Pile ou Face

Chapitre 36 - La mort ou la torture ? Telle est la question -

Comme chaque matin, je me lève avec une sorte d'appréhension dans le ventre. Devon est toujours endormi comme un bébé et je prends quelque temps pour l'admirer. C'est fou, mais en peu de temps, nous nous sommes trouvé une routine qui nous convient parfaitement (si on fait l'impasse sur le manque d'activité). Comme chaque matin, je m'attarde quelques minutes à le regarder dormir, mais en cette matinée, quelque chose a changé. Désormais, je sais que je l'aime. J'en suis sûre et le fait d'en avoir conscience change ma manière de voir les choses. Là, en l'occurrence, je ne peux m'empêcher de me dire que cet homme endormi paisiblement face à moi est mon homme. Celui que j'aime. Celui qui me fait l'amour avec passion et celui pour qui mon coeur bat un peu plus chaque jour. Même si je sais que ce n'est pas la réalité des choses, je ne peux m'empêcher de me dire que parmi toutes les victimes du psychopathe, je suis celle qui a percé un trou dans les remparts de son coeur et qui m'y suis faite une place. Bon, ce n'est pas vraiment ce qu'il s'est passé, mais d'un point de vue extérieur, on pourrait croire que s'il ne m'a pas tué, c'est parce qu'il est tombé amoureux de moi. N'était-ce pas ça qu'ont insinué les deux hommes dans leur lettre de menace. Sauf qu'ils n'ont aucune idée du fait que Devon a retrouvé son humanité.

Perturbée par mes pensées étranges, je me lève en douceur pour ne pas le réveiller et me dirige vers la salle de bain. Comme chaque matin, je prends tout mon temps sous la douche pour ne pas descendre seule en bas. Je ne sais pas s'il a compris mon manège depuis le temps, mais s'il l'a deviné, ça expliquerait pourquoi à chaque fois, il se lève avant que je n'ai eu le temps de finir ma douche. Parfois il m'y rejoint comme hier, et parfois il se contente de se préparer en discutant avec moi. Je ne lui ai rien confié concernant mes craintes, mais de toute façon, d'ici deux jours, tout ceci sera remis en cause et nous partirons pour la guerre. Une guerre qui nous appartient et qui peut changer le cours de notre destin. Je refuse ne serait-ce qu'un instant de m'imaginer mourir ou encore le perdre lui, mais je ne dois pas oublier que cette option est fort probable. Il est même possible que nous mourions tous les deux lors de ce combat déjà perdu. Mais ce n'est pas pour cette raison que nous n'allons pas nous battre. Au contraire, le fait de savoir que nous n'avons que peu de chance de gagner renforce notre détermination. Désormais que nous connaissons le bonheur, il est hors de question que tout ça se finisse maintenant et aussi tôt. Nous nous battrons donc jusqu'à notre dernier souffle de vie. 

Une fois ma douche terminée, j'attrape une serviette et me sèche avant de m'habiller. J'attache ensuite mes longs cheveux comme je peux à l'aide d'une vieille ficelle et me dirige vers la chambre. Comme je l'avais deviné, Devon est réveillé et déjà prêt, en train de m'attendre sur le lit. Un sourire vient naître sur mes lèvres lorsqu'il se lève et s'approche dans ma direction. Mes bras se lèvent comme par automatisme et viennent s'enrouler autour de sa nuque tandis que mes lèvres s'écrasent sur les siennes. Il répond aussitôt à mon baiser, mais je comprends que quelque chose ne va pas lorsque je le sens crispé contre moi.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? je demande.

Mes sourcils se froncent et je me mets à m'imaginer un tas de scénarios qui pourraient expliquer le fait qu'il soit tendu de la sorte. C'est plutôt étrange puisqu'il n'a pas l'air d'être sorti de la chambre, ce qui signifie que ce qui ne va pas se trouve certainement dans sa tête.

- Je ne sais pas... J'ai un mauvais pressentiment. 

- Ah bon.

Je commence aussitôt à stresser et ma respiration s'emballe. Quelle serait la probabilité qu'une nouvelle lettre de menace nous parvienne deux jours avant notre plan ? Si ça se trouve il fait fausse route et cette sensation que quelque chose de mauvais va se passer est imaginaire et causée par le stress, mais dans le cas contraire, nous ne pouvons pas savoir à quoi nous attendre. La dernière fois, les deux hommes avaient fait exploser une bombe devant notre porte pour nous avertir de leur présence et de leur menace, mais il se pourrait très bien qu'ils utilisent une nouvelle tactique pour nous menacer.