11/11/2017, 00h,
Refermée, ça ressemblait à une lettre. En l'ouvrant, je n'y retrouve ni la forme d'une lettre, ni l'écriture d'Elise. Plutôt comme un petit mot.
Marco, tu me rends fou. Je ne sais pas quoi penser, je ne sais pas comment faire. J'ai tenté de te repousser, mais j'aime me sentir près de toi. J'aime te réparer le nez, sentir ton souffle près de moi, te toucher, te caresser. J'ai tout essayé, être violent, me persuader de te détester, mais tu reviens toujours dans ma tête. Je ne veux pas apprendre à gérer tout ça, mais j'ai besoin de t'en parler, de comprendre ce qui m'arrive. Je ne sais pas, m'être retrouvé contre toi dans ce fauteuil tout à l'heure m'a réellement perturbé. Je crois que je suis fou de toi, mais je te déteste pour ça. Pourtant toi, tu t'en fout de tout ça. Tu m'aides quand je ne vais pas bien, tu cherches à me comprendre. Je t'attire ? J'ai besoin de savoir pourquoi tu es comme ça. J'ai besoin de réponses.
La lettre n'est pas signée. L'indice du fauteuil me laisse comprendre que c'est un mot d'Antoine, évidemment. Mais comment ça 'tout à l'heure' ? Ce mot date de plus d'un an ? Cela pourrait expliquer beaucoup de choses, il est vrai. C'est donc ça, ce qu'il me reprochait ? De ne pas lui avoir répondu ? Je ne sais pas si je dois lui en reparler, il n'apprécierait probablement pas. Et actuellement, je ne compte pas lui adresser la parole. Je verrais ce que je fais plus tard.
En attendant, je prends mon briquet et redescends pour assister à la compétition. Je me sens bizarre cependant. Un sentiment de confiance, de joie, mêlé à de l'angoisse et du stress. Je suis installé dans un canapé devant l'écran, on parle avec les gars. Ils sont encore heureux de leur victoire, logique, ça a l'air de les mettre en confiance pour la compétition. Paul me regarde, avec un sourire taquin, et me dit : « T'as intérêt à nous faire bosser deux fois plus hein ! » et il rigole. Pas moi. Je ris jaune à vrai dire, et je sens mon souffle s'accélérer à nouveau. Je sors discrètement en contrôlant ma respiration comme je peux et me pose dans la véranda, avec un peu d'air frais. « Tout ira bien ». Je me répète cette phrase dans ma tête, puis la susurre. J'arrive à me calmer, et décide de m'allumer une cigarette. C'est sûr, quelque chose ne va pas. Mon travail ne me mettrait jamais dans cet état-là.
Je suis en train de finir ma clope, quand j'entends quelqu'un arriver. Kylian me rejoint et se pose à côté de moi.
Kylian
« Ça va ? T'avais pas l'air serein après la vanne de Paul. »Moi
« Oui oui t'inquiètes, j'ai des petites montées de stress par moment mais elles repartent aussitôt. »Kylian
« Te mets pas dans des états comme ça hein ! C'était juste une petite blague, rien de méchant, on fait confiance en ton talent ! »Moi (souriant)
« Je t'assure, ça va ! Y'a juste des choses qui remontent des fois comme ça, mais rien de fou. »Kylian (inquiet)
« Tu veux en parler ? »Bien sûr que j'en ai envie. Tout ça me monte à la tête... Mais pas à lui. Je feins donc un sourire le plus sincère possible.
Moi
« Mais non, tout va bien. Les gars ont fini leur partie ? »Kylian
« Non justement, ils s'inquiétaient pour toi ! On y retourne ? »Je le suivis pour finir la soirée. Paul est venu me voir entre deux manches, je lui ai dit à peu près la même chose qu'à Kylian, il n'a pas insisté et s'est excusé. Je lui ai bien dit qu'il n'avait pas à le faire, mais il a insisté. Je croise le regard d'Antoine, il est envieux, il a envie de me parler aussi. Enfin, c'est une impression. Son mot ne quitte pas mes pensées, je suis tellement nerveux à propos de tout ça, j'ai envie de l'interroger. Mais ça n'est pas le moment. Et ça ne le sera jamais. C'est un footballeur, il est très connu, l'homosexualité et la bisexualité n'ont pas leur place ici. Et peut-être que ça n'était qu'un sentiment passager, tout comme ce baiser.
2h du matin,
La soirée se termine. Paul a encore gagné, Olivier le vit plutôt mal. Ça s'est fini en bataille d'oreiller (et heureusement, j'ai cru qu'Olivier allait lui mettre une droite). Paul est fort pour narguer ses adversaires, en particulier quand il est sur le point de gagner.
Je remonte à ma chambre, suivi par Kylian et Antoine. Ma porte est grande ouverte... Je ne me rappelle pas l'avoir laissée comme ça. Je rentre, vérifie tout en compagnie de Kylian, rien. « T'as dû mal fermer derrière toi ! » me dit-il. Peut-être... J'étais ailleurs c'est vrai. Je ferme toujours à clé, mais j'ai dû oublier pour une fois.
Je fais un dernier tour de vérification, rien n'est dérangé ni fouillé. Ça doit être un oubli. Mon ordinateur est bien à sa place, dans la pochette. Je range mon briquet au même endroit, retombe sur la lettre d'Antoine, et referme le tout. Je ferai mieux de ne pas penser à tout ça.
10h,
Je me réveille un peu tard, ma séance est à 15h, j'en profite pour une fois. Je fonce voler deux trois petits trucs en cuisine histoire de bien démarrer la journée. Je tombe sur Paul en descendant, les gars viennent de finir leur footing. Je me dis que faire un peu de sport me fera du bien aussi, je fonce à la salle. Sur la fin de la séance, je ressens une petite douleur à l'ischio. C'est pas le moment de se blesser, j'en profite pour aller voir les kinés. Oui, j'ai le droit d'en profiter, tant qu'il n'y a pas de joueurs (logique). J'ouvre en espérant tomber sur Isa : c'est bien le cas. Mais elle est en train de masser le fessier d'Antoine. Je reste choqué pendant quelques secondes avant de balbutier un « Désolé » et de m'enfuir aussi vite que possible. 30 minutes plus tard, un message d'Isa me dit que je peux descendre, en se foutant de moi.
Je descends, et tombe face à face avec Antoine. Merde.
Antoine (narquois)
« La vue t'a plu j'espère ? La prochaine fois tu toqueras avant d'entrer. »Je ne réponds rien, j'essaie d'avancer et il m'attrape par le poignet.
Antoine
« Pas super poli ça. Tu mattes les gens et tu t'enfuis sans t'excuser ? »Moi
« Arrête, je t'ai dit que j'étais désolé. J'ai un souci avec mon ischio, je voulais voir Isa. »Antoine
« Ah oui, pour la baiser c'est ça ? »Gros silence. C'est super gênant.
Moi (le défiant des yeux)
« Ma vie privée ne te regarde pas. Je baise avec qui je veux, je fais ce que je veux. »Antoine (soutenant mon regard)
« Ah t'en es sûr ? »Moi (souriant)
« J'en ai jamais douté. »Il me lâche, d'un air dégoûté. Je cherche pas à comprendre, un massage m'attend. Isa est super professionnelle, ça me fait un bien fou. « Juste une petite contracture. Passe tous les jours jusqu'à la fin de la semaine prochaine, et tu pourras reprendre après. » me dit-elle. Putain, une semaine d'arrêt ? C'est le moment de renforcer le haut alors.
Je remonte à ma chambre pour me préparer pour le déjeuner. Je vois la porte d'Antoine grande ouverte. Je toque, l'appelle, il ne répond pas. J'entre, histoire de vérifier que personne ne se soit introduit, non c'est le même bordel que d'habitude. J'arrive dans la chambre, et le vois, nu avec un gros casque sur les oreilles, en train de se masturber. Là, je suis mort.
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Dans tes yeux
Hayran KurguDepuis sa plus tendre enfance, Marco est passionné par le football. Préparateur physique, il postule pour ce rôle chez les Bleus à l'approche de la coupe du monde afin de vivre ce rêve. Entre relations difficiles, coups bas, et bien d'autres surpris...