➹ chapitre 7

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La journée était bien entamée, le palais d'Écrin était animé. Jisung s'activait dans tous les sens depuis l'aube, et il avait hâte de pouvoir retrouver son lit douillet. Il avait élu domicile dans les quartiers du souverain depuis quelques jours, et il ne pensait pas que son rôle serait si épuisant. Il courait partout, dès le lever du soleil et jusqu'à ce que la lune le remplace. Les aller-retour du roi rythmaient son emploi du temps. Le matin, ses camarades et lui devaient se rendre dans sa chambre afin de le réveiller et de lui apporter de quoi se sustenter. Ils prenaient soin de lui, s'assuraient qu'il ne manquait de rien. Ils étaient surtout là pour le complimenter, lui tenir compagnie lorsqu'il prenait le temps de se prélasser dans les jardins. Ils prenaient le thé ensemble ; Seokhwa parlait de son père et de ses exploits, Yongha se faisait un peu plus humble en essayant de distraire Minho avec des contrepèteries. Il était bien moins doué en flatterie que son acolyte, mais il avait au moins le mérite d'être drôle. Quant à Jisung, il n'avait qu'à planter son regard dans celui de Minho pour l'emporter ailleurs. Et c'était parfois éreintant que de devoir constamment l'éviter pour ne pas s'attirer les foudres des deux autres Trésors. Il n'aimait pas être le centre d'attention, surtout lorsqu'il ne se trouvait pas seul avec Minho.

Seokhwa et Yongha n'appréciaient pas qu'il le fixe avec insistance, et la jalousie leur faisait rapidement perdre pied. Jisung ne comptait pas le nombre de remarques qu'ils lui avaient faites, sur son physique, sur son rang. Mais ils n'étaient pas les seuls à être réfractaires à ces instants où toute l'attention du souverain était portée sur un jeune homme comme lui.

Felix, le Petit Frère du roi, ne cessait de le scruter avec dédain. Peut-être même avec un certain dégoût. Il n'aimait pas sa présence, Jisung l'avait parfaitement deviné, et il se sentait de plus en plus mal à l'aise lorsqu'il était dans les parages. Et il y était souvent. Il était le bras droit de Minho, son plus fidèle ami, et il trainait souvent dans ses quartiers. Jisung se demandait même s'il n'avait pas lui-même une chambre à côté.

Mais aujourd'hui, il n'avait pas eu le temps de se torturer l'esprit avec des questions. Il devait se rendre dans la chambre royale afin de changer les draps et d'allumer quelques bougies aux senteurs florales. Minho aurait sans doute envie de se détendre après une journée aussi mouvementée. Chaque semaine, le même jour, il recevait des sujets afin d'entendre leurs doléances. C'était un évènement très spécial à la capitale. La grande porte principale s'ouvrait pour permettre aux habitants d'entrer et de rencontrer leur souverain. Certains venaient de loin. Tous n'y avaient pas droit, les chanceux étaient triés sur le volet par Minho et ses conseillers lors de réunions prévues à cet effet. Ils analysaient les demandes, jugeaient lesquelles étaient les plus importantes, puis un messager s'assurait de faire parvenir une missive aux heureux élus.

Jisung lâcha un soupir quand il referma la grande porte-fenêtre de la chambre qui donnait accès à une immense terrasse en bois sur pilotis. Il fit craquer ses cervicales, il ne se souvenait pas avoir eu aussi mal depuis longtemps. Il avait travaillé des années aux écuries, il aurait dû être rodé. Il ne comprenait pas pourquoi son corps lui en faisait autant baver. Son esprit n'était pas dans un meilleur état. Il ne cessait de rêver de Minho, encore et encore, jusqu'à, parfois, ne plus être en mesure de discerner les songes de la réalité. Il n'avait pas pu à nouveau en discuter avec le roi, il était trop occupé et, quand il avait un peu de temps pour se reposer, Seokhwa et Yongha étaient toujours présents. Jisung ne s'était plus retrouvé seul avec lui depuis ce fameux jour où leurs mains s'étaient effleurées. Sauf dans ses rêves. Il écarquilla les yeux, un sourire naquit sur son visage. Et s'il tentait de communiquer avec lui par cet intermédiaire ? Ils voyaient ce que l'autre voyait, ils se retrouvaient dans ces étranges visions, ça ne lui coûtait rien de tenter quelque chose.

Tout guilleret, il se retourna et tomba nez à nez avec ses deux acolytes. Ils l'observaient, les sourcils froncés et les bras croisés.

— Pourquoi as-tu l'air si heureux ? demanda Seokhwa, les lèvres pincées.

UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant