Pile ou Face

Chapitre 48 - L'après-coup -

KAYLA

   

J'ai l'impression de m'effondrer. De tomber dans le néant dans une chute continue qui ne cesse jamais. À vrai dire, la douleur dans ma tête est tellement importante que celle au niveau de mon corps ne me fait pratiquement plus mal. Bien sûr, je ne parviens plus à marcher sans la béquille qu'il m'avait faite et passe mes journées dans ce lit à me morfondre.

Je ne pourrais pas aller plus mal. J'ai l'impression de n'être qu'une loque qui ne parviendra jamais à surmonter toutes les épreuves qui viennent de lui tomber dessus. Ça fait déjà cinq jours et rien ne s'est amélioré. Devon et moi nous sommes considérablement éloignés. Aucun de nous ne sait regarder l'autre dans les yeux et la nuit, chacun dort de son côté du lit en faisant son possible pour éviter l'autre. Je pense qu'il est rongé par la culpabilité et moi, trop impactée par tout ce qui s'est passé pour parvenir à lui parler, même si une partie de moi sait qu'elle a besoin de lui.

Tout est compliqué et je ne supporte plus rien. Je ne mange presque plus, ai perdu du poids et mise à part pour les soins et les dodos, Devon et moi ne sommes jamais dans la même pièce. Bon, je dois admettre que je ne quitte pas beaucoup la chambre. Je pense que c'est l'endroit de la maison dans lequel je me sens en plus en sécurité et c'est de ça dont j'ai besoin en ce moment. De sécurité.

Les souvenirs ne cessent de venir me hanter et la douleur me rappelle constamment ce que j'ai subi. Plus jamais je ne veux revivre ça. C'était déjà une chose que j'avais dite lorsque le psychopathe m'avait torturé pour la première fois, mais cette fois-ci, j'espère de tout mon coeur que plus jamais je ne vivrais une chose semblable. Pendant un moment j'ai cru mourir et il faut dire que je voulais mourir. Je voulais que toutes ces souffrances cessent enfin. Si avant je pensais être prête à tout, je peux dire désormais que je ne l'étais pas. Ça n'avait rien à voir avec les quelques entailles que j'avais reçues sur le corps quelques mois plus tôt.

Vers la fin de soirée, je suis encore épuisée par toutes ces pensées qui me déglinguent l'esprit au fil du temps. Devon finit par me monter de quoi manger et je le remercie sans même prendre le temps de le regarder dans les yeux. Il me tend mon assiette et tandis que je commence à grignoter sans aucune envie, il part dans la salle de bain chercher de quoi nettoyer mes blessures. C'est devenu notre quotidien depuis cinq jours. Personne ne parle, le silence rempli la maison de sa présence.

Nous restons comme ça pendant plusieurs minutes et finalement, je me rends compte que ce n'est pas ce que je veux. J'ai envie d'oublier toutes ces horreurs et je sais que je continuerais à me torturer s'il quitte la pièce en me laissant seule. Peut-être qu'il parviendra à me servir de distraction. Après tout, il me doit bien ça.

Au moment où il s'apprête à se relever, je le retiens par le bras, attrape son visage et commence à l'embrasser pour la première fois depuis mon réveil. Pendant un instant, je pense qu'il va me repousser, mais il n'en fait rien. Il se contente simplement de rester immobile sans même répondre à mon baiser. Je finis donc par m'écarter, vexée et malheureuse, mais il finit par bondir sur mes lèvres avec tellement d'ardeur que je me retrouve sur le dos. Son corps a manqué au mien et je suis certaine qu'il en est de même de son côté. Une sensation autre que la douleur me prend et ça fait du bien. Mes mains viennent se nicher derrière sa tête pour donner plus d'intensité à notre baiser et un goût salé se mêle à nos lèvres. Je ne sais si ce sont ses larmes ou les miennes mais ça n'a pas d'importance. J'ai besoin de distraction. De ne plus ressentir cette douleur qui semble insatiable.

Mes mains viennent se glisser sous son t-shirt et commencent à le remonter lorsqu'il rompt notre baiser pour arrêter mon mouvement.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il troublé, les lèvres gonflées et les yeux rougis.