UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsung

➹ chapitre 17

La cérémonie avait été une réussite, les Trésors de la cour en avaient fait maints éloges auprès de Yoko. Elle était fière de cet événement, fière d'avoir pu y assister et d'y voir Jisung se lier à Minho.

Le lendemain matin, lorsque le soleil commença à baigner le palais de ses doux rayons, elle s'approcha à pas de loup de la chambre de son petit protégé. Elle n'avait pas manqué de trouver leurs chaussures à l'entrée, sens dessus dessous, comme s'ils avaient dû les enlever dans la précipitation. Elle sourit, satisfaite de constater que le roi avait passé la nuit là, avec son Trésor. Il n'en était pas obligé, tout ce qu'ils devaient faire était de coucher ensemble, mais cela la confortait dans l'idée que quelque chose de spécial se passait entre eux.

Le père de Minho avait bien eu deux Trésors, deux femmes qui étaient devenues ses concubines, mais jamais il n'aurait passé la nuit avec elles jusqu'au petit matin. Il prenait ce qui lui était dû et s'en allait. Mais Yoko savait que Minho n'était pas comme lui. Surtout pas avec Jisung. À ses yeux, le jeune Trésor était plus que cela, il était précieux. Elle ne put réfréner un autre sourire lorsqu'elle replaça correctement leurs chaussures sur le côté. Ils n'avaient même pas pris le temps de s'en inquiéter, quitte à ce que la pluie qui s'était déchaînée toute la nuit puisse les atteindre. Prête à faire demi-tour pour revenir plus tard, elle fut prise par surprise lorsque la porte s'ouvrit.

Elle se figea un instant. Minho venait de sortir, les cheveux détachés et en bataille, seulement vêtu de la première couche qui composait sa tenue de cérémonie, une longue robe blanche au col cache-cœur qu'il avait brièvement serrée à la taille. Elle s'inclina devant lui, il émit un grognement rauque.

— Bonjour, Majesté.

— Hm, bonjour Yoko, marmonna-t-il tandis qu'il fit craquer ses cervicales. La pluie a enfin cessé.

Elle acquiesça et Minho avança jusqu'à la balustrade sur laquelle il s'appuya. Il leva les yeux vers le grand chêne et laissa sa mélodie se mêler aux chants des oiseaux. La tempête de la veille allait sans doute laisser place à une journée chaude et humide.

— Je me suis permis de déplacer vos chaussures. Malheureusement, elles sont trempées.

— Merci bien. J'avoue que nous n'avons pas fait très attention à ce détail hier.

Il ponctua sa phrase d'un léger rire, Yoko en fit tout autant. Elle vint le rejoindre, se positionna à côté, puis leva la tête pour le contempler. Il y avait, dans son expression, quelque chose de serein. De bien plus paisible. Minho avait changé et, encore une fois, pour le meilleur. Il avait toujours été un jeune homme très bon, qui se montrait fort et inébranlable. On lui avait appris à ne jamais exposer ses faiblesses pour ne pas laisser quiconque s'insinuer dans une faille. Mais Yoko savait ô combien il en avait, et ô combien elles étaient profondes. Cependant, ce matin, elle avait l'impression qu'il était véritablement quiet pour la toute première fois. Qu'il s'autorisait enfin à être l'humain qu'il était et qu'il dissimulait aux yeux des autres. Elle voyait Lee Minho, le vrai, celui qu'elle avait pu croiser lorsqu'il n'était qu'un enfant ou un adolescent terrifié. Mais en ce jour, elle ne percevait plus la peur dans son regard, seulement l'étincelle d'un renouveau.

— Vous voir heureux me fait grandement plaisir.

Minho se tourna vers la femme, ses lèvres se fendirent.

— Je n'avais pas ressenti cela depuis si longtemps.

— Tout le monde a été ravi de votre banquet. Les Trésors que j'ai pu croiser hier ou ce matin au réveil sont unanimes.

— Vous m'en voyez d'autant plus satisfait. J'aimerais que tout le monde puisse penser de la même manière.

Il inspira et expira lentement.