Pile ou Face

Chapitre 18 - Une nuit comme une autre -

Et bien j'ai bien fait d'écouter mon coeur et d'aller faire un tour dans la forêt dans l'espoir de retrouver le petit lac que j'avais croisé lors de ma fuite de la dernière fois. Je ne vais pas le cacher, j'ai eu peur de me perdre à plusieurs reprises, mais contre toute attente, après des heures de marche et je-ne-sais combien de kilomètres, je suis parvenue à retrouver le lieu. Comme dans mes souvenirs, ce décor était des plus magiques. On pourrait imaginer un lac à la couleur marron, se trouvant dans une forêt flippante, mais même si je ne peux pas contredire le fait que cette forêt est flippante, cette partie est relativement calme et apaisante. Mais pour en revenir au lac, ce dernier semble plutôt ressembler au genre de lieu que l'on trouve dans les films romantiques. Le genre, calme, magnifique, turquoise et magique. Bon, j'en fais peut-être des tonnes, mais que voulez-vous. À force de voir les mêmes pièces de la même maison pendant des jours et des jours, on est bien content de pouvoir admirer un beau paysage tel que celui qui me fait face. En tout cas, je ne vais pas m'en plaindre parce que c'était clairement mon intention en venant ici.

La première fois que je suis passée ici, je n'avais pas pu m'arrêter puisque j'étais en pleine fuite et que j'espérais quitter cette maudite forêt avant de me vider de mes dernièreS forces et tomber dans les pommes (ce que je n'ai pas réussi à éviter).

Je ne vais pas vous mentir, dans mon emploi du temps qui se trouve dans mon esprit, j'avais prévu de venir ici, et me voilà. Sauf que je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que j'allais faire une fois face à ce paysage. Maintenant que je suis là, je ne vais pas faire demi-tour et rentrer parce que je serais bien dégoûtée de ne pas avoir pu profiter après toute la route que j'ai faite pour arriver ici.

Je m'avance donc vers l'eau et me trouve un endroit pour m'asseoir. Une fois fait, je ne peux m'empêcher de retirer ce qui me sert de chaussures (c'est-à-dire des baskets six fois trop grandes qui appartiennent à Devon) et retrousser le bas de mon pantalon pour tremper mes pieds dans l'eau clair. Derrière moi, je peux entendre les oiseaux chanter, ainsi que les cigales. Des papillons volent autour de moi sans se soucier de ma présence, comme s'ils n'avaient jamais vu d'humain. C'est fou, mais cet endroit semble miraculeux et sorti tout droit des livres fantastiques. Si ça se trouve, d'ici quelques minutes, je vais voir débarquer un loup-garou comme dans le dernier livre que j'ai lu avant de me faire kidnapper. Je me souviens que le personnage principal se baladait dans la forêt pour je-ne-sais quelle raison et qu'elle est tombée sur un loup gigantesque. Après ça ils sont devenus comme amis et elle n'a appris que plus tard qu'en réalité, il était son voisin de classe depuis quelques mois. Si je parviens à rentrer chez moi, je pense que ce livre sera le premier que je relirai. Enfin, si d'ici là je ne me fais pas bouffer par un ours.

De base, observer les paysages, aussi magnifiques qu'ils soient, n'est pas vraiment une activité que j'affectionne, mais je dois avouer apprécier ce moment. Tout est calme autour de moi et pour une fois depuis pas mal de temps, je me sens en phase avec moi-même. Devon se trouve loin de mon esprit (pour mon plus grand bonheur) et tous mes problèmes également. Ici, il n'y a que moi et des centaines d'insectes qui ne semblent pas inquiets par ma présence. En même temps, je peux les comprendre parce que je pense que s'il devait y avoir un conflit entre eux et moi, je serais la première à me barrer en courant tellement je suis une femme courageuse et vaillante. Il est même fort probable que dans ma fuite, vu la taille de mes baskets par rapport à mes pieds, je me ramasse par terre et me pète la jambe. Personne ne viendrait me chercher et je mourrais de faim et de soif ici, seule, comme une malpropre.

Quoiqu'il en soit, je sors de mon imagination débordante, lorsqu'un petit alevin vient me chatouiller le pied, comme pour attirer mon attention (ou alors pour bouffer mes peaux mortes). C'est fou, mais j'ai l'impression que cet endroit sort du lot. Avec mes parents, je suis déjà partie voyager dans plusieurs endroits paradisiaques comme le Guadeloupe et le Quebec, et même si dans ces lieux tout était d'une beauté à couper le souffle, ici, ça n'a rien à voir. Déjà parce que je suis seule, entourée de la faune et la flore, sans personne pour venir me déranger, mais en plus parce que rien ne semble avoir été touché par la main de l'homme. Je me souviens d'une fois où avec mes parents, nous nous étions levés aux aurores pour aller voir le levé du soleil face au Rochet Percé au Quebec et que ce moment avait été comme magique. Je me demande à quoi doit ressembler ce petit coin lorsque le soleil se couche ou se lève. Quelque chose me dit que ça doit être d'une beauté à couper le souffle.