensifie à tel point que je peux le sentir dans chacune de mes extrémités. Je marche, la tête baissée, je suis excité, énervé, triste, heureux ... Juste un mélange d'émotions qui ne font que rendre la scène plus réelle. Mais pourtant, tout semble comme dans un rêve. Mon corps fonctionne en automatique, je ne contrôle rien, je le subis. Mais au fond, j'aime ça. Mon crâne s'embrume, mes pensées défilent, je déglutis et me positionne devant sa porte. Je lève la main pour toquer, mon index cogne une première et une seconde fois, et mon coeur manque un battement. Je suis là. La porte s'ouvre, il est là.
Il me sourit, simplement. Il a l'air heureux. Pourquoi est-ce que je ne peux pas juste l'être, moi aussi ? Il m'invite à entrer et me fais une accolade, son contact me fait frémir, j'ai envie de plus, d'un réel câlin. Mais je m'en préserve.
Antoine
"Tu en as mis du temps !"Moi
"J'ai fait du mieux que j'ai pu ! Tu as prévu quoi finalement ?"Antoine
"Un petit film d'horreur que j'ai vu passer sur les réseaux, un peu de popcorn, qu'est-ce que t'en penses ?"Moi
"C'est parfait !"Je souris à ses mots, et à son attention. J'adore regarder des films d'horreur avec lui, sous la couette. Le popcorn est déjà prêt, on se pose sur son lit et on branche son ordinateur à la télé de la chambre. Le film commence, je me mets un petit peu en retrait le temps de m'accommoder à la situation, mais Antoine vient rapidement me chercher en me prenant dans ses bras.
Antoine
"Tu m'as manqué, tu sais ?"Non ... Pas comme ça ... C'est tellement simple, tout est si facile pour toi avec cette simple justification ...
Moi
"Toi aussi ..."Je ne mens pas, il m'a manqué. Mais ce n'est pas aussi sincère que ça aurait dû l'être. J'ai l'impression qu'il s'en sert comme d'un pardon. Je l'aime, je n'en doute pas, je l'aime tellement fort. Mais c'est tellement simple de me dire ça, maintenant. Il m'embrasse, je ne le repousse pas, mais je n'intensifie pas le baiser pour autant. Je pose ma tête sur son torse, et nous regardons le film. Il n'est pas terrible, mais je ne dirai rien et souris simplement. Il n'a jamais réussi à choisir un film correctement, mais le fait qu'il essaie à chaque fois c'est tellement mignon ...
Le film ne s'intensifie toujours pas, le rythme reste plat. Tellement plat que je sens une respiration se faire de plus en plus profonde. Alors que je tourne discrètement la tête, je peux voir mon bel Antoine endormi. La discussion n'aura donc pas lieu ce soir. Je me sépare de lui, retire mon jogging et lui retire le sien. Il gigote un petit peu, grommèle dans son sommeil le temps que je rabatte la couette, mais il semble profondément endormi. Je me pose à ses côtés et laisse une légère distance entre nous, je ne me sens pas de le coller à ce moment là.
Je cherche le sommeil, en vain. La chambre est plongée dans le noir, et je suis plongé dans mes pensées. J'essaie différents moyens : la méditation, me baser sur le rythme de la respiration d'Antoine, mettre un fond sonore léger, rien ne fonctionne. Je tourne en rond, et rien de concret ne se forme dans ma tête. Rien. Mais je ne peux pas dormir. Je reprends mon téléphone pour mettre un nouveau fond sonore, et en profite pour lire mes notifications. Je fais le tri, mais une dernière retient mon attention. Un ancien client m'a envoyé un message. Contrairement aux autres, il n'essaie pas de me gratter une place pour des matchs, ou un rendez-vous exceptionnel. Non. Son message me glace le sang. La pièce se refroidit, et par réflexe, je me mets en boule. Je cherche à me réchauffer, à me protéger. Ce n'est pas possible, comment ? Personne n'a jamais su, ni pour moi, ni pour tout ça, c'est impossible. Mon téléphone ne bouge pas de mes mains, mes yeux ne quittent pas le message affiché.
@Eriks_0
"Est-ce que c'est vrai que tu sors avec un des gars de l'équipe ?"
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Dans tes yeux
FanficDepuis sa plus tendre enfance, Marco est passionné par le football. Préparateur physique, il postule pour ce rôle chez les Bleus à l'approche de la coupe du monde afin de vivre ce rêve. Entre relations difficiles, coups bas, et bien d'autres surpris...