Chapitre 2 - Un accident prémédité n'est plus un accident mais un piège -

377 28 6
                                    

Mes pieds me font tellement mal, je ne vous dis même pas le soulagement qu'est de se laisser tomber dans les draps propres de son lit. Rappelez-moi de ne plus danser aussi longtemps avec des talons. D'ailleurs, je retire d'une main paresseuse ces putains de chaussures qui me déglinguent les pieds, puis les balance à l'autre bout de la chambre. Tel un asticot, je me tortille pour en faire de même de ma robe qui, malheureusement, se trouve être tachée par la boisson de cet inconnu aussi charmant que bizarre. On ne va pas dire que c'est une grande perte puisque je me suis retrouvée contrainte à la mettre par Maë, mais disons qu'elle était trop belle pour finir de la sorte.

Ce soir, j'ai de la chance, mes parents sont de sortie ce qui fait que j'ai la maison pour moi toute seule. Je pense que dans le cas contraire, je me serai déjà faite engueuler pour avoir fait autant de bruit en plein milieu de la nuit. Mon réveil indique qu'il est trois heures du matin est mon avion est dans quelques heures à peine. Le réveil va être dur je le sens. Je devais normalement aller dormir chez Maë pour passer ma dernière soirée ici en sa compagnie, mais j'ai décidé de quitter la boîte de nuit plus tôt que prévu, trop fatiguée pour attendre quelques heures supplémentaires. J'ai donc dit à ma meilleure amie que je passerai chez elle une heure avant de partir prendre mon avion pour que l'on puisse prendre le petit-déjeuner ensemble.

Je me décide donc à éteindre la lumière, sans même penser à me démaquiller ou me mettre en pyjama. Je suis bien trop fatiguée. Lorsque j'attrape mon téléphone pour mettre une alarme pour dans quelques heures, je me rends compte que j'ai un message de la part d'un numéro inconnu. Fronçant les sourcils, je déverrouille l'appareil et me dirige vers la page de discussion avec malgré tout, un mauvais pressentiment.

"Kayla, c'est Maë. J'ai paumé mon téléphone et Wess, tu peux venir me chercher ? "

Bordel Maë ! Ce n'est pas la première fois qu'elle me fait ça au beau milieu de la nuit, mais franchement, ce soir n'est vraiment pas le bon moment. Je ne sais même pas si elle est encore dans la boîte de nuit ni même à qui appartient le téléphone avec lequel elle me joint. Je déteste quand elle se met dans ce genre de situation. Ni moi ni les gars sommes là en cas de problème et en plus si elle n'a pas son téléphone, ça veut dire qu'elle ne peut pas nous prévenir en cas d'urgence. La savoir avec le portable d'un inconnu - et donc avec cet inconnu en question - ne me rassure pas du tout.

Je me lève donc avec difficulté puis lance un appel sur ce numéro pour comprendre exactement dans quelle situation s'est mise mon amie. En plus, je sais qu'elle ne peut pas rentrer seule parce qu'elle était déjà bien éméchée lorsque j'ai quitté la boîte de nuit pour rentrer. Je n'imagine pas dans quel état elle doit être actuellement. Les sonneries passent, mais personne ne répond. Je commence aussitôt à m'inquiéter, jusqu'à ce que je reçoive un nouveau message.

"Je suis sur le parking de la boîte, tu peux venir ? "

"Ne bouge pas, j'arrive", je réponds sans me soucier une seule seconde du fait que normalement, Maë ne met jamais de ponctuation dans ses messages.

J'enfile un bas de jogging puis le premier haut que je trouve dans mon armoire avant de quitter en vitesse la maison. J'embarque bien évidemment mon téléphone et prends mes clés de voiture pour ensuite repartir dans la direction de la boîte de nuit. Je sais que ce n'est pas bien de conduire avec un état de fatigue semblable au mien, mais je n'ai pas le choix et je dois aller chercher Maë. Je vous promets qu'une fois que je me trouve face à elle, elle va entendre parler de moi ainsi que de ma colère. Je me déconcentre quelques secondes de la route pour lancer un nouvel appel afin de la prévenir d'où je me trouve, mais je tombe encore une fois sur la messagerie. Mes sourcils ne peuvent s'empêcher de se froncer et un mauvais pressentiment me prendre de nouveau. C'est comme si j'avais une boule à l'intérieur de l'estomac qui ne cessait de grandir plus la voiture avançait. Je finis par balancer mon portable sur le siège passager avant de me concentrer sur la route face à moi avec un bâillement.

Lorsque je vois cette chose par terre, j'enfonce mon pied sur le frein tellement fort que je crois pendant un instant que la voiture va se retourner et finir en tonneau. Une fois arrêtée, je sors du véhicule en vitesse puis me dirige en courant vers ce corps qui se trouve allongé au sol. Je m'imagine aussitôt le pire. La personne n'a pas fait le moindre mouvement lors de mon arrivée plutôt brutale et dès que j'arrive à sa hauteur, je ne peux m'empêcher de hurler en voyant cette femme. 

Ses yeux sont vides de toute vie et son visage semble avoir baigné dans son propre sang. Et mon Dieu, sa gorge... sa gorge est ouverte en deux tellement profondément que je me demande comment la tête fait pour encore tenir au reste du corps. Ma main se plaque sur ma bouche pour étouffer un nouveau cri et au moment où je m'apprête à aller chercher mon téléphone dans la voiture pour appeler la police, je sens des bras me tirer vers l'arrière et un bout de tissu se coller sur ma bouche. J'essaie de me débattre comme je peux en continuant de hurler, mais je suis impuissante et ce tissu m'empêche de prévenir qui que ce soit aux alentours. Je sens peu à peu mes jambes me quitter, ma tête tourner et le noir s'installer dans ma vision. Je tente de résister à cette envie de dormir, mais c'est plus fort que moi... je sombre.

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant