➹ chapitre 22

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Le soleil au zénith indiquait que la journée entrait dans sa deuxième moitié, et qu'il était temps de passer à table pour certains. Le souverain s'était finalement décidé au dernier instant : il avait envie d'emmener Jisung en ville et de lui faire découvrir des mets délicieux, dans un lieu prisé par les nobles gens d'Écrin. Un lieu dans lequel le jeune homme n'aurait jamais pu espérer se rendre un jour s'il était resté simple palefrenier aux écuries royales.

Ils s'étaient donc vêtus en conséquence, de manière sobre mais toujours apprêtée. Ils se feraient remarquer, ils n'en avaient aucun doute avec la horde de soldats qui allaient les escorter et leurs tenues élégantes et soignées. Mais Minho tenait à son image de souverain auprès du peuple. Même s'il souhaitait avoir une certaine tranquillité durant son déplacement, il ne pouvait pas totalement mettre de côté ses attributs de roi. Il avait un visage reconnaissable — et reconnu —, peu importe les subterfuges il se ferait rapidement démasquer.

Jisung sortit de sa chambre, accompagné de Yoko qui s'empressa de replacer le col croisé de son vêtement. Elle resserra sa large ceinture et fronça les sourcils lorsqu'elle constata qu'elle ne pouvait pas le faire davantage.

— Tu as pris en largeur ? s'étonna-t-elle.

Le jeune homme acquiesça, plutôt fier de ce corps qui commençait à prendre de l'ampleur. Rien de comparable à son arrivée, il était désormais plus robuste qu'avant.

— Les entrainements avec Monsieur Hoseok.

Yoko hocha la tête, impressionnée, un mince sourire fendant ses lèvres.

— J'espère qu'il te traite correctement et qu'il ne t'en demande pas trop.

— Pas plus que je ne peux le supporter.

Elle lui tapota l'épaule d'un geste tendre et maternel. Jisung la remercia de s'être occupée de lui avant son départ pour la ville. Elle avait réussi à le rassurer, à faire passer ses appréhensions. Retrouver l'extérieur du palais était fort étrange. Il n'avait pas remis les pieds dans son habitat naturel depuis des semaines, depuis des mois. Les journées avaient passé, les nuits s'étaient écoulées, sans qu'il ne puisse voir la ville s'éveiller ou se coucher, sans qu'il ne puisse entendre les habitants cancaner ou même son patron le disputer lorsqu'il n'allait pas assez vite à son goût. Il mentirait s'il disait préférer son ancienne vie, il chérissait plus que tout son quotidien au palais d'Écrin en compagnie de Minho. Mais parfois, il se sentait empli d'une nostalgie singulière qui lui rappelait qu'il appartenait à un autre monde, un monde qui le rapprochait de celle qui l'avait élevé dans l'amour.

Sa mère lui manquait terriblement. Mais il savait qu'elle vivait en lui, qu'il n'oublierait jamais qui elle était. Il était quelques fois soucieux ; il craignait d'oublier son visage, d'oublier sa voix, de ne plus être en mesure de se souvenir de qui elle était. Il porta les doigts à son cou et, avec délicatesse, il effleura la chaîne qui plongeait dans son habit.

— Tu es très beau.

Jisunt sortit de sa rêverie et cligna des yeux face au compliment que Yoko venait de lui faire. Il la fixa, un peu perdu, et il vit en elle cette aura maternelle qu'il cherchait tant. Il ne la comparait pas à sa mère, mais elle avait des similitudes avec cette dernière. Il appréciait de l'avoir auprès de lui, elle l'apaisait et avait toujours une parole agréable à son égard.

— Merci… marmonna-t-il en baissant la tête.

Aussitôt, Yoko passa l'index sous son menton afin qu'il se redresse. Elle lui adressa un tendre sourire, ce sourire si réconfortant qu'elle arborait lorsque leurs regards se croisaient. Il avait le don de le rendre fébrile, si bien qu'il aurait pu en pleurer. Cette femme était le véritable trésor de ce palais à ses yeux, une personne à la présence inestimable qui l'avait aidé et soutenu, qui lui avait montré qu'il n'était pas qu'un simple roturier sans intérêt. Elle avait, au même titre que Minho, contribué à son bien-être et à son épanouissement. Et pour cela, elle soulevait en lui bien des émotions. Il avait la sensation d'y être lié, pas tout à fait comme il était lié au souverain, mais il avait envie de la prendre sous son aile bien qu'elle fut celle qui le protégeait depuis son arrivée.

UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant