Chapitre 20

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- UN KILOMÈTRE À PIED, ÇA USE, ÇA USE, MAIS CENT KILOMÈTRES À PIED, ÇA DÉFONCE LES PIEDS -


Ce matin, le soleil semble nous accompagner avec joie dans notre périple au coeur de la forêt. Tant mieux je dois dire, la pluie me fait horreur et nous nous serions vite fatigués si nous avions dû patauger dans la boue. Là, je dois dire que je n'osais pas espérer meilleur temps pour notre randonnée puisque le soleil a beau taper, les arbres nous protègent et nous apportent seulement la chaleur nécessaire pour nous trouver en t-shirt sans crever de froid.

Nous sommes partis dès l'aube ce matin afin de tenter de rejoindre l'autre bout de la forêt avant la tombée de la nuit. Personnellement, je ne nous crois pas un instant capables de le faire sachant la densité de cette forêt, mais c'est ce que Devon espère.

Nous avons aussi décidé que nous n'allions pas reprendre le même chemin qui m'avait permis de m'enfuir il y a une semaine, pour des questions de logique puisque ce dernier nous ferait certainement perdre du temps inutilement ce qui n'est pas notre intention. À la place, nous nous sommes dirigés dans le sens inverse, loin des sentiers trompeurs et du lac magique que j'avais visité la veille. Ici, la forêt est beaucoup plus flippante et l'ambiance qui en émane n'a rien de rassurant. Nous n'avons croisé presque aucun animal depuis le début de notre voyage si ce n'est quelques oiseaux et rongeurs et je me retrouve donc avec pour seule compagnie un Devon sarcastique qui semble refuser de fermer sa grande bouche. On dirait même qu'il fait un concours de celui qui pourra sortir le plus grand nombre de conneries si peu de temps. Et bien laissez-moi vous dire qu'il en est le champion et qu'il est indétrônable.

Avec le temps, j'ai appris à ignorer ses remarques en espérant qu'il décide de se la fermer, mais il semble être le genre de personne qui aime se parler à soi-même. Au début, je trouvais ça amusant mais désormais, j'ai juste envie de lui arracher la langue et de l'enfoncer dans son trou de balle. Bon, c'est peut-être un peu trop violent et je refuse de toucher à son trou du cul donc disons simplement que s'il continue de déblatérer ses conneries, je risque de perdre patience et de changer de route.

D'ailleurs, en parlant de route, après un dernier tour de la maison hier, nous n'avons toujours rien trouvé qui nous permettrait de savoir où on est ou de prévenir quelqu'un donc nous avons conclu que mon plan d'action lors de ma première fuite était bien et que nous allions le suivre une deuxième fois (en espérant que ça soit plus glorieux). Ça fait donc maintenant au moins cinq heures que nous marchons en ligne droite en tentant de dévier notre route le moins possible. Si un arbre nous oblige à le contourner, nous faisons en sorte de continuer dans la même ligne droite qu'avant de le rencontrer. Pour cela, la boussole que nous avons trouvée dans la cave secrète nous aide énormément puisque nous nous dirigeons vers le Nord sans jamais s'en détourner.

- Cent-treize kilomètres à pied, ça use, ça use. Cent-treize kilomètres à pied, ça use les souliers...

Pitié, pourquoi est-ce que j'ai accepté qu'il vienne avec moi ? J'aurai peut-être même pu partir en douce dans son dos histoire de ne pas me traîner un boulet tout au long du voyage. Surtout que de sa faute, j'ai dû passer la nuit dans le canapé parce que mon lit était irréparable. Du coup, je me retrouve avec des courbatures partout sur le corps (ce qui n'est pas l'idéal dans ce genre de circonstance).

- Cent-quatorze kilomètres à pied, ça use, ça use. Cent-quatorze kilomètres à pied, ça use les...

Je ne laisse pas le temps à Devon de finir sa phrase que je le coupe et une balançant une poignée de feuilles mortes au visage. Aussitôt, il prend un air outré pas du tout crédible et dégage une brindille qui s'est retrouvée coincée dans ses cheveux.

- Mais euh, espèce de méchante !

- Pitié ferme ta gueule Devon. Tu es insupportable, je râle.

- N'importe quoi déjà, c'est juste toi qui es trop rabat-joie.

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant