Nous sommes restés comme ça pendant quelques minutes. Toute l'accumulation de ces pensées noires, de cette haine, de cette tristesse, c'est comme si elle s'évaporait le temps d'un instant. Je me sens léger, je me sens bien. Deux mois que je ne pensais plus jamais dire cette phrase. Mais je sais que ce bonheur sera toujours éphémère.
On finit par se détacher à regret. Il garde une main sur ma hanche et me caresse avec son pouce.
Antoine
"Je n'aurais jamais supporté ta perte Marco."Moi
"S'il-te-plaît, je ne veux plus en parler pour le moment..."Antoine
"Je suis là pour toi en tout cas. Peu importe le jour, l'heure, je suis là."Pour le moment, pensais-je, tête baissée.
Moi
"Merci Antoine."Antoine
"Je peux simplement te poser une question ?"Moi (perplexe)
"Dis moi ?"Antoine
"Elise .. Est-ce que tu l'aimes encore ?"Moi (soupirant)
"Non Antoine.. Je l'ai aimée très fort, aussi fort que je pensais pouvoir aimer. J'ai vécu des choses incroyables avec elle, mais ça reste une relation relativement courte. Les sentiments profonds étaient naissants, et nous nous sommes séparés pour ne pas souffrir de ce genre de choses derrière. La seule chose, c'est que je n'ai jamais pu faire le deuil de cette relation avec tout ce qui s'est passé. Je n'ai pas pris de temps pour moi pour assimiler et passer à autre chose."Antoine (me coupant)
"Donc tu es encore attaché ?"Moi
"Pas sentimentalement, juste amicalement. Tu l'as vue, c'est une femme qui mérite tout le bonheur du monde et qui donnerait tout pour ses proches."Il acquiesce.
Moi
"Je ne veux pas la perdre de ma vie alors qu'elle n'est en rien une menace dans ma vie sentimentale."Antoine
"Alors pourquoi tu es aussi jaloux ?"Je bug un bon moment. Je le regarde droit dans les yeux, et j'ai l'impression de le comprendre en même temps que je vais lui dire.
Moi
"J'ai peur qu'ils m'abandonnent. J'aurais tellement aimé qu'Alex m'en parle alors qu'il me l'a juste caché... Et .. et je l'ai pris comme s'ils me faisaient sortir de leur vie. J'ai peur de les perdre, donc je préfère le faire en premier. Les bloquer autant que je le peux, les détester aussi, pour que ça fasse moins mal. Je n'ai rien contre leur amour, au contraire ils sont mignons ensembles et ils sont heureux, c'est tout ce que je leur souhaite..."Antoine
"Tu ne penses pas que tu devrais leur en parler ? Qu'ils puissent comprendre ?"Moi
"Pour une fois Antoine, je veux juste penser à moi."Il me regarde. Je lis dans ses yeux de l'inquiétude et de l'interrogation.
J'ai passé mes derniers mois à m'occuper des autres, prendre soin des autres. J'arrive à un moment où je veux être ma propre priorité. Mon bien-être avant tout.
Moi
"Allez, on va être en retard à l'entraînement si ça continue."Je l'aide à se relever, il essaie de garder ma main dans la sienne jusqu'au bâtiment. Je la garde un peu, mais finis par m'en détacher. Je dois penser à moi.
L'entraînement se déroule bien. Les joueurs se donnent à fond, chacun commence à comprendre les objectifs de ces séances. Elles sont réalisables sans difficulté, et peuvent paraître simples. Didier y assiste pour juger l'investissement des joueurs, et préparer ses feuilles de match justement. Son équipe doit être formée des plus méritants.
Chacun repart, j'échange avec Didier. Pour le moment, il fait du repérage pour vérifier la motivation, la progression et les intentions des joueurs. Rien de définitif, encore quelques semaines et quelques variantes à ce type d'entraînement pour que sa liste se dessine d'elle-même.
Le repas du soir arrive, je mange avec le staff et tente de penser à rien. Je noue un peu plus de liens côté staff médical, c'est vrai que l'on se croise assez peu et c'est bien dommage. Je fais la connaissance de Jules en particulier qui passe son repas à enchaîner ses histoires et anecdotes toutes plus folles les unes que les autres. On a beaucoup de points communs sur notre parcours professionnel, il a bossé sur quelques films en tant qu'ostéopathe. Les mêmes raisons nous ont poussé à quitter ce milieu, comme dirait Jules : "C'est tous des cons là-dedans."
Je suis invité à passer boire un verre avec eux après le repas, je vais pour me préparer et entend Paul m'interpeler.
Paul
"Marco ! Soirée FIFA ? On te voit quasiment plus, faut qu'on règle ça."Moi
"Pas ce soir Paul, je te jure que je ne peux pas. Compte moi dans la prochaine !"Paul
"Sans souci, t'as intérêt à pas mettre de plan alors."La soirée se passe et je rigole vraiment bien. Je ne consomme pas trop, j'essaie de ne plus trop m'approcher de l'alcool. Jules me raccompagne à ma chambre en finissant son anecdote, il est au même étage que moi. Il me fait une bise, un sourire, et me souhaite une belle nuit.
J'entre dans ma chambre et découvre Antoine assis sur mon lit.
Antoine
"Je voulais pas te faire peur... Tu as cinq minutes ?"
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Dans tes yeux
FanfictionDepuis sa plus tendre enfance, Marco est passionné par le football. Préparateur physique, il postule pour ce rôle chez les Bleus à l'approche de la coupe du monde afin de vivre ce rêve. Entre relations difficiles, coups bas, et bien d'autres surpris...