Chapitre XV: Jugement.

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don't know if you love me or you want me dead.

"Que croyez-vous faire, Commandant? Grinça la voix de Nevra, acerbe. Une de ses mains sur une dague à sa hanche faisait clairement comprendre à la puissance adverse l'animosité croissante. A sa gauche, Ezarel fit de même en rangeant dans son fourreau l'épée qu'il avait sortie pour, très probablement, éjecter un peu plus loin celle du Lénaïck.

Retenant jusque-là ma respiration, j'expirai d'une traite, reconnaissante d'être toujours vivante à l'heure qu'il était. Sous le choc, je fixai le combat de regard sous mes yeux ébahis. Cette bataille vicieuse plana silencieusement pendant un certain temps avant que le principal intéressé ne prenne la parole.

-Votre prisonnière m'a attaqué alors que je montais la garde. Soulevant ses mèches vers l'arrière de son crâne, le noiraud haussa un sourcil et se redressa comme un piquet. Un familier, cela se dresse jeunes hommes. Il me jeta un regard avec arrogance. Venait-il de me traiter d'animal ?

Le duo devant moi ne daigna me regarder, je ne pus même pas voir leur visage. Cependant, leur silhouette crispée sous-entendait leur agacement. Du tac au tac, l'elfe aux cheveux bleus rétorqua, usant de son inhabituel sérieux.

-Vous devriez être dans la salle du cristal pour la réunion que Miiko prépare depuis des jours. Lança-t-il sur un ton de reproche. Des horaires, cela se respecte vieil homme."

Je ne pus retenir un sourire de contentement, au vu de sa répartie. Le Commandant devait avoir au maximum quatre années de plus que nous et son exagération fit tiquer le noiraud. Mon rictus fana néanmoins, aussitôt je me rappelais que le chef de la garde absynthe était la principale cause de mon emprisonnement.
En effet, il était clair qu'il avait souvent la bouche grande ouverte.

Pour clouer cette entrevue électrique, Nevra pria finalement le groupe des soldats du royaume, le commandant et la caporale-chef de partir au plus vite. Ce qu'ils s'empressèrent de faire, non sans une sortie théâtrale de leur supérieur, sa cape pourpre volant allègrement dans l'air.

Ezarel ne prit pas longtemps pour s'approcher de moi et délier le bâillon qui m'empêcher de parler. Tandis que je croyais cette mésaventure terminée, le chef de la garde de l'ombre se tourna vers moi et marcha à grandes enjambées, restée à la même place depuis le début. Il attrapa fermement le col de mon haut en tissu et son visage vint se coller à quelques centimètres du mien. La distance qui nous séparait s'amoindrit si rapidement, je mis ma main à couper qu'il pouvait même sentir l'odeur de mes cheveux.  

"Je ne te pensais pas aussi stupide mais pour le coup, tu es une bécasse sans nom." Aboya-t-il, si près que je distinguai parfaitement ses canines brillantes et certaines de ses tâches de rousseur. Elles n'étaient pas vraiment orangées comme la plupart du temps, sur lui, les pigments ressortaient comme un gris fumé. 

Tiens, je ne savais même pas qu'il en avait, peut-être était-ce les répercussions du soleil sur un vampire.

Alors que je le dévisageai vaguement, je n'entendis aucune de toutes les insultes et remontrances qu'il proférait à mon égard. Mon esprit n'arrivait plus à suivre le courant des événements. C'était la seule et unique fois que je subissais autant de pression, où je m'attirais autant d'ennemis et de violence, et où je demeurais aussi seule. 

Finalement, le duo quitta la pièce non sans oublier de m'enfermer dans la geôle comme un peu plus tôt dans la journée. 

Ω

𝑨𝒓𝒆𝒔. [Eldarya]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant