Chapitre 37 - Un plan foireux vaut mieux que pas de plan du tout -

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Le reste de la journée est passé à une vitesse phénoménale et je n'ai pas eu le temps de dire ouf qu'elle s'est déjà terminée. La tension s'est ajoutée dans notre couple et a laissé ses griffes nous prendre les tripes. J'arrive bien à voir que Devon ne sait plus trop comment agir avec moi et pour ma part, je ne sais pas quoi lui dire pour le rassurer. La bonne nouvelle dans toute cette merde c'est qu'on ne se dispute pas et qu'on reste sur la même longueur d'onde coûte que coûte, mais pour combien de temps encore ? Les deux psychopathes viennent de nous donner un coup de massue et de nous mettre une pression énorme sur les épaules et même si aucun de nous ne le dit à voix haute, nous savons pertinemment que notre chance de s'en sortir vivant frôle le néant. J'ai du mal à me dire que plus jamais je ne reverrai ma famille. Que je ne pourrai pas leur dire ce que j'ai sur le coeur ni même à quel point j'ai été déçue de voir qu'ils ne s'étaient pas rendu compte de mon absence. J'aurais aussi voulu voir jusqu'où ma relation avec Devon aurait pu me mener, mais malheureusement, il est fort probable qu'elle me mène à la mort. C'est paradoxal parce que c'est justement le fait que je lui ai survécu qui va provoquer ma fin. Le fait qu'ils pensent que le psychopathe ne m'a pas tué parce qu'il m'aime m'a conduit droit vers un précipice dont j'ai peu de chances de m'en sortir. 

J'aimerais pouvoir dire ce que j'ai sur le coeur. Dire à quel point j'ai peur de toute cette histoire, mais ça ne ferait que mettre une tension supplémentaire au-dessus des épaules de Devon. Je sais déjà qu'il s'en veut de m'avoir rajouté dans cette histoire, que ses actes passés ont aujourd'hui des répercussions sur moi et mon avenir, alors s'il apprend que je ne suis pas aussi vaillante qu'il le pense, ça risque de rendre les choses encore plus difficiles pour lui. Du coup, je ne dis rien. Je fais comme si de rien n'était et ne montre pas mes faiblesses. Je fais croire que j'ai hâte d'en finir avec cette histoire, que j'ai hâte de me battre et encore plus de pouvoir passer à autre chose, mais en réalité, j'ai surtout simplement peur. J'aimerais pouvoir retarder ce moment fatidique le plus loin possible, mais j'ai conscience que plus on attend, plus nos chances de survie diminuent. 

Mais si je pensais que la tension ne pouvait pas être plus forte, le lendemain me montra que je me trompais. Ce matin, la maison est silencieuse. Aucun de nous ne parle et chacun semble être dans ses pensées. Je n'ai pas la force de tenter de le rassurer et je pense que lui voit bien à quel point ça ne va pas chez moi. Ma lèvre est en sang pour la seconde fois à force d'être mordillée et je n'ai plus aucun ongle à ronger. Demain, c'est le grand jour et nous avons encore de nombreuses choses à prévoir. Notre plan doit être parfait parce que nous n'aurons certainement pas de seconde chance. Nous nous retrouvons dans un deux contre deux dans lequel ce n'est pas nous qui tirons les ficelles. La seule chose que nous pouvons faire, c'est faire en sorte de déstabiliser les deux hommes et de tirer cette situation à notre avantage. C'est pour ça que nous partons demain. Parce que nous savons pertinemment qu'ils profiteront de notre absence pour mettre leur plan en action et qu'ils le feront donc sous la pression parce qu'ils ne s'y attendent pas. Ils commettront peut-être des gaffes et le fait de savoir quand va se dérouler notre confrontation peut nous être avantageux. Mais maintenant, nous ne savons pas s'ils sont armés ni même ce qu'ils ont derrière la tête. La seule chose dont Devon semble être sûr, c'est qu'ils ne vont pas nous tuer de suite mais vont avant s'assurer de nous faire souffrir (surtout lui, mais en passant à travers moi). 

Il ne me l'a pas encore dit comme ça, mais c'est de cette manière que je l'ai compris. Même si ces hommes pensent que le psychopathe est toujours présent, ils savent que Devon a des sentiments pour moi et que par conséquent, le meilleur moyen de le faire souffrir, c'est en me faisant du mal à moi. Un peu comme ça s'était passé avec sa mère et son frère. Ils veulent le briser par procuration.

Je ne sais pas de quoi ces hommes sont capables, mais ça ne me dit rien qui vaille. À vrai dire, je dois admettre que j'essaie de ne pas trop réfléchir à ce qu'ils pourraient me faire. Je sais que ça ne pourrait que me rajouter une peur supplémentaire et je n'en ai pas besoin. Je dois me montrer forte et rester optimiste. Je sais que ce n'est pas évident, mais si je me vois déjà morte, je ne donnerai pas le maximum de moi-même pour m'en sortir. 

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant