➹ chapitre 27

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La fête touchait à sa fin et les invités commençaient à quitter le palais d'Écrin un à un. Minho était assis à côté de son épouse, impatient de voir la salle de banquet se vider. Les musiciens jouaient toujours, mais leur musique s'était adoucie et ralentie. Les Trésors qui avaient été invités à divertir les convives étaient partis, et les domestiques commençaient à ranger la salle. Un verre de liqueur en main, Minho ferma les yeux avant de le boire d'une traite. Il avait bu très peu ce soir-là, il ne voulait pas être dans un état second lorsqu'il retrouverait Jisung. Il voulait être pleinement conscient de tout : la chaleur de sa peau, ses lèvres sur son corps, ses mains parcourant ses cheveux. Il voulait que cette nuit reste gravée dans sa mémoire pour toujours, profiter de chaque instant comme si c'était le dernier. Il avait hâte de se glisser dans les draps avec Jisung et de le serrer contre lui de toutes ses forces.

Il soupira lourdement et pencha la tête en arrière. Tout d'abord, il devait quitter la salle de banquet et éviter son devoir conjugal. Rien que d'y penser, son corps se tendit tout entier. Il était incapable d'accepter cette situation. Il ne pouvait pas se résoudre à consommer son mariage en couchant avec une femme, quelle qu'elle soit. Il se sentait pris au piège dans un épais brouillard qui l'empêchait de trouver une solution. Bientôt, il serait dans ses appartements, dans sa chambre, avec sa reine, et il avait peur de perdre ses moyens. Il craignait que les démons du passé ne ressurgissent, ceux-là même qui l'avaient tourmenté à maintes reprises dans ses rêves. Il redoutait de voir ces images sordides revenir le hanter, les cicatrices de son passé étaient encore trop vives. Jisung avait été là pour guérir ses blessures, pour prendre soin de toutes ses cicatrices, qu'elles soient physiques ou mentales. Il ne pouvait pas se résoudre à rouvrir toutes ces blessures à nouveau, cela le laisserait à jamais meurtri. Il se leva et s'excusa auprès de sa femme qui acquiesça simplement avant de reprendre la conversation avec sa suivante.

Minho parcourut la salle et en profita pour saluer les convives qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer, perdus dans la foule dense. Ses yeux tombèrent sur les souverains de Salilune, en pleine discussion avec Felix, et il frissonna lorsque son regard croisa celui de la princesse Lucinda. Cette dernière dégageait une douceur solaire avec ses longs cheveux roux ondulés et son sourire sincère. Elle suscitait en Minho une sensation familière de bien-être qui éveillait tous ses sens. Il déglutit et secoua la tête pour se reprendre, conscient qu'il ne pouvait se permettre de flancher à ce moment-là. Il se dirigea vers les cuisines et s'assura que personne ne le remarquait avant de s'engager dans le long couloir, déterminé à retrouver la personne qu'il cherchait. Il se déplaça sur le côté pour éviter plusieurs domestiques qui arrivaient en rang avec des plateaux d'argent pour retourner à la salle de banquet.

- Majesté ?

Il sursauta d'un bond, une main sur son cœur, comme s'il venait d'être pris sur le fait. Il souffla de soulagement et se détendit quand il constata qu'il s'agissait de Yoko. Elle gérait les festivités d'une main de maître, mais il n'était pas simplement venu pour la féliciter.

- Je peux vous aider ? demanda-t-elle suite à son manque de réactivité.

- Oui, je...

Minho marqua une pause et s'humidifia les lèvres tout en observant les alentours. Yoko fronça les sourcils.

- Y a-t-il un quelconque souci, Majesté ?

Il acquiesça, l'air grave, puis il lui adressa un signe de tête afin de l'inciter à le suivre dans une autre pièce. Yoko obtempéra. Ils avancèrent un peu plus loin dans le corridor et s'enfermèrent dans un endroit inutilisé pour l'occasion. Une fois seuls, Minho se mit à faire les cent pas, plongé dans ses pensées. Il avait essayé de faire face à ses problèmes seul, mais il savait maintenant qu'il avait besoin d'un allié. Il faisait confiance à Yoko, l'une des rares femmes qui ne l'intimidait pas. Elle était pour lui comme une mère, et il était convaincu qu'elle était capable de le protéger. Il s'arrêta et la fixa, elle eut un petit mouvement de recul.

UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant