Chapitre 22

241 8 0
                                        


05/11/2017, 15h

Je viens de finir l'entraînement des gars. Le cardio semble s'être largement amélioré, la puissance et l'endurance avec. Prochaine étape : l'explosivité. Certains la maîtrise déjà, ce petit Mbappé en particulier. Une machine ce type !

Cela fait deux semaines que « l'incident » avec Antoine s'est passé. Avec Isa aussi d'ailleurs, il ne faut pas l'oublier. Mais les réaction sont loin d'être les mêmes... Isa continue de faire comme s'il ne s'était rien passé, elle devient chaque jour une amie encore plus proche. J'ai envie de lui raconter pour Antoine, mais je n'ose pas. Lui m'ignore complètement : aucun regard, aucune expression, aucune sympathie, mais du professionnalisme... C'est déjà ça ! Mais ce baiser me trotte dans la tête.

Le premier match amical arrive bientôt, Didier me convoque pour une petite réunion d'ailleurs. Un gros bilan est effectué sur l'ensemble du groupe, puis au cas par cas. Il semble super satisfait d'ailleurs, cela me convient amplement. Mais je dois mettre les bouchées doubles après ces premiers matchs. L'objectif ? Faire de ces gars des machines de guerre. La pression commence à monter finalement... Moi qui suis d'habitude habitué à ce genre de conneries, je remonte dans ma chambre en commençant à suffoquer. Ma poitrine se gonfle de plus en plus vite, j'ai l'impression de ne pas avoir assez d'air. Ça ressemble à une crise d'angoisse, je connais quelqu'un qui en faisait régulièrement à une période et l'appelle immédiatement.

Alex

« Salut gros je suis désolé mais je peux pas ... »

Moi (suffoquant)

« Attends ... S'il te ... Plaît... »

Alex (inquiet)

« Merde, qu'est-ce qu'il t'arrive ? (il parle derrière lui) Déplace le rendez-vous de 20 minutes, j'ai une urgence. (il regarde à nouveau la caméra) Qu'est-ce que t'as ? »

Moi

« Je sais ... pas, je panique ... j'ai eu une montée ... de stress. »

Alex (souriant)

« Et tu t'es souvenu du petit Alex et de ses crises d'angoisses au lycée ? Ok, ça me va. Écoute moi bien. Prends une grande respiration, autant que tu le peux. Tout va bien, il faut que t'arrives à te décoincer, et sortir de ton cycle rapide. Regarde-moi dans les yeux, pose ton téléphone, et continue à inspirer le plus possible. »

Je l'écoute autant que je peux, ma poitrine se soulève et se baisse à un rythme de plus en plus lent.

Alex

« Niquel, tu t'en sors super bien. Continue comme ça. »

Quelques minutes passent, ma crise avec.

Alex

« Bon, maintenant tu m'expliques tout. »

Et là, je bug. Ma crise est liée à ma pression pro ? Ou à toutes ces choses autour ? C'est vrai que j'ai très peu parlé de l'ensemble de ces choses arrivées en si peu de temps. En un an, j'ai eu le poste de mes rêves, la pire rupture que j'aurais pu avoir, une agression homophobe qui m'a valu un sacré sommeil, une « relation » particulière avec un footballeur pourtant homophobe sur les bords, la coupe du monde qui arrive et qui se concrétise... Et c'est dans ces moments que le passé refais aussi surface. Mes parents, ma solitude, le harcèlement que j'ai connu au collège qui m'a poussé à apprendre à me défendre, la perte de gens que j'aimais, la liste est forcément longue. Même si on se passerait bien de ces choses-là, c'est ce qui fait qui je suis aujourd'hui. Et j'ai l'impression que tout raconter sera long, et inutile. Je passe mon tour.

Dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant