Chapitre 44 - Foncer tête baissée, ça veut dire risquer de servir de Bélier -

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DEVON


Deux jours... Ce sont deux putains de jours qu'il m'a fallu pour trouver l'entrepôt désaffecté qui me fait face. Ces deux bâtards ont choisi le bon endroit pour le déroulement de leur plan. Ici, nous sommes encore loin de toute civilisation tout en étant sorti de la forêt. Tout ce qui se trouve aux alentours est une route qui semble interminable. En réalité, nous ne sommes pas tellement loin de notre maison. À une bonne vingtaine de bornes je dois dire. Si seulement j'avais su. Kayla et moi avons passé plus d'une journée et demie à traverser ce maudit bois sans savoir que le chemin de derrière était beaucoup plus court. Nous n'avons pas été très malin ce jour-là. 

D'ailleurs, en parlant de Kayla, le manque de cette dernière me fait perdre la tête. Depuis deux jours, j'ai beau respirer, respirer et encore respirer, depuis qu'elle est partie, j'ai l'impression que l'air refuse de rentrer dans mes poumons. Elle me manque, son sourire me manque et je ne parle même pas de la chaleur de son corps, de son rire ou encore de la manière ridicule qu'elle a de relever les sourcils lorsqu'elle est contrariée. Je ne m'étais jamais rendu compte d'à quel point j'étais fou amoureux de tous ces petits aspects de sa personnalité. À vrai dire, je suis raide dingue de tout ce qui compose Kayla Edwards. Et là, je m'apprête à entrer en guerre pour elle. 

Face à cet entrepôt, j'ai conscience que je n'ai jamais été aussi proche d'elle depuis plus de deux jours. Sent-elle ma présence au-delà de ces murs parce que moi, je sens mon coeur se réchauffer  un peu plus à chaque pas. 

Je dois avouer que je n'avais pas vraiment réfléchi au moindre plan d'action. Dans ma tête, ma priorité était de me ramener auprès d'elle au plus vite et de penser à la suite plus tard, mais désormais, je me rends compte que mon idée de venir dans mon flingue est totalement conne. En même temps, je savais pertinemment qu'il me serait retiré aussitôt que je serais arrivé et que les menacer voulait aussi dire prendre le risque qu'ils reportent leur fureur sur Kayla et ça je ne le permettrais jamais. 

Légèrement stressé, mon doigt ne cesse de trifouiller la bague qui se trouve à mon doigt et je dois prendre sur moi pour arrêter ça. Il faut que je me calme. D'ici quelques minutes je pourrais vérifier qu'elle va bien avant de trouver un moyen pour nous enfuir de là.

Bon, pour récapituler les choses, ma copine a été enlevée de ma faute parce que deux gars veulent se venger de moi parce que j'ai tué leur frère qui a lui-même tué ma mère et mon petit frère. Ils la retiennent donc et m'ont laissé de quoi les retrouver, ce qui m'a pris deux jours. Désormais, je me tiens enfin devant le bâtiment en question et je me retrouve sans plan et sans arme. Juste moi et ma volonté de fer à retrouver celle que j'aime. Sauf que je n'ai aucune idée de la manière dont je vais m'y prendre pour attirer leur attention et si je reste planté devant la porte de l'entrepôt aussi longtemps, c'est parce que j'ai peur de ce que je pourrais trouver à l'intérieur. 

Deux jours ce n'est pas rien. Ils ont largement eu le temps de lui faire vivre un enfer et je déteste cette idée. L'ont-ils torturé ou bien m'attendaient-ils ? Finalement, est-ce que mon arrivée ne ferait pas qu'empirer sa situation ? Je déteste cette idée d'être dans le flou total et de ne pas savoir à quoi m'attendre. Je ne dois pas oublier que ces hommes sont des tueurs sans coeur qui préparent ce piège depuis plusieurs années déjà. Ils ne se contenteront pas simplement de nous tuer.

À ce stade, ça ne sert plus à rien de chipoter et c'est donc pour ça que je ne réfléchis pas plus longtemps et toque contre la porte en métal de trois grands coups. Je dois avoir l'air ridicule, mais j'espère plutôt qu'ils prendront ça comme de la provocation. Si j'arrive à les faire sortir de leurs gonds, ils lâcheront peut-être la couenne de Kayla pour s'en prendre à moi et à moi seul. C'est tout ce que je souhaite. Je ne veux pas qu'il lui arrive de mal. Rien qu'à cette idée de la savoir morte de peur et seule, j'ai envie de péter un câble. 

J'attends encore plusieurs secondes durant lesquelles aucun bruit à l'intérieur de me revient, puis je replaque un sourire minable sur ma tronche avant de toquer à nouveau. Je sais qu'ils sont là, je sais qu'ils m'ont entendu mais qu'ils prennent simplement leur temps pour venir histoire de mettre mes nerfs déjà sens dessus dessous à vifs. 

Enfin, un bruit finit par se faire entendre avant que la grande porte en métal ne s'ouvre sur Soan, le visage froid et impassible. Je sais que sous cette dureté se cache un être heureux que son plan se déroule à merveille. C'est juste qu'il a conscience que faire la gueule renforce ses allures de psychopathe.

Je tente de me pencher discrètement vers la gauche pour essayer de voir derrière lui si j'arrive à apercevoir Kayla, mais il fait trop sombre dans la pièce pour que je puisse voir quoi que ce soit. Putain, pourquoi je n'ai pas ramené le flingue ? J'aurais eu l'occasion de lui tirer une balle dans la tête et de cracher sur son cadavre une bonne fois pour toutes. Malgré tout, je sais que c'était une bonne idée parce que je ne sais toujours pas où se trouve Jonas et s'il entend quoi que ce soit qu'il juge suspect, il peut s'en prendre à elle.

Je laisse passer quelques secondes avant de perdre patience et de prendre la parole.

- Bon, on ne va pas passer par quatre chemins, je...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'un objet s'abat brutalement sur l'arrière de mon crâne, me faisant tomber à la renverse. Le coup est tel qu'il ne me faut pas longtemps avant de perdre connaissance...

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant