bad blood.
"Merci, chef. J'articulai, les yeux grands ouverts. Je me tournai vers lui et fus surprise de voir qu'il n'avait plus aucune séquelle des évènements passés.
-Atanaelle, voici votre repas pour toutes les deux, on reprend la route, on arrivera à destination avant le coucher du soleil." Annonça Nevra en me reposant sur le lit. Il s'était adressé à la brownie, qui avait tout de suite hoché la tête. Elle me lança un regard, traduisant le fait que je ne pourrais donc pas aller voir le blessé dans l'autre calèche, faute de temps. Après ce rapide échange, les deux gardiens s'éclipsèrent, me laissant penaude.
La solitude me fit réaliser mon extrême fatigue. Comment avais-je pu penser que j'étais assez rétablie pour sortir de ce lit?
J'avais prestement mangé le bol de soupe que le noiraud avait amené et je m'étais expressément endormie sous la chaleur de la couverture en toile renforcée. La route était passée vite, ayant dormi tout le long, rarement réveillée par Atanaelle qui prenait ma température.
Lorsque le véhicule s'arrêta pour la dernière fois, nous étions aux portes du QG. Je sentis une main tapoter calmement mon bras et j'ouvris les yeux aussitôt. Sourire aux lèvres, Arthur était penché sur moi.
"Eh Talia, on est arrivé ! "
Je me redressai soudainement en entendant le raffut à l'extérieur mais jurai aussitôt pour cause d'une douleur au poumon gauche. Notre apparition s'avérait avoir provoqué l'afflux de nombreuses personnes et je rougis à l'idée de me montrer aussi blessée.
Ma réputation en prendra un coup.
Mon grand ami retira d'un coup sec ma couverture et me pointa du regard la chaise roulante près de moi. D'un geste, il glissa un de ces bras sous mes jambes et l'autre sous mes épaules pour me maintenir contre lui. Il me déposa avec délicatesse sur le véhicule pour handicapés et n'attendit pas une seconde. Le blond vénitien prit les poignets et sortit par la porte en bois.
Immédiatement, le vent agréable d'Eel emporta mes cheveux et me caressa le visage. Le ciel magnifique du crépuscule, aux nuances rosées, me procura une joie immense. C'est vrai que cela faisait maintenant une éternité que je n'avais pas touché à l'air frais. Cependant, la réalité me rattrapa bien vite en apercevant à quelques mètres de moi le corps gisant sur un brancard d'un jeune homme. Je le connaissais, la dernière fois que je l'avais vu était au début de la mission. Il m'avait supplié avec un sourire rayonnant de lui donner mon petit pot de miel. Il s'appelait Vincent, un faelien entré dans la garde obsidienne il y a peu.
Je ne pus le garder dans mon champ de vision, apercevant le flux de personne autour de nous. Je me tournai vers Arthur derrière moi, me sentant de plus en plus mal de voir cette foule.
"Est-ce qu'on peut y aller? Je chuchotai à son attention, ayant pour but de partir en douce. Malgré cela, il s'accroupit à mes cotés et me regarda d'un air désolé.
-Je ne peux pas, Nevra m'a dit d'attendre ses instructions."
Je scrutai autour de moi. Je sentais ma tension augmenter et mes mains devenir moites. Je serrai avec fermeté les accoudoirs de la chaise. J'entendais les sons bien plus fort que ce qu'ils n'étaient en réalité et mes yeux ne savaient pas quel point fixer. Les gardiens se parlaient, couraient, se poussaient. Des citoyens du refuge avaient été interpellés par le bruit, formant un cercle autour de nous. Jamais les retours de missions provoquaient un tel remue-méninges. Mise à part quand quelqu'un était en danger de mort ou, qu'il y ait eu une victime.
Danger de mort...
Pendant que le jeune homme entama une discussion à sens unique sur les prochains entrainements en commun de la garde, je ne pus qu'entendre des bribes de ses paroles. Mes pensées étaient tournées vers mon camarade de mission, actuellement dans le coma, et toute l'affluence autour de moi. Sans même pouvoir le contrôler, ma respiration se fit plus vive, plus saccadée. Ce qui amena, à mesure que je peinai à respirer, la même quinte de toux qu'un peu plus tôt dans la journée. Ma main vint entourer ma bouche et je constatai que cette toux n'était pas aussi innocente que je le pensais quand une tache de sang teinta mes doigts. Je me rappelai alors les dires malfaisants du soldat.
"Je pense que tu as un poumon perforé, ça gène toujours un petit peu la parole."
Anxieuse et frappée par cette révélation, je réalisai immédiatement la dangerosité de ma position. Atanaelle avait dû me donner un anesthésiant ou un fort calmant, ce qui m'a empêché jusque-là d'avoir mal. Le cauchemar de cette nuit me traduisait seulement les cris d'alerte de mon corps. Mon dos courbé vers le sol était secoué par des soubresauts sanglants, cette fois je ne devais pas tomber dans les pommes.
Je ne voyais aucun gardien chargé des soins, probablement pris par le cas de Vincent, et je m'en voulus de devoir encore avoir besoin de leur attention. Il devait s'occuper de lui s'il y avait des chances qu'il y passe.
Arthur s'était éloigné de moi, surpris de mon brusque étouffement et il était parti à une vitesse fulgurante quand il avait aperçu le liquide écarlate coulant sur mes doigts. Après une longue minute, je perçus les cheveux bleues électriques de son chef de garde, se précipitant vers moi. Ce fut à son tour de me porter contre lui, laissant la chaise roulante qui n'avait finalement, aucunement servie. Je l'écoutais proférer des injures contre la terre entière, pas le moins du monde essoufflé par la course.
"Brule-moi le torse." Je réussis à articuler en pointant, tremblante, le haut de ma poitrine. Il me jeta un regard de travers, en même temps que de pousser les portes de son laboratoire. Il me déposa sur un canapé en satin et fouilla avec agilité les tiroirs de son antre pour trouver un remède magique. Il n'avait pas écouté mon indication alors je réitérai l'action, répétant la phrase en continu. Lentement, l'angoisse s'insinua en moi.
"Ezarel s'il te plaît..."
Je tournai tout doucement de l'œil, et l'elfe, devant ma persévérance, enflamma un petit morceau de bois à l'aide d'un bec bunsen. Je croisai son regard émeraude et il soupira lourdement avant de s'approcher.
"Si tu meurs avec ça, je te tue." Affirma le jeune chef de la garde Absynthe. Il arracha d'une main mon haut, ignorant totalement ma nudité et approcha la flamme de ma poitrine. D'un geste précis, il appuya sur le bas de ma clavicule. Mes yeux se révulsèrent avec violence et j'hurlai à plein poumon ma douleur.
Un mal pour un bien je dirais.
Devant son hésitation, je lui criai de continuer sur tout le côté gauche de ma poitrine, l'emplacement en réalité de mon poumon meurtri. Il fut surpris de voir l'absence de brulures ou de divers dommages sur ma peau, juste son embrasement. Comme une partie de mon être, la flamme se faisait engloutir allègrement sous mon épiderme. Un spectacle plutôt imprévisible.
Lorsque le feu disparut totalement, je pus respirer un grand coup et sentir l'odeur des différentes plantes du laboratoire. Je me tournai progressivement vers l'elfe à mes côtés et lui offris un sourire maladroit face à son air ébahi.
"Je peux tout t'expliquer." Entamai-je, en me redressant. Les cris aigus de Arthur resonnèrent néanmoins dans les couloirs, devenant bien plus fort à mesure qu'il s'approchait. Ses pas lourds se stoppèrent quand il entra dans la pièce dans un grand fracas.
A tour de rôle, ses yeux jonglèrent entre son chef encore sous le choc et moi, à moitié nue. Il plaqua ses mains contre sa bouche et nous pointa du doigt, prude.
"Pourquoi t'es nue toi ? Vous tentiez de faire quoi au juste ?!" Le blond aux lunettes masqua ses yeux et j'étouffai un rire face à la situation burlesque.
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𝑨𝒓𝒆𝒔. [Eldarya]
Paranormal"𝑇𝑎𝑙𝑖𝑎, 𝑟𝑜𝑠𝑒́𝑒 𝑑𝑒 𝐷𝑖𝑒𝑢." Tout était froid. Contre l'essence même de mon corps, de ma race, et de mes pouvoirs. Irradier leur amour pour le faire entrer dans mes os et dans mon esprit, tel était l'exutoire. La majorité des person...