➹ chapitre 28

625 78 12
                                    

Ce matin, Minho avait décidé de quitter la chambre en toute hâte. Il n'avait aucune envie de se mêler aux domestiques dès la première heure du jour, ni de subir la visite de Park Sungjin dans ses appartements. Comme le voulait la tradition, les parents de la nouvelle épouse venaient vérifier si le drap avait été taché de sang suite à la nuit de noces. Mais Minho n'était pas intéressé par cet événement et préférait s'en éloigner au plus vite. Il se sentait encore coupable, bien qu'il ne regrettait absolument pas la nuit magique qu'il avait passée avec Jisung. Ils s'étaient aimés sans retenue, avec ferveur et passion, jusqu'à ce qu'il soit obligé de retourner dans ses appartements pour se glisser dans son lit. Cependant, il avait encore et toujours la désagréable sensation qu'une ombre planait au-dessus de lui. Au-dessus d'eux.

Il posa les mains sur la balustrade et observa la cour. Le feuillage de l'Arbre sacré virevoltait au gré du vent qui emportait avec lui la douce et enivrante mélodie. Minho ferma les yeux et inspira à pleins poumons l'air frais. Il savait que bientôt une domestique viendrait le chercher pour le convier au petit déjeuner avec son épouse. Mais il aurait aimé pouvoir y échapper, comme il aurait aimé échapper à cette union. Cependant, il ne pouvait se permettre d'offenser la jeune femme avec Park Sungjin qui rôdait toujours dans les parages. Il valait mieux ne pas faire de vague, ils avaient encore beaucoup de travail pour mettre en place leur alliance et œuvrer ensemble vers leurs objectifs communs.

Il rouvrit les yeux lorsqu'il entendit un bruit sourd plus loin. Son cœur s'emballa, Jisung venait de quitter sa chambre et il ne l'avait même pas remarqué. Il était encore tôt, le soleil venait à peine de se lever et pourtant, le jeune homme était déjà debout. Minho en fut étonné. Avec la nuit qu'ils avaient passée, il lui avait dit de rester couché, de prendre son temps. Il avait conscience de lui en avoir beaucoup demandé durant leurs ébats, alors il voulait qu'il se ménage. Pourquoi Jisung était-il sur le qui-vive ? Il aurait pu profiter et se prélasser dans son lit, Minho avait même pris soin de faire annuler tous ses cours du jour.

— Jisung ? l'interpella-t-il de sa position.

Le jeune Trésor s'arrêta net et se tourna brusquement vers lui. Leurs regards se fixèrent intensément, comme s'ils ne pouvaient se défaire l'un de l'autre. Minho déglutit, sa respiration devint plus rapide et saccadée. Il ressentait un besoin irrépressible de retrouver son amant, de l'étreindre et de l'embrasser. Il avait besoin de sa présence plus que de celle de n'importe qui d'autre.

— Que fais-tu là si tôt ?

Jisung détourna le regard.

— J'ai à faire, Majesté.

Minho fronça les sourcils, sachant que Jisung n'avait aucune obligation. Il prit une grande inspiration et décida de rejoindre le jeune homme. Celui-ci attendait devant la porte de sa chambre, paralysé et hypnotisé par la démarche hâtive et déterminée du souverain. Minho arriva à son niveau en un rien de temps et le toisa de sa hauteur.

— Qu'as-tu donc à faire ? Ne t'ai-je pas dit de rester couché ?

Jisung acquiesça sans même oser le regarder dans les yeux. Minho pouvait ressentir à quel point le jeune homme allait mal. Il pouvait ressentir une peine si grande qu'elle pouvait lui briser le cœur. Jamais auparavant il n'avait éprouvé un tel sentiment de détresse en lui. Jisung avait toujours été souriant et rayonnant à ses côtés, et cette nuit il avait brillé de mille feux. Alors pourquoi semblait-il aussi éteint ce matin ?

— Je… Je vais m'entrainer.

— Jisung, ce n'est pas raisonnable.

— Majesté, dit-il avec fermeté.

Minho eut un mouvement de recul face au ton que son Trésor venait d'employer. Il ne l'avait jamais vu ainsi, et son comportement inhabituel commençait à sérieusement l'inquiéter. Il ne le reconnaissait plus, et il avait peur que quelque chose ait changé entre eux. Soudain, un vent glacial s'abattit sur son cœur pour le cristalliser de douleur. Il porta une main contre sa poitrine et serra avec fermeté son vêtement. Une peur incontrôlable s'empara de lui, la peur d'être rejeté, abandonné. Il ne supporterait pas de perdre celui qu'il aimait plus que tout en ce monde. Il renifla et une larme roula le long de sa joue pour s'écraser sur le sol en bois.

UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant