UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsung

➹ chapitre 24

La cohue au sein du palais d'Écrin ne s'était pas atténuée depuis le levé du jour. Tout se devait d'être impeccable pour l'arrivée imminente du roi Park Sungjin qui, selon les dires de Felix, venait de pénétrer dans l'enceinte de la capitale. Escortés par de nombreux soldats, les voitures des plus grands de Kredal traversaient les rues et attiraient tous les regards des habitants. Minho n'en attendait pas moins de son allié, toujours prêt à se montrer et à étaler son pouvoir et ses richesses. Il comprenait pourquoi son père ne l'avait jamais trop apprécié malgré leur alliance. C'était un homme qui pouvait agacer de par son attitude désinvolte et parfois hautaine. Minho se souvenait de quelques dîners en sa présence et, même s'il était encore très jeune à cette époque, il n'avait pas forcément eu une bonne impression sur sa personne.

Cependant, il devait bien admettre que l'avoir de son côté était mieux que de l'avoir contre lui. Après tout, Kredal était le deuxième pays le plus puissant d'Asketrae, et son armée était réputée pour être redoutable. Il n'avait aucune envie de se frotter à eux, bien qu'il ait une confiance aveugle en ses généraux et ses soldats. Alors il ferait ce qu'il savait faire de mieux : sourire et jouer ce rôle un peu ingrat, mais qu'il avait accepté d'endosser quoi qu'il lui en coûte. Il espérait réussir à se montrer sous son meilleur jour.

En haut des marches qui menaient à la salle du trône, Minho contemplait l'immense cour devant lui, là où l'imposante porte principale du palais s'ouvrirait d'une minute à l'autre. De chaque côté de l'allée, des membres de l'armée d'Askaria se tenaient bien droits, portant à bout de bras l'étendard du pays décoré d'un arbre aux courbes élégantes. Minho était fier de la mise en place travaillée dont tout le monde avait fait preuve. Rien n'était laissé au hasard et ce soir, il était persuadé que le roi de Kredal en aurait plein les yeux. Le dîner s'annonçait riche en mets d'excellence et en divertissements. Les Trésors de la cour étaient conviés à la partie la plus festive de leur rencontre pour les distraire et les faire boire, pour les charmer. Il fallait bien user de ses atouts pour éblouir un homme comme Park Sungjin. Il n'était pas question de lui mentir ou d'enjoliver la réalité, juste de le convaincre de faire certaines actions auxquelles il était sans doute réfractaire. Envoyer des escouades pour protéger les routes n'était pas sa priorité, mais Minho ne voulait pas être le seul à faire des efforts dans cette histoire. Le commerce se faisait des deux côtés, ils seraient tous les deux gagnants à œuvrer main dans la main.

La porte principale s'ouvrit dans un vacarme assourdissant et l'entrée du convoi royal se fit sous les éclats tapageurs des tambours. Minho sentait les percussions dans sa poitrine, sa respiration s'accéléra. Il inspira à pleins poumons et garda le torse bombé, les yeux fixés droit devant. À ses côtés se tenaient Felix et quelques membres du gouvernement, prêts à accueillir les invités.

- Tout va bien, Majesté ?

Minho hocha juste la tête pour répondre à son fidèle bras droit. Pas un mot. Pas un regard. Il demeurait immobile, jusqu'à ce qu'il aperçut la première voiture avancer dans la cour, tirée par quatre chevaux d'un noir profond et à la musculature développée. Le véhicule s'arrêta et la porte s'ouvrit. Park Sungjin fut le premier à en descendre, aidé d'un soldat qui s'était précipité à sa rencontre. Il frotta son vêtement d'un revers de la main et releva la tête, le menton bien droit malgré sa posture un peu courbée à cause de l'âge. Il n'était plus tout jeune, la vie ne l'avait pas épargnée, et Minho s'en trouva même surpris de le voir encore debout. Cheveux blancs comme la neige, visage creusé et marqué par le temps, démarche lourde et lente. À l'enterrement du précédent roi d'Askaria, il était déjà diminué, et ça n'allait pas en s'arrangeant. Cependant, il ne semblait pas encore enclin à laisser son fils prendre place sur le trône.

Un homme grand et aux cheveux bruns coiffés vers l'arrière le suivit. Minho en déduisit qu'il s'agissait du prince, aîné de la fratrie et héritier de Kredal.