Dans tes yeux

Chapitre 26

Moi
« Donc t'es venu me dire que c'est dommage que je sois né sans vagin ? »

Antoine
« Arrête, le prends pas comme ça. Je sais pas ce que je vis vraiment. Je sais pas si j'ai juste une image de toi comme un sauveur, ou si tu me plais réellement.

Sympa...

Moi
« Antoine, si tu ne sais même pas ce que tu veux toi, pourquoi avoir une discussion ? »

Il me regarde, il reste muet quelques secondes.

Antoine (en baissant les yeux)
« Parce que je crois que je tiens à toi. Plus qu'un collègue. Plus qu'un coach. Plus qu'un ami... »

Je pose ma main sur son épaule.

Moi
« Pas besoin de te forcer. Je ne sais pas si je suis prêt à revivre une relation. »

Pourquoi j'ai dit ça ? Quel con... Je viens de tout détruire en une demi-seconde.

Antoine (vexé)
« Non non.. euh.. Je parlais pas forcément de se mettre en couple.. enfin, prends le temps qu'il te faut quoi.. Et puis, je suis peut-être pas vraiment prêt non plus hein, crois pas. »

Il se lève à nouveau et s'enfuit sans que je ne puisse le retenir. Je me sens bête. Perdu aussi. Est-ce que cette relation peut mener à quelque chose ? Une heure passe, je cogite sans cesse. Je descends pour aller fumer. En remontant, je toque à la porte d'Antoine, j'ai besoin d'en reparler. Pas de réponse. Je reçois simplement un message : « Je pense que ça suffit pour cette nuit. On en reparle une autre fois. ».
Je crois que j'ai tout gâché...

18/11/2017, Clairefontaine,

Le stage touche à sa fin. Je ne retrouverai pas le centre avant mi—février. Je risque de recroiser certains joueurs dans mes petites missions dans les clubs, mais je ne sais pas encore où je vais passer ces quelques mois.

Antoine ne me calcule plus. J'ai tenté de lui faire des petits sourires, de lancer la discussion lorsque l'on sortait en même temps de nos chambres, mais rien. Je rentre chez moi avec encore toutes ces questions.

À peine arrivé à l'appartement, Alex arrive. Il voulait absolument faire une soirée de 'retrouvailles', je n'ai pas pu refuser. Il me ramène de l'alcool en quantité, je me rends compte que cela fait très longtemps que je n'ai pas bu. En deux verres, c'est le flou total. Je me vois encore me servir un verre alors que ma tête tourne, et puis plus rien...

20/11/2017, 12h30,

Putain, mon crâne. Je n'ai jamais été mort aussi rapidement. Et je n'ai jamais eu autant mal à la tête que aujourd'hui. Je prends un doliprane, découvre mon appartement dégueulassé par du vomi presque nettoyé, quelle horreur.

Je me trouve sur mon canapé, à moitié allongé. Mon dos me fait vraiment mal, j'ai dû mal dormir. Alex lui dort paisiblement dans mon lit, quel enfoiré. Je tente de nettoyer un peu, avant de vomir à nouveau. C'est donc pas le vomi d'Alex partout dans l'appartement ! Je me douche, ouvre les fenêtres malgré le début de l'hiver, et pars me coucher dans mon lit, auprès d'Alex. En me sentant arrivé, il me fait un câlin, puis se retourne et se rendort.

14h45,

Je me réveille en sursaut, sans me souvenir de mon rêve. Je me sens super angoissé, je déteste les black-outs et l'alcool est bien redescendu. Je saisis mon téléphone : plus de batterie. Bizarre, il était plein et je ne me rappelle pas m'en être servi. Je le branche, me lève à nouveau et pars en opération ménage avec de la musique sur mon ordinateur branché aux enceintes.

Après deux heures de nettoyage intensif, je retourne chercher mon téléphone.

Isa
2 appels manqués

Isa
3 messages non lus

@alex_mstr
Pense à supprimer tes stories demain !

Et d'innombrables noms ayant répondu à mes stories.

Mes stories ? Quelles stories ? Je clique en tremblant un peu... Un fiasco total. On m'y voit en train de danser, de boire des verres cul-sec ou encore un concours de shots avec Alex. Je regarde les personnes ayant regardé ces vidéos, les joueurs de l'équipe (la honte), mais personne du staff. Sauvé. Je supprime tout avant de me faire griller par un membre des bureaux de la FFF qui n'hésiteraient pas à déchirer mon contrat de travail.

Je passe maintenant aux messages d'Isa... Un second fiasco.

Moi

Quand tu veux pour se refaire un petit truc, à deux.

Isa
Tu te fous de moi, c'est toi qui voulais plus rien ?

T'es dispo quand ?

Marco ?

Merde... Je veux pas lui faire de mal, et je n'y arrive pas avec elle. Elle me plaît mais ça me semble impossible. Je tente une réponse sympathique :

Moi

Je suis vraiment désolé pour hier, j'ai parlé de notre petit truc à mon meilleur ami et il m'a volé mon téléphone.

Ok, j'assume pas. Et alors ? Elle ne saura jamais que c'est moi qui lui ai env...

Isa
C'est lui aussi qui a posté les stories où tu te filmes en selfie ? T'aurais au moins pu être honnête Marco...

Et merde. Je ne lui réponds qu'un petit « Désolé » avant d'aller lire les réponses à mes stories. Pas mal de moqueries, logique, des messages de drague, un peu lourds, et au moment où je vais entamer la lecture des 3 dernières personnes de la liste, un appel FaceTime. « Antoine ». Je ne réponds pas.

@antogriezmann
T'es connecté, décroche.

Un nouvel appel, je fais le mort. Alex arrive à ce moment-là et rigole en voyant ma tête horrifiée.

Alex
« Mec, t'étais déchaîné. J'ai jamais autant ri avec toi, jusqu'au moment où t'es devenu un geyser. Sérieux, t'étais impossible à canaliser, c'était dégueu à voir. J'ai nettoyé comme j'ai pu, et ça m'a saoulé, désolé. »

On en rigole alors, on mange rapidement ensemble, et il s'en va. Il a un rendez-vous avec une jolie fille rencontrée sur Tinder, pour changer ! J'ai pas eu le droit aux photos, ça porte malheur selon lui (il est devenu parano depuis le jour où il est tombé sur une femme qui avait complètement photoshop ses photos).

Avant de partir, mon téléphone sonne à nouveau. Il me regarde :

Alex
« Je vois que la vidéo d'hier l'a bien rendu jaloux ! »

Moi
« Hein ? De quoi tu parles ? »

Alex
« Tu voulais absolument rendre un mec jaloux hier. Ça avait l'air top secret, j'ai pas cherché à comprendre, mais du coup, tu m'as embrassé en vidéo. Avant ton vomi hein, t'inquiètes je suis pas maso ! »

Ah oui... J'étais sacrément bien.

Moi« Putain je suis vraiment désolé... »

Alex
« T'inquiètes, ça m'a rappelé le lycée, quand je t'aidais à t'assumer ! J'avais oublié que tes lèvres étaient si douces. (il me fait un clin d'œil et explose de rire). Allez, faut que j'y aille ! À plus ! »

Et il part. Je ne sais même pas ce que j'ai dit, ce que j'ai fait... Je ne veux plus jamais boire. À ce point, en tout cas.

Mon téléphone sonne une nouvelle fois, c'est le 9ème appel manqué d'Antoine. Je finis par décrocher.