Chapitre 3 - Panique à bord -

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Quittant peu à peu mon état vaseux, je me rends compte que ma tête me fait affreusement souffrir. À vrai dire, je pense qu'il n'y a pas une chose chez moi qui ne m'est pas actuellement douloureuse. À commencer par mon crâne, mes muscles et ma gorge. J'ai l'impression de me réveiller d'un coma de plusieurs mois... Pas que je sache réellement ce que ça fait de se réveiller d'un coma, mais c'est tout comme. Tout est flou autour de moi est rien n'est vraiment clair, aussi bien dans ma vision que dans mes pensées. C'est assez perturbant puisque je sens que mon esprit me hurle au loin que quelque chose ne va pas, mais tout est beaucoup trop trouble autour de moi pour comprendre.

Je dois bien mettre cinq bonnes minutes avant de réussir à ouvrir ne serait-ce qu'un oeil et je regrette aussitôt cet élan de courage. La lumière est bien trop forte et éblouit le peu de neurones actuellement actifs dans ma tête (oui, je sais, ça ne veut rien dire). Ce n'est qu'une fois habituée à cette lumière que je me rends compte que je ne me trouve pas dans mon lit ni même chez moi. Je ne sais pas vraiment où je me trouve et rien dans cette pièce ne m'est familier, mais ce que j'aperçois me laisse sans voix et me remémore les événements précédents. La soirée, Maë, la femme baignant dans son propre sang et le trou noir. Tout au long de ma remontée de souvenirs, je sens mon coeur s'affoler et mon être paniquer. Putain, dans quelle merde est-ce que je me trouve ?

J'observe dans les moindres détails la pièce qui se trouve autour de moi comme si ça allait me permettre de comprendre ce que je fais ici, mais rien ne m'indique où je me trouve. Visiblement, je suis dans une chambre, assise sur une chaise et mes mains attachées comme dans les films d'horreurs. Je retiens un sanglot de panique qui s'apprête à sortir involontairement de ma bouche et continue mon inspection de la pièce. Des milliers de questions se posent dans ma tête, notamment : où est-ce que je me trouve ? Cette femme est-elle morte ? D'après ce que je me souviens, elle baignait dans son propre sang et sa gorge avait était brutalement tranchée tel un steak sans aucune valeur. Je pense qu'une partie de moi est encore bien trop brouillée et endormie pour que je me rende réellement compte de la gravité de la situation. Je pense que c'est mieux comme ça parce que je pense que dans le cas contraire, je serai au bord de la crise de panique. Putain, je pense que je me suis faite enlevée ! À vrai dire, je ne pense pas, mais j'en suis sûre. Après tout, qui s'amuserait à endormir quelqu'un contre son gré et de l'attacher à une chaise ? Aucune personne saine d'esprit, mais bon, j'ai encore espoir que ça ne soit qu'une mauvaise blague.

Lorsque la terre ne tangue plus autour de moi et que ma vision devient nette, j'entreprends d'essayer de me détacher. Je me rends rapidement compte que je n'étais pas réellement attachée à cette chaise, mais que j'étais juste trop faible pour bouger ne serait-ce que mon petit doigt. C'est donc avec une lenteur digne d'un escargot que je tente de me lever. Au départ, mes jambes me cèdent aussitôt que je tente de prendre appui sur elles, mais peu à peu, je parviens à rester stable et à lever mon cul de la chaise inconfortable. Le monde se remet rapidement à danser devant mes yeux, mais il est hors de question que je me rassoie après tout le mal que je me suis donnée pour me lever.

Une fois que tout se stabilise pour de bon et que je ne risque plus de tomber, je mets un pied devant l'autre et me mets à inspecter la pièce (ce que j'aurais dû dire depuis belle lurette). Il est possible que je me trompe et que quelqu'un m'a simplement recueilli chez lui après que j'ai fait un malaise suite à une hallucination dans la rue. Vous aussi vous trouvez ça tiré par les cheveux ? Mais bon, laissez-moi espérer parce que c'est la merde assurée.

