Chapitre 8 - Soit je suis vraiment conne, soit vraiment suicidaire -

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Je me sens vraiment faible à force de tomber dans les pommes toutes les demi-heures. Je passe le plus clair de mon temps dans les vapes plutôt que consciente, ce qui n'est clairement pas normal. Le psychopathe a vraiment affaibli mon corps et je lui en veux tellement pour ça (ainsi que pour la torture et l'enlèvement) parce que j'ai l'impression de ne plus rien contrôler. Que ce soit mon corps ou la situation actuelle. Je ne vous dis pas à quel point c'est frustrant de se retrouver à la merci de tous parce que ton corps a subi de violents traumatismes.

J'émerge lentement de mon sommeil forcé et remarque qu'il fait désormais jour. Je ne sais pas quelle heure il est, mais j'ai dû passer la nuit ici, par terre, entre les tas de feuilles et les brindilles. Heureusement, il ne m'est rien arrivé et aucun animal n'a eu la soudaine envie de me dévorer toute cru malgré le fait que je représentais une cible facile. Désormais je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue et sans aucune idée de l'endroit où je me trouve. Je suis actuellement incapable de retrouver mon chemin ainsi que la direction dans laquelle je dois me mettre en route. Mais j'ai beau me dire que c'est dangereux de m'aventurer sans savoir où je vais me retrouver, je n'ai pas le choix. De toute façon, elle n'est pas sans fin cette foutue forêt et je finirai bien un jour par sortir. Si je marche tout droit sur plusieurs kilomètres, je suis certaine que je finirai par émerger de cet endroit. Il faut donc que je me mette en route le plus rapidement possible si je veux trouver la sortie avant la fin de la journée (même si celle-ci ne fait que débuter). J'aimerais tellement pouvoir me coucher dans mon lit cette nuit en étant en sécurité et loin des animaux et de ce psychopathe qui doit actuellement être à ma recherche. Et puis, la fin et la soif se font de plus en plus ressentir et je n'ai pas échappé à toute cette horreur pour mourir aussi tristement.

Je me mets donc sans attendre en route et détermine une direction que je ne lâcherai pas. J'essaie sur mon chemin de mémoriser chaque arbre pour être sûre de ne pas le recroiser à nouveau plus tard, mais pour l'instant, tout semble bien se passer. Durant ma randonnée, je n'ai aucun sac, pas de chaussures et me trouve simplement en chemise de nuit sans nourriture ni même boisson. J'ai l'impression d'être la nouvelle version de Tarzan avec un peu plus de poitrine et contrairement à lui, mes pieds son en sang.

Je ne saurais dire combien de temps je reste là à avancer continuellement tout en boitant. Durant mon chemin, j'ai dû contourner une rivière, rencontrée une biche ainsi que quelques lièvres, mais rien de plus. J'ai même trouvé un buisson de framboises qui a pu me nourrir légèrement et me servir de cachette pour vider ma vessie pleine. Je ne suis pas rassasiée, mais j'ai au moins quelque chose dans l'estomac et toute envie de faire pipi m'a quitté. J'ai dû perdre pas mal de kilo en quelques jours seulement, et même si la perceptive de perdre du poids m'intéressait il y a de ça quelques semaines, aujourd'hui je vois cette nouvelle avec horreur. Les conditions dans lesquelles je me suis retrouvée ne me permettent pas de me réjouir de la nouvelle. Je me sens comme brisée de l'intérieur et ne me sens plus en phase avec mon corps. C'est comme si désormais, je vois ma vie sous un nouvel oeil à travers lequel je me rends compte qu'en réalité, je n'ai jamais réellement profité de ma vie. OK, je sortais de temps en temps avec Maë, Wess et Brandon, mais je dois dire que jamais je ne profitais vraiment. La plupart de mes soirées se passaient dans mon lit avec un bon livre (je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, juste que j'aurai dû jouir un maximum de la vie parce que nous ne savons pas de quoi est fait demain. Ayant actuellement approché de près de la mort, je peux dire que ça change toutes mes perceptives de vie. Je pense que c'est pour ça que je flippais autant lorsque j'étais entre les pattes du psychopathe. Jamais je n'ai réellement essayé de trouver ma voix. Je laissais tout couler sans vraiment me battre pour mes envies de désirs et je peux vous assurer que c'est pour cette raison que je peux vous dire que je regrette ce temps passé durant lequel je n'ai pas tout fait pour vivre comme bon me chantait. J'ai perdu bien trop de temps...

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant