➹ chapitre 2

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Le palais d'Écrin était en effervescence. Le bal des trésors était un évènement très important et pour lequel tout devait être au point. Les préparatifs avaient déjà débuté trois jours auparavant ; jour et nuit des domestiques se hâtaient dans tous les sens afin que la réception soit parfaite et se déroule sans encombre. L'immense salle de banquet avait été nettoyée de fond en comble, comme tout le reste de la bâtisse royale, et de belles décorations avaient été installées un peu partout. Des lanternes rouges formaient une allée qui menait à la salle du trône, endroit où chaque convive avait pour obligation de passer avant de rejoindre la réception. Il fallait saluer le souverain, c'était une façon de le remercier pour son invitation et sa bonté. Minho n'était pas forcément friand de cette coutume qu'étaient les salutations, mais il ne pouvait s'y soustraire. Il était peut-être le roi, mais il n'allait pas balayer tous les usages mis en place par ses ancêtres.

Le bal des trésors avait été instauré depuis des centaines d'années, il récompensait les âmes les plus pures, les plus dévouées. Il était bien vu de s'entourer de jeunes gens, de les faire venir à la cour afin qu'ils servent le roi ainsi que les nobles qui vivaient au palais. Minho assistait à cette soirée depuis qu'il était adolescent, mais il n'avait eu le droit de choisir des trésors que lorsqu'il était monté sur le trône après la mort de son père. Avant cela, c'était ce dernier qui prenait les décisions, qui choisissait qui pouvait entrer à son service. Il avait d'ailleurs eu deux concubines issues de ces bals, deux femmes qui désormais servaient à la cour et que Minho considérait un peu comme ses mères de substitution. Même si elles ne pourraient jamais remplacer celle qui l'avait mis au monde, il avait longtemps trouvé du réconfort auprès d'elles. Elles étaient toutes les deux filles de hauts gradés de l'armée et avaient très bien été acceptées par le peuple et les conseillers. Jamais Lee Shin III aurait pris une roturière pour concubine, c'était une des règles qu'il s'était fixées.

Minho n'avait toujours pas trouvé un seul trésor qui lui convenait. Il avait déjà arrêté son choix sur quelques-uns et les avait amenés à sa suite, mais au final, il les avait congédiés. Il était difficile et il se reposait beaucoup sur l'avis de Felix. Ses conseils étaient importants à ses yeux, et s'il n'aimait pas un des trésors qu'il avait choisi, Minho préférait couper court et le renvoyer avec les autres pour qu'il serve les nobles de la cour. Mais aujourd'hui, il avait réellement envie de trouver quelqu'un pour le servir, pour le suivre, avec qui il pourrait parler, discuter de tout et de rien, s'évader un peu. Peut-être pourrait-il trouver un jeune homme charmant, pas forcément instruit ça lui était égal, mais avec lequel il pourrait juste penser à autre chose qu'à ses obligations de souverain. Felix l'avait beaucoup aidé, mais il était étroitement lié à son règne.

Installé face à la fenêtre qui donnait sur ses jardins privés, Minho restait droit, les bras tendus de chaque côté tandis que couturiers et couturières apportaient les dernières retouches à sa tenue. Il ne tenait plus en place, l'adrénaline ne faisait qu'accroître d'heure en heure. Il avait hâte de rencontrer les nouveaux prétendants, de les observer de loin, de les analyser et de repérer lesquels feraient les meilleurs trésors. Il n'avait jamais eu d'exigences particulières, il y allait à l'instinct. Il était tout naturellement attiré par les hommes, mais il mettait un point d'honneur à ce que son choix soit le plus homogène possible. Il savait repérer les belles jeunes filles, celles qui souriaient, celles qui plaisaient.

— Est-ce bientôt terminé ? soupira-t-il après de longues minutes resté debout.

— Oui Majesté, encore quelques reprises et vous serez prêt.

Il souffla une énième fois. Il n'appréciait pas vraiment toutes ces fioritures, toutes ces couches de vêtements qu'il devait endurer pour paraître le plus beau et le plus puissant de tous. Il avait opté pour une tenue qui avait appartenu à son père, juste après qu'il soit devenu roi, et les couturiers royaux l'avaient modifiée pour qu'elle lui convienne davantage. Elle était composée d'une sous robe blanche croisée en cache-cœur avec, par-dessus, une autre pièce rouge en taffetas de soie qui réhaussait son teint hâlé. Les manches évasées cachaient ses mains décorées de bagues. Sa taille, plutôt fine, était accentuée par une large ceinture noire brodée de fleurs en fil doré. L'ensemble était agrémenté d'une longue veste qui balayait le sol. Dans cet accoutrement, Minho se sentait tout de même fier. Il se sentait bien, il se sentait beau. Désirable. Et ce malgré le fait qu'elle soit terriblement inconfortable. Il n'aimait pas porter ces habits somptueux, et en même temps il en tirait une certaine satisfaction.

UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant