Minho s'était de nouveau endormi dans les bras de Jisung, jusqu'à ce que des domestiques pénètrent dans ses appartements. Il devait se préparer pour le festival des roses bleues qui avait lieu ce jour, et il n'avait pas de temps pour remuer d'autres souvenirs douloureux.
Avec l'aide de son Trésor, il s'était apaisé, même si ce cauchemar sordide l'avait secoué à tel point qu'il en tremblait encore et qu'il peinait à tenir sur ses jambes. Il laissa les couturiers et les servantes défiler dans ses quartiers, sans leur adresser un mot ou un regard. Il restait fuyant, détaché de la réalité, comme s'il ne parvenait pas à revenir totalement dans le présent. Pourtant, son esprit était vide, éreinté, même s'il avait envie de profiter de cette journée encore plus que les années précédentes.
Debout devant le grand miroir de sa chambre, il contempla son reflet tandis qu'une jeune femme arrangeait sa coiffure. Elle s'attelait à orner sa chevelure de rubans bleus et de perles d'or, tandis que Minho ne se détournait pas de ce qu'il avait en face de lui. Il ne voyait pas un roi, il voyait un enfant brisé et épuisé. Des cernes grisâtres soulignaient ses yeux et tout le maquillage du monde n'aurait pu les dissimuler. Son expression n'était pas enjouée, bien au contraire. Ses sourcils affaissés, ses lèvres avachies, son teint blafard, son regard absent. Qui était-il devenu aujourd'hui ? Il n'en savait rien. Il ne se reconnaissait plus.
Depuis qu'il avait instauré le festival des roses bleues pour célébrer l'anniversaire de sa mère, il ne s'était jamais senti aussi mal. Il avait toujours tout fait pour sourire et pour être jovial en ce jour si spécial, car il savait que c'était ce qu'elle aurait voulu. Elle aimait le voir sourire, elle aimait contempler les étincelles de joie dans ses yeux noisette, elle aimait l'entendre rire aux éclats. Que restait-il de cette allégresse désormais ?
Minho soupira et ferma les yeux un court instant. La première image qui apparut fut celle de Jisung, et il ne put réfréner un petit rictus. Le jeune homme était à ses côtés, et il lui avait juré d'être toujours là pour lui. Il lui faisait confiance, tout naturellement, et il lui aurait confié sa vie. Il savait qu'il serait présent pour le protéger, qu'il ne l'abandonnerait pas et qu'il affronterait tous les obstacles pour lui. Il ignorait pourquoi leurs chemins s'étaient croisés, il ignorait comment ils avaient pu se retrouver, mais il était rassuré de l'avoir près de lui. Il était comme une vieille connaissance, et ce lien qui les unissait ne faisait que se renforcer de jour en jour.
— Vous êtes sublime Majesté.
Il rouvrit les yeux et, à ce moment-là, il plongea dans son propre regard. Il avait changé. Il n'était plus aussi triste. Il n'était plus aussi vulnérable. L'enfant cassé n'était plus. Il voyait à nouveau l'homme qu'il était, le souverain d'Askaria, celui qui avait promis d'offrir au peuple le roi qu'il méritait. Celui qu'il attendait vraiment. Il ne serait jamais comme son père, il ne deviendrait jamais l'homme odieux et égoïste qu'il avait été. Et quand il se voyait ainsi, dans ces beaux vêtements d'un bleu safre, il savait qu'il avait réussi. Il avait accompli de grandes et belles choses, pas seulement pour devenir riche et gagner en puissance, mais aussi pour être un être humain décent, un bon souverain pour son peuple. Même s'il avait conscience qu'il devait bien souvent mettre ses états d'âme de côté, il n'en restait pas moins sensible au sort de chacun, au sort des plus faibles et de ceux qui n'avaient pas eu la chance de naître avec un grand nom. Il le faisait parce qu'il aimait son prochain, comme l'Arbre Sacré avait aimé toutes les choses qu'il avait créées. Il devait être comme lui. S'il ne le faisait pas, sa vie serait aspirée, réduite à néant, et il retournerait à la poussière.
Il avait toujours tenu bon dans cette voie, même s'il avait souvent eu envie que sa vie ne s'arrête brusquement, que la mort l'emporte avec elle dans les abysses. Mais il le faisait pour un avenir meilleur, pour honorer la mémoire de sa mère. Il était son seul et unique enfant, le seul qui n'avait pas péri quelques heures après sa naissance, le seul qui n'était pas un monstre. Il avait fini par se convaincre que la vie en avait décidé ainsi, et qu'il devait respecter son choix.
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UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsung
FanfictionÀ vingt-cinq ans, Lee Minho a tout. Souverain d'Askaria, royaume le plus puissant, il veille à ce que son règne soit meilleur que celui de son père. En tant que digne descendant des Lee, il s'évertue de protéger l'Arbre sacré des dangers extérieurs...