Chapitre 48

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Cette putain de passion. Ce feu qui n'a jamais cessé. Celui qui se ravive à chacun de ses regards, à chacun de ses contacts. Celui qui ne s'éteint pas, et qui ne s'éteindra jamais. Celui qui réchauffera toujours mon cœur, mais celui qui me fera souffrir éternellement. Celui qui me brûlera lentement, jusqu'à ce que je ne sois qu'un reste de cendres à la merci du vent. 

Antoine
"Qu'est-ce qu'il t'arrive Marco ?"

Moi
"Ne pose pas de questions, j'ai besoin de tes bras."

Il tapote sur son lit pour que je le rejoigne. J'essuie mes larmes, entre deux hoquets, et tente de retrouver une respiration calme et profonde. 

Antoine
"On se fait peut-être trop de mal, il fau..."

Moi (le coupant)
"Je veux juste tes bras. Je t'en parlerai, promis."

Il acquiesce silencieusement, en me câlinant. Il me fait des papouilles sur l'avant-bras, et je vois qu'il a encore mon bracelet. L'émotion remonte en moi. Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce qu'on fait bordel ? 

Je veux juste être heureux. Je sais que lui aussi. Pourquoi est-ce qu'on s'inflige tout ce mal ? La séparation nous tue, notre flamme ne s'éteint pas, mais la communication ne se fait pas. Et ça nous ronge, à chaque putain de regard. 

Moi
"J'ai besoin de toi dans ma vie Antoine."

C'est sorti, plus vite que je ne le pensais. Ce sont des paroles incontrôlables, mais tellement désespérées. Juste un appel au secours, une demande d'aide, avant que je ne me noie. Dans ses yeux, dans mes sentiments, dans ma propre vie. Je ne sais pas, je ne sais plus ce que je dois penser. Il ne répond pas instantanément, mais ses papouilles continuent.

Antoine
"Pourquoi tu aurais besoin de moi ?"

Moi
"Tes bras, ta présence. Je me sens moi-même avec toi. Je me sens bien. Tu me rends heureux... Enfin, tu me rendais heureux."

Antoine
"On se détruit Marco. On pourrait s'aimer autant que l'on pourrait, ça ne suffirait pas."

Moi
"Tout pourrait s'arranger si l'on communiquait vraiment. Si l'on allait au bout des choses."

Antoine
"J'ai besoin de temps pour moi. La coupe du monde arrive, je ne sais pas si j'ai besoin de ça."

Notre relation se définit à un 'ça'. Je le prends sincèrement mal. C'est peut-être une maladresse, une abréviation pour parler plus rapidement, je ne sais pas. Mais ce mot résonne. Je ne sais pas si ses sentiments sont aussi puissants que les miens, s'il endure la même chose que moi. Peut-être que je vis les choses plus intensément, peut-être que je suis tombé amoureux plus rapidement ... Ou peut-être qu'il a déjà tourné cette page. Que ça restera dans le passé.

Moi
"Je comprends, je respecte ta décision."

A ces mots, je me lève et me dirige vers la porte.

Moi (feignant un sourire)
"Bonne nuit Antoine !"

Je n'attends pas sa réponse, je ferme la porte rapidement et m'enfuis. Je descends fumer, mais je sors du bâtiment pour cela. Je n'ai pas envie d'être retrouvé. J'ai chaud, ma tête est bouillante, mon corps transpire. Je ne sens même pas la fraîcheur de la nuit, je suis juste guidé par la lumière de la lune et des étoiles. Je marche, sans m'arrêter. Je prends une cigarette, j'en fait tomber une, j'essaie d'allumer mon briquet qui commence à manquer de gaz, mes mains tremblent, le vent souffle, et je m'assois. 

Dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant