Chapitre 43

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Je l'entends, mais je ne réagis pas. J'ai l'impression que mon corps ne répond plus. Je le sens s'agiter derrière moi, mais je ne bouge pas. J'ai envie de faire l'enfant, de faire semblant de dormir. De rire avec lui, de le câliner. Mais je souffre encore. Sa présence m'apaise autant qu'elle me fait du mal. 

Antoine
"Laisse moi partir, je dois dormir il est tard."

Moi
"Est-ce que tu peux rester, juste cette nuit ?"

Pourquoi ? Je ne sais même pas. Si c'est juste une nuit, je veux juste me sentir bien. Dormir paisiblement, sentir cette présence. Et tout recommencera comme si rien ne s'était passé demain. 

J'ai bien compris pourquoi il m'a autant ignoré. J'ai repassé mille et une fois mes paroles dans ma tête, ce que j'avais dit à Alex à Noël. J'aurais réagi de la même manière. Ce que je n'arrive pas à digérer, c'est d'avoir été ignoré à ce point. Me traiter comme un inconnu. Comme un fan. J'ai tenté les messages subtils, réagir à une story Instagram, lui adresser un message pour lui demander des nouvelles, mais rien ne fonctionnait. Il ne les a même pas ouverts. 

Pourtant ses bras sont comme un énorme pansement. Je ne veux pas en sortir. 

Antoine
"Je ne sais pas si c'est une bonne idée... Marco, je ne sais pas ..."

Moi (le coupant)
"Non, ça n'engage en rien. Je veux juste passer cette nuit contre toi, on ne recommence rien, ça n'empirera rien."

Antoine
"Tu sais très bien que..."

Moi (le coupant à nouveau)
"Reste. S'il-te plaît..."

Il acquiesce silencieusement, et se rallonge. Il m'enlace et me serre fort contre lui. On se met en cuillère, il se colle contre mon dos et m'embrasse le cou. 

Antoine (chuchotant)
"Bonne nuit"

Je ne réponds pas, cette fois-ci, je fais semblant de dormir. 

03/03/2018, Clairefontaine

J'ouvre les yeux, Antoine est encore là. Seul un bras se trouve par dessus mon bassin, la cuillère ne tient jamais longtemps de toute façon. Je souris en voyant son visage d'ange à côté de moi. Je sais que je dois en profiter, mais je sais que je dois me protéger. Mon crâne est un réel bordel, mais pour une fois, je ne veux juste pas réfléchir. 

Je me redresse et l'enlace aussi fort que je peux, en l'embrassant sur la joue. 

Moi
"Réveille toi mon beau, la journée a déjà commencé et on va être en retard."

Il grogne un peu, ne se lève pas et se cache sous la couette.

Moi
"Antoine, debout ! On ne peut pas sortir de la même chambre et tu le sais."

Il grogne encore, toujours caché. Je me lève et fais comme si j'allais à la salle de bain. Je fais couler l'eau de la douche et toque sur ma propre porte. J'entends une agitation dans le lit, et le retrouve en caleçon devant la salle de bain. 

Antoine (chuchotant)
"Putain, c'est qui tu penses ?"

Je pars en fou rire tout seul. 

Moi (rigolant)
"C'est moi, je savais que tu te lèverais."

Il râle un peu plus, je passe mes bras autour de son bassin.

Moi
"Excuse moi, je voulais juste éviter que ça arrive pour de vrai." 

Il finit par sourire, et m'embrasse. Je recule sur le coup, puis je reviens l'embrasser. 

Moi
"On n'a pas le temps, tu veux te doucher ?"

Antoine
"J'irai après toi, t'inquiètes."

Moi
"Je ne pense pas qu'on n'ait le temps, viens si tu veux."

Il me rejoint sous la douche. Je le sens tenter de déraper, mais on n'a vraiment pas le temps. Je le repousse gentiment et le lui signale. Il râle encore, comme un enfant. 

On se prépare en vitesse, il part avant moi au petit-déjeuner, je viendrai 10 minutes plus tard. 

Je checke mes réseaux, Alex prend de mes nouvelles, je reste vague et ne parle pas de ce qu'il s'est passé hier soir. Juste le minimum, que je suis heureux de retrouver l'équipe, que je ne tenterai rien avec Antoine pour le moment (hum hum), et que je le tiendrai au courant de tout ça. 

Je poste une petite story de la vue sur jardin, on voit un beau ciel bleu pour un mois de mars, profitons-en ! 

J'arrive donc au petit-déjeuner, je vois que j'ai retrouvé mon appétit et me sers un bon plateau. Je me fais un peu chambrer, mais comparé à l'équipe, je reste un petit joueur. C'est décidé, je me reprends en main. Peu importe ce qui se passera, je dois le faire pour moi. 

Antoine ne me lance pas un regard pendant le petit-déjeuner. C'est un peu vexant, mais il respecte ce que l'on s'était dit. Je pense que je vais devoir parler avec lui, mais ce n'est pas le moment. 

J'entraîne les gars cet après-midi, je vois les détails avec Didier dans la matinée. Objectif : le match amical contre la Colombie le 23, et celui contre la Russie le 27 mars. On a un peu plus de trois semaines pour les préparer, tout devrait rentrer dans l'ordre. 

Je finis ma réunion avec Didier et le reste du staff, on retient l'essentiel, il faut gagner. Un match, une qualification, une finale, la coupe. On sent que la pression monte, bien que l'on soit loin de l'ouverture, les préparatifs commencent et tout le monde commence à s'activer. C'est sans doute la phase la plus importante avant cet été, prendre confiance, se sentir prêt, s'améliorer ... Je vais prendre exemple sur ces idées... 

Je profite de ma fin de matinée pour reprendre la salle. Une séance haut du corps, je sens bien les deux mois d'arrêt, mais ça me motive. Fin de l'entraînement, un petit tour chez le kiné et une petite récupération dans la piscine, tout est bon !

Le repas du midi se passe, Kylian m'invite à m'assoir à côté de lui, et cette fois j'ai le droit à un sourire d'Antoine que je lui rends. En même temps, il mange face à moi. Sous la table, je sens un contact sur mon genou et rougis, c'est risqué, c'est même surprenant de sa part. Une sorte de caresse timide et délicate. 

On sort de table, les joueurs vont se préparer, mais Antoine m'attend dans le hall avant de monter se changer. 

Moi
"T'es con, depuis quand tu fais des choses comme ça ?"

Antoine (perplexe)
"Euh ... De quoi tu parles ?"


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