À la recherche de mon sac à main pour mettre la main sur mon téléphone, je me rends compte que ces deux derniers ne se trouvent pas dans la pièce et mon profond mauvais pressentiment me retourne de plus en plus les tripes. Alors Kayla, tu crois toujours à l'hallucination ? Je dois prendre plusieurs longues inspirations pour ne pas me mettre à paniquer plus que je le suis déjà. Je me dirige ensuite dans un dernier espoir vers la porte en priant tous les dieux pour qu'elle ne soit pas verrouillée, mais mes fins espoirs partent en fumée lorsque la poignée refuse de tourner. Pitié ! 

Je ne perds pas plus de temps à essayer de l'ouvrir puisque je sais que mes efforts seront vains et me dirige vers la fenêtre. Avec un peu de chance, cette dernière ne sera pas bloquée. Mais devinez quoi ? Elle l'est !

Là, il n'est plus question de ne pas paniquer et toute trace de vertige m'a quitté. Je ne dirai pas que je pète la forme, mais ce qui m'a endormi ne fait visiblement plus effet. De la drogue ? Du chloroforme ? Fortement possible et ça expliquerait le bout de tissu que l'on m'a collé au visage avant que je ne sombre. Je pense avoir déjà entendu parler de cette méthode dans une émission sur les sérials-killers. En espérant pour moi que l'auteur de cette mascarade n'en soit pas un.

Je finis par fouiller mes poches pour être certaine de ne pas avoir mon téléphone sur moi, mais non seulement je me rappelle l'avoir laissé dans ma voiture, sur le siège passager, mais je constate aussi que je ne porte plus mon jogging que j'avais mis avant de partir chercher Maë et que ce dernier a été remplacé par une affreuse chemise de nuit blanche digne de celles des hôpitaux. D'ailleurs, j'espère que ma meilleure amie va bien et qu'elle a pu rentrer chez elle saine et sauve. Non mais sérieux Kayla, tu te retrouves enfermée je ne sais où et la seule chose à laquelle tu penses et au fait que Maë ait pu rentrer chez elle alors qu'elle avait simplement un petit coup dans le nez. Bref, j'étais en train de me dire que je ne portais plus les vêtements que j'avais mis avant de partir, mais que je suis désormais dans une chemise de nuit blanche qui ne m'appartient nullement. Ça veut donc dire que quelqu'un m'a changé ? Est-ce que le putain de sérial-killer qui m'a enlevé m'a déshabillé durant mon sommeil ? Surtout que je ne porte même pas de soutiens-gorge (après, je ne suis pas sûre d'en avoir mi un pour aller chercher mon amie, mais ça ne change pas le fait qu'une personne m'a déshabillé et ma vue nue tandis que j'étais inconsciente et incapable de réagir).

Franchement, je ne trouve plus du tout ça drôle. Je vous assure que si c'est encore Brandon qui me fait une mauvaise blague, il va entendre parler de moi, parce que je vous assure que je commence vraiment à flipper et qu'en plus, mon avi... Putain de merde mon avion ! Je regarde par la fenêtre et le soleil semble être haut dans ce dernier. Ça signifie donc qu'on doit être dans le milieu de la journée et que j'ai loupé mon avion.

Je dois me faire forte pour ne pas pleurer et ne pas me laisser m'abattre. OK, j'ai probablement loupé un avion que je rêve de prendre depuis des mois, mais ce n'est pas si grave que ça. Le plus important actuellement est de comprendre ce que je fou ici et ce qu'il m'est arrivé la nuit dernière. Je ne pense pas avoir bu au point de ne pas me souvenir de ma nuit et la théorie de l'hallucination est bien trop tirée par les cheveux. Dans cette situation, je ne vois qu'une chose qui ait pu m'arriver et j'avoue que ça me fait flipper.

Je me retourne en sursaut lorsque j'entends une clé pénétrer la serrure de la porte...

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant