Chapitre 52

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Je sors du discrètement du lit, aussi silencieusement que possible. Qu'est-ce que je peux faire ? J'essaie d'analyser la situation, de prendre du recul. Rien d'impulsif, surtout pas. Mais est-ce que je dois en parler à Antoine ? Je ne peux pas lui cacher. Mais tout est fragile, il l'est lui-même sur ce sujet. C'est sa vie avant tout. La mienne également, bien qu'elle ne sera pas du tout impactée de la même manière. Il va paniquer, en plein milieu de la préparation de la compétition, c'est du suicide !

Je me réfugie dans la salle de bain, je me passe un coup d'eau, je respire et tente de me calmer. Ce n'est pas si grave. Pour le moment en tout cas ... Je dois en parler avec lui. Je ne dois pas lui mentir, encore moins dans ce début de réconciliation. Mais je sais que je vais le perdre. Il n'est pas prêt pour ça, et il ne le sera jamais. La notification date d'il y a à peine deux heures, je ne répondrai pas ce soir. Peut-être que je pourrais en savoir plus ? Non, c'est trop risqué. Je vais laisser ça à demain. J'essaie de me rappeler du profil de cet homme, mais il a toujours été discret. Je l'ai coaché à de nombreuses reprises, et il n'a jamais été intéressé par cet aspect de ma carrière, il ne m'en a jamais parlé, et encore moins questionné à ce sujet.

Quelques bonnes minutes se sont écoulées, je me sens légèrement mieux. Mon estomac reste noué, mais je décide d'aller me reposer. Je retourne dans le lit, j'essaie encore une fois de ne pas faire de bruit et me met dos à lui.

Antoine (se réveillant et marmonnant)
"Tu faisais quoi ?"

Un frisson me traverse. Je réponds juste du tac au tac.

Moi
"Je sais pas .. Je trouve pas le sommeil, j'ai eu des montées d'angoisse.."

Il se colle à moi et me serre à lui.

Antoine
"Je suis là, tu n'as pas à t'en faire."

Ces mots me font frémir à nouveau. Je n'y arrive pas. Je ne peux pas lui mentir comme cela. Et je ne veux pas de ça si nous n'avons pas pu nous expliquer avant. Encore une fois, les pensées fusent. Mais elles ne s'arrêtent pas. Mon noeud à l'estomac grossit, j'ai l'impression d'éclater silencieusement. Mon souffle s'intensifie par moment, c'est ma seule échappatoire pour ne pas craquer.

Antoine
"Dis moi ce qui ne va pas."

Moi
"Non ça va, t'inquiètes."

Antoine
"Marco, tu n'es pas à l'aise, tu luttes contre toi-même. On doit recommencer sur des bases saines, parle moi. Je suis avec toi, pas contre toi."

Je retiens une larme, je laisse la taie d'oreiller l'absorber avant même qu'elle ne coule.

Moi
"C'est difficile, je ne sais pas, je suis perdu. J'attendais vraiment que l'on discute ce soir, que l'on fasse le point et que l'on puisse aller de l'avant..."

Mais finalement, je ne peux plus rien contrôler. Donc je craque. Un premier sanglot, sa main me caresse le bas du dos.

Antoine
"Eh .. On va l'avoir cette discussion, tu aurais pu me réveiller aussi. Ne te mets pas dans des états comme ça pour si peu."

Moi
"Non Antoine, c'est pas juste ça. Tout remonte. Tout. Est-ce que tu ne vas pas encore disparaître, est-ce que je ne vais pas faire de la merde, et puis tout ce bordel avec ta notoriété... Je sais pas si j'en suis capable."

Antoine
"Je pense qu'on devrait en discuter à tête reposée. Je viens d'émerger, tu dois être fatigué et là tu es beaucoup trop angoissé, je te connais."

Il est compréhensif, et ça m'étonne. L'impulsif qu'il est devrait normalement me foutre à la porte en me disant qu'il avait raison et que cette relation ne mènerait à rien. Pourtant au fond de moi, je ne peux pas m'en empêcher. Il faut que je le pique. Je ne veux pas souffrir tout seul. Il n'a pas encore les bons mots, et ce soir, il me frustre plus qu'autre chose en essayant de bien faire. Je sais que tout se mélange, la peur et l'angoisse de ce putain de message, notre relation et les séquelles, mes craintes, ma fatigue, ma tristesse ... Et je sais que cette frustration ne pourra que déclencher un sentiment de rage.

Dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant