𝑨𝒓𝒆𝒔. [Eldarya]

Chapitre I: Etincelle.

you can take my flesh if you want, boy...

Une odeur nauséabonde flottait dans l'air et l'humidité des souterrains me fit froncer doucement le nez. Le clapotis des gouttes d'eau m'empêchait de m'endormir malgré ma fatigue extrême et ma faim. Je croisai les bras contre mon ventre vide et amenai mes genoux à ma poitrine, me recroquevillant sur moi-même. Je commençai à sérieusement trembler de froid et ma peau craquelait sous la température négative, ce qui n'était vraiment pas bon signe. L'endroit semblait inhabité aux premières abords, mais si on se concentrait assez, on pouvait entendre des bribes de voix. Les rires des soldats qui nous surveillaient, les plaintes des autres prisonniers maltraités, les cris des condamnés à mort. Tout ce qui caractérisait les prisons du clan du sud-ouest. On les appelait les Chionés. Un peuple qui s'était installé il y a de cela des siècles dans un coin reculé d'Eldarya, s'afférant à vivre dans un froid glaciale. 

Sous l'ordre de la Garde, j'avais eu pour mission de voyager vers ses terres d'hiver éternel pour nous informer, et si possible démanteler, la source d'un réseau d'armes. J'avais été réticente sur cette mission, les conditions météorologiques ne me permettant pas d'être au meilleur de ma forme, mais avait pourtant accepté les attentes de mon chef de garde. En un petit groupe, nous avions alors entamé ce voyage qui avait un aspect plutôt ardu mais surmontable. Cependant, tout ne c'était pas passé comme prévu. 

Nous nous sommes fait prendre alors que nous n'étions encore qu'en chemin. La ville n'était plus qu'à quelques kilomètres et nous avions décidé de nous arrêter pour dormir quelques heures dans la nuit. Se relayant pour monter la garde, celui qui était censé rester éveillé s'était endormis et les soldats de Chione nous avaient miraculeusement trouvés.

Erreur de débutant.

 En conclusion, le groupe n'eut le temps de se défendre que nos ennemies nous eussent déjà roués de coups. Seul notre leader avait su riposter avec un sérieux digne de ce nom, mais avait bravement pris la place de la plus jeune d'entre nous en tant que séquestré. Elle était novice dans la garde et cela s'était fait ressentir, elle montrait clairement qu'elle était terrorisée. Actuellement, on ne savait pas où la petite Absynthe pouvait être, mais on espérait encore qu'elle nous sorte de là, elle était une érudit et avait une soif d'apprendre. Cela ne m'étonnerait pas qu'elle nous trouve une solution dans des livres, il ne fallait juste pas qu'elle se fasse prendre ou qu'elle meurt de froid. 

L'équipe avait été séparé. Nous étions six et je connaissais aucune des positions de mes camarades. Je détestais être seule, surtout en mission. Alors dans ce cas, seule et kidnappée par des Chionés, qui ne sont sincèrement pas réputés pour leur gentillesse, on pouvait dire que cette mission était un vrai désastre. 

Et puis, je détestais le froid. 

Comme si on avait entendu mes plaintes, ma porte de geôle s'ouvrit dans un crissement strident. Mes yeux étant masqués par un linge épais, je ne pouvais discerner le sujet de ses bruits près de moi. Depuis qu'ils nous avaient attrapés j'avais été bâillonnée sur mes yeux, pieds et mains liés. Je n'avais donc pas pu voir la route qu'ils avaient pris, les personnes autour de moi, et la cellule dans laquelle je résidais. Je me fiais uniquement à mon ouïe. 

Quel honte. J'étais révoltée de ce traitement, même Miko était moins rude. 

Le bruit de la porte de la cellule  se suivit d'une voix grave d'homme, que je caractérisai comme étant celle d'un soldat. 

"Si tu continues, la prochaine fois on n'utilisera pas que nos poings." Ordonna l'inconnu avant qu'un fracas bruyant resonne dans la pièce. Cela sonnait comme un corps jeté violemment sur le sol. Une toux sèche s'accompagna d'un gémissement imperceptible.