Chapitre 7 - Les rôles s'inversent connard ! -

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Vous savez, depuis que je suis jeune, j'en ai connu des douleurs, passant de l'os cassé suite à une chute à vélo à une douleur d'un coeur brisé face au décès d'un proche. Mais jamais je n'avais connu avant cette mésaventure une douleur semblable. La lame d'un couteau poisseux qui te charcute la peau et laisse un filet de ton sang couler pour finir par terre. Cette impression de m'étouffer avec mes larmes tant cette souffrance en insatiable. Elle prend tout de moi, de mon corps, me laissant à moitié en transe, à peine conscience de ce qu'il se passe tant la détresse me prend. Mais je lutte... et je lutterai jusqu'au bout... pas parce que je le veux (parce que croyez moi, je ne désire qu'une chose, sombrer et ne me réveiller qu'une fois que tout sera terminé), mais parce qu'il le faut si je veux sortir d'ici. Mon plan paraissait pourtant simple, récupérer un morceau de verre et me laisser faire, sans cris et en luttant jusqu'au bout pour rester consciente. Ce qui est tellement difficile vu la fatigue que j'ai accumulé ces derniers jours.

Ça a beau être la douleur la plus affreuse que la terre n'ait jamais connue, je sais pourtant que Devon ne fait que le minimum. Certainement parce qu'il me sent faible. Il y a tellement de moyens de torture que les entailles dans le corps ne sont rien en terme de douleur, mais je ne survivrai pas aux autres. Celle-ci est bien trop affreuse pour moi et je me demande comment est-ce qu'on arrive à surmonter une épreuve comme celle-ci. Vais-je revoir mon sang couler de chacune de mes plaies chaque fois que je fermerai les yeux au cours de ma vie ? Vais-je pouvoir avancer en sachant les marques indélébiles qui se trouveront sur mon corps et qui me rappelleront chaque jour par quelle épreuve j'ai dû passer ? Je ne suis pas sûre d'en être capable, tout comme je ne suis pas sûre de ne pas tomber dans les pommes si le monstre qui se trouve en face de moi n'interrompt pas bientôt ses atrocités.

Je manque une nouvelle fois de m'étouffer lorsque son couteau change de cible pour s'attaquer au haut de mon sein droit. Le sang que la lame a causé dans ma bouche m'empêche de reprendre une respiration digne de ce nom et je dois me faire forte pour ne pas tout recracher. Je n'aurai jamais pensé aussi difficile de garder ce bout de verre et subir cette douleur sans jamais devoir crier, mais je n'avais pas pensé au fait que j'allais forcément me couper. Je vais être franche, c'est un énorme travail à faire sur soi de ne pas crier quand tout chez toi a envie de hurler pour te libérer. Je ressens une tellement grosse détresse à la vue de tout ce sang et toute cette souffrance, mais je ne peux rien faire d'autre que rester assise et subir... encore... et encore... en espérant qu'il finisse par se lasser.

Je ne dois avoir que quelques entailles au niveau du corps, mais certaines étant plus profondes que d'autres et beaucoup plus douloureuses aussi. Et puis, l'auteur de mes tourments se fait un malin plaisir à écarter mes entailles à l'aide de ses doigts pour me faire le plus de mal possible. C'est d'une atrocité sans nom que je suis certaine de ne jamais oublier.

Je compte déjà deux coupures qui vont certainement nécessiter des points de suture ce qui ne m'arrange pas vraiment pour mon plan, mais mon esprit est tant brouillé que je n'y pense plus. Ou alors ce n'est pas mon esprit qui est brouillé, mais simplement mon attention qui est portée sur la lame qui passe une troisième fois au niveau de mon sein et qui, lors de chaque passage, rentre plus en profondeur que la fois précédente. Je sais que ces coupures ne sont que superficielles, mais ça ne change rien au fait que la douleur paraît insurmontable.

Un gémissement finit par sortir de ma bouche et une nouvelle larme vient rejoindre les autres dans le chaos. Malgré tout, je tiens bon parce que je sais que je n'ai pas le choix. Seule ma volonté de sortir me permet de tenir et c'est ce que je fais.

Heureusement, ce calvaire finit par finir et le monstre s'éloigne en regardant fièrement son travail. J'ai envie de vomir du fait qu'il soit si fier de lui. Comment peut-on éprouver de la satisfaction à faire souffrir une personne innocente qui n'a rien demandé.

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